Le magazine des idées
N° 67
March 2018

Pierre-Joseph Proudhon

Maurras, qui ne l’aimait guère, le qualifiait de « rustre héroïque », Edouard Berth voyait en lui « un des plus grands moralistes que la France ait produits », Bakounine et Courbet furent ses amis. Sainte-Beuve le considérait comme le plus grand prosateur de son temps. Jacques Julliard affirme aujourd’hui qu’il fut « plus grand que Marx, parce que son anthropologie est fondée sur la réciprocité .

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Description

Au sommaire
• Proudhon, un penseur localiste (Thibault Isabel)
• Proudhon, héraut et philosophe du peuple (Chantal Gaillard)
• Du principe fédératif (Pierre-Joseph Proudhon)
• Fédéralisme et étatisme dans le système politique de Proudhon (Fawzia Tobgui)
• Les conceptions politiques de Proudhon (Jacques Langlois)
• Proudhon libéral ? (René Berthier)
• Proudhon et Courbet (Jean-François Gautier)
• Proudhon en Amérique latine (Michel Lhomme)
• Bibliographie de Pierre-Joseph Proudhon (Alain de Benoist)

Et aussi…
• Histoire et politique à la lumière de l’Éternel Retour (Philippe Ducat)
• Utopie et action historique (Panajotis Kondylis)
• Du syllogisme paradoxal (Alexandre Bellas)
• Génétique des Indo-Européens (Jean Manco)
• Alain de Benoist, L’écriture runique : recension (Jean Haudry)

 

Maurras, qui ne l’aimait guère, le qualifiait de « rustre héroïque », Edouard Berth voyait en lui « un des plus grands moralistes que la France ait produits », Bakounine et Courbet furent ses amis. Sainte-Beuve le considérait comme le plus grand prosateur de son temps. Jacques Julliard affirme aujourd’hui qu’il fut « plus grand que Marx, parce que son anthropologie est fondée sur la réciprocité »

On a beaucoup glosé sur ses « contradictions », dont on a exagéré l’importance. Proudhon a certes évolué au cours de sa vie, comme tout un chacun, mais les lignes de force apparaissent rapidement. Proudhon est un philosophe de la liberté. Il ne la conçoit pas de façon abstraite, ni comme prétexte à vouloir n’importe quoi, mais comme émancipation vis-à-vis des contraintes politiques et sociales. Qu’il se réclame de l’anarchisme, du mutuellisme ou du fédéralisme, qu’il critique la « propriété » ou fasse l’éloge de la « possession » c’est au fond toujours d’autonomie qu’il veut parler. Il s’agit pour lui de mettre en place un ordre qui permette aux hommes d’être le moins gouvernés possible, de décider le plus possible par eux-mêmes et pour eux-mêmes.

Hostile au socialisme phalanstérien, dont il voit bien les naïvetés, comme au socialisme d’Etat d’un Louis Blanc, dont se réclamera au contraire Jules Guesde et après lui le mouvement communiste international, Proudhon se méfie de la politique, et surtout de l’institution parlementaire qui lui apparaît comme une mystification. « Si le socialisme de Proudhon est le seul aujourd’hui envisageable, écrit encore Jacques Julliard, c’est qu’il est une parfaite illustration du principe de subsidiarité, qui veut que l’on s’efforce de résoudre les problèmes sociaux au niveau le plus bas possible, le plus proche possible des producteurs et des usagers ».

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