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Réouverture des commerces : venez soutenir vos librairies !

Les commerces rouvrent : les libraires, les commerces d’habillement et autres, ceux qui ont été durement éprouvés pendant le confinement alors que les grandes plateformes et les grandes enseignes alimentaires continuaient de fonctionner. Reportage de Boulevard Voltaire à La Nouvelle Librairie, au cœur de Paris.

BOULEVARD VOLTAIRE. Avec le déconfinement, les boutiques rouvrent leurs portes après deux mois de fermeture forcée… Parmi eux, la Nouvelle Librairie… Rencontre avec François Bousquet, cofondateur de la Nouvelle Librairie.

FRANÇOIS BOUSQUET : Nous attendions avec impatience la réouverture des boutiques et la fin du confinement. Nous nous recalons à nouveau sur nos horaires habituels du mardi au samedi.

BOULEVARD VOLTAIRE. Votre survie est-elle menacée ?

FRANÇOIS BOUSQUET : Je pense que nous nous en remettrons. Nous avons un réseau de lecteurs, d’amis, de soutien qui sont fidèles. De fait, la librairie, et l’édition plus largement, ont été victimes d’une distorsion de concurrence, de concurrence déloyale, puisque les grandes plateformes ont pu continuer de vendre leur production et leur stock. Inutile de les citer, tout le monde a un nom en tête. Mais pas seulement elle, la grande distribution également a vendu des habits, de la papeterie, et des livres. Or les papetiers et les libraires étaient contraints d’être fermés. La Nouvelle Librairie, ainsi que les 3 000 librairies indépendantes de France, pendant deux mois, ont vu leur trésorerie se réduire comme peau de chagrin.

BOULEVARD VOLTAIRE. On a pourtant l’impression que ce confinement a ramené beaucoup de nos concitoyens à la lecture.
Bonne nouvelle pour vous ?

FRANÇOIS BOUSQUET : On a une perception biaisée. Le chiffre d’affaire du livre s’est effondré. On pourrait s’imaginer que les gens n’ont pas lu. Je pense qu’au contraire ils ont lu ce qu’ils avaient dans leur bibliothèque et qu’ils ne lisaient pas. Il y a une part d’achat réflexe, d’achat compulsif, d’achat fantaisie ou des cadeaux. Il avait un choix de livres disponibles chez eux permettant de les nourrir pendant un mois et demi. Ils nous ont permis, avec les films et la musique, de nous ressourcer. Nous sommes ouverts par vente par correspondance depuis 10 jours. Il est donc difficile de répondre à cette question. Il n’y a probablement qu’Amazon qui pourrait répondre à cette question-là. Il serait intéressant d’avoir un inventaire d’Amazon, pour se rendre compte de ce qu’ont acheté les Français ces deux derniers mois. Pour le reste, c’est un trou noir, puisque l’on ne pouvait rien vendre.

BOULEVARD VOLTAIRE. Des personnes vont rentrer dans la librairie. Êtes-vous stressé de rencontrer des gens qui pourraient être porteur du virus ?

FRANÇOIS BOUSQUET : Non, je ne suis pas stressé. Il y a déjà des gens dans la boutique. Les gens portent des masques. Nous avons des masques à disposition, ainsi que du gel hydroalcoolique. Les gens sont responsables.
Il ne faut pas trop exagérer. Il y a d’autres professions qui risquent plus leur vie que nous. Je pense notamment aux personnes qui ont permis au pays de tenir. On ne peut pas dire que nous sommes en situation de danger. Ce qui aurait été dangereux, c’était le maintien de la fermeture, autant pour nous que pour les lecteurs qui pour une bonne partie d’entre eux avaient déjà lu une bonne partie de leur bibliothèque et commençaient à trouver le temps long.
La librairie, et en particulier La Nouvelle Librairie, qui est un projet communautaire, amical et collectif, une sorte de porte-étendard de nos idées, a besoin de lecteurs et d’acheteurs pour pérenniser le projet. Mais il n’y a aucune raison que le projet s’arrête. C’est un projet de long terme. Nous allons sortir quantité de bouquins qui sont de notre propre publication. Venez donc à notre rencontre. Nous ne pourrons certes pas organiser de soirées comme nous le faisions. C’est aussi une contrainte pour la librairie indépendante. Elle vit de signatures, de soirées et d’événements.

Source : Boulevard Voltaire

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