« Je m’appelle Nicolas Demorand et je suis un malade mental. » Enfin ! Et dire qu’il aura fallu attendre toutes ces années pour que ça soit lui qui finisse par le dire ! Plus personne, plus aucun courage dans ce maudit pays… Même pour dire au bouffon du roi qu’il est nu comme un ver ! Ce coming-out psychanalytique, cet éclair de vérité au milieu de l’obscurité médiatique, personne ne l’avait vu venir… Surtout pas moi ! C’est vrai, pour une fois que Nicolas Demorand proclame publiquement quelque chose qui tient la route… Après, il ne faut pas s’emballer pour autant, surtout ne pas se réjouir trop vite… Il aurait pu en rester là, Nicolas : une petite vidéo chez Brut, l’officialisation de sa démission générale en grande pompe chez Quotidien, une dernière matinale en fanfare sur France Inter… et puis basta ! Fini à tout jamais ! Dans les oubliettes de la post-histoire Demorand ! Aux chiottes Nico, aux chiottes ! Un dernier coup de chasse d’eau et puis s’en va !
Mais non… C’eût été trop beau ! Il lui fallait encore commettre un livre… Et après une longue carrière aux mille sévices radiophoniques, s’attaquer désormais à la littérature… Comme si celle-ci n’avait pas déjà disparu, enlisée sous quelques kilotonnes de chiasse logorrhéique ! Je me demande s’il reste encore en France des gens qui n’écrivent pas de livres… En voilà une bonne question ! Du pain pour une jolie nouvelle en tout cas, du genre Marcel Aymé, une histoire à dormir finalement pas tant debout que ça, où tous les Français se mettraient à écrire, où les librairies crouleraient sous des piles et des piles de livres en tout genre, mais où plus personne ne trouverait le temps de lire, chacun demeurant absorbé par l’élaboration de sa propre petite œuvre insignifiante… Une petite nouvelle bien marrante où tout le système éditorial français finirait par s’écrouler dans un immense feu d’artifice de conneries multicolores ! Je plaisante, bien sûr, tout ça n’est pas sérieux… Il faudrait plutôt demander à Jérôme Fourquet, comme ça, à l’occasion… Un petit sondage, et hop, tout le monde définitivement fixé et mis d’accord, et pour l’éternité ! Ça ferait plus pointu, plus scientifique, sans le côté bavure propre à toute entreprise littéraire, forcément approximative et partiale… Le sondeur, qu’on se le dise une fois pour toute, c’est le dernier prophète euphémisateur de l’humanité finissante.
Bipolaire, la bonne blague !
Quelle chose étrange que le livre, au XXIe siècle ! Au regard du peu d’âmes qu’il aura servi à sauver, c’est fou le rôle prépondérant qu’il aura fini par jouer dans le pourrissement démocratique de l’Extrême-Occident ! Voilà qu’après le temps des torche-culs destinés au développement personnel du dernier homme, déjà celui des confessions dépressives tout aussi sinistres semble venu… C’est un peu ça la France dorénavant, toucher le fond tous azimuts ! Et puis si vous avez récemment pleuré des larmes de crocodile télévisées en compagnie de l’infâme Christophe Dechavanne dans Quelle époque ! – de merde ! –, vous allez forcément adorer les jérémiades d’hippopotame du grotesque Nicolas Demorand dans Intérieur nuit. Leur point commun à tous les deux ? Exceptée une proximité malaisante avec l’hargneuse petite garce qui les assiste ou qu’ils assistent tous les deux – celle-là, ce n’est pas une fessée qui l’épeure ! Prendre leur misère nombrilisante au sérieux avec une lourdeur aussi himalayesque que leur bêtise.
Vous pensiez que Nicolas Demorand était juste sinistrement bête et méchant ? Eh bien non, détrompez-vous ! Il serait en réalité bipolaire ! Enfin… Bipolaire, mon cul ! Elle a bon dos, oui, ta bipolarité, Nicolas ! C’est sûr qu’on aimerait bien te voir devenir tout à coup drôle et pétillant d’intelligence ! On en verrait là une belle de Révolution, un Grand Soir en pleine matinale ! On te la souhaiterait presque effective, en fait, ta bipolarité, et encore bien prononcée ! Ça te laisserait une petite chance dans ta vie privée, après tout, vu comme tu aimes ostensiblement pavaner ta connerie en public… Allez, arrête de jouer les cachotiers, sors-le donc au grand jour ton Grand Soir, Nicolas ! Au lieu de bavarder… Montre-nous-le à la fin, ton autre pôle ! Au lieu de nous faire chier sur 112 pages… Ne crois pas, ça m’embête moi aussi de gaspiller mon temps sur ton cas désespéré… Et puis passer encore une fois pour un méchant, c’est usant à la fin… Tout ça pour montrer à la France entière que justement, bipolaire, tu ne l’es vraiment pas assez !
Même pas drôle
C’est pas croyable, quand on y pense… Que des gens continuent d’écouter la radio et regarder la télévision sans éclater de rire à chaque seconde, si ça c’est pas la preuve intangible que ce pays est tout à fait mort et enterré ! Comme tous ces imbéciles et ceux qui les regardent sont lourds ! Eux qui passeraient volontiers l’intégralité de leur temps à ricaner le plus bêtement du monde s’ils le pouvaient, comme les voilà encore plus minables à prendre soudainement les épanchements de tous ces connards au sérieux ! Où sont-ils, tout à coup, les prétendus « humoristes » ? Où se cachent-ils alors les Philippe Caverivière complètement caves ? Et Paul du Con de Saint-Sernin-des-Prés, où est-il, lui aussi, dans ces cas-là, ce croisement malheureux entre un haricot vert et un haricot blanc ? Tu ne serais pas un peu bipaulaire, toi aussi, ma double petite fève ? Pourquoi n’y a-t-il jamais plus personne, sur les plateaux, dès qu’il s’agit de se foutre de leur gueule à eux, les Dechavanne, les Demorand ? Pourquoi soudain autant de sérieux chez tous les révolutionnaires statiques de la dérision perpétuelle ? Quand il y aurait pourtant de quoi enfin rire un bon coup ! Et pour de bon cette fois ! Pourquoi c’est toujours à moi de m’y coller ? Moi qui déteste viscéralement les humoristes… Pourquoi c’est toujours à moi de nettoyer vos écuries de chiasse ? Et si c’est moi qui finissais par puer, à la fin ? La voilà, votre immense lâcheté, la voilà enfin révélée au grand jour votre limite ontologique, vous les faux comiques mais vrais tocards de plateaux télé, la voilà, la vérité de votre faux humour à la noix toujours dans le sens du poil de vos pères putatifs parfaitement putassiers !
Demorand et sa bipolarité médiatique, ça me rappelle l’histoire du glaucome de Machine… Oui, l’autre sorcière télévisée – d’Arte ou France 5, je ne sais plus –, la Salamé du cuistre, vaguement intellote, en version pasteurisée et gomorrhéo-compatible… Élisabeth Quin, oui, c’est ça ! La nuit se lève… Houuuu ! C’est utile, Internet, pour les gros trous de mémoire ! C’est comme si je m’en étais rappelé tout seul ! 150 pages encore plus lugubres que toutes ses émissions arteficielles mises bout à bout… C’est quoi la prochaine étape, après le glaucome de madame et la bipolarité de monsieur ? Les hémorroïdes de papi, un podcast de cinq heures sur Jean-Michel Aphatie ? Et tout ça pour quoi ? Pour rassurer Jacqueline, soixante-cinq ans, qui se torche le cul tous les matins dans un bain de sang en écoutant la matinale de RTL ou France Inter ?
Un milliard de bipolaires, et moi, et moi
L’avantage, c’est qu’ils sont sûrs de les vendre leurs navets ; et pas qu’un peu. La bipolarité de Demorand, c’est un best-seller assuré ! Le public est là, il en redemanderait presque, déçu de ne l’avoir pour lui tous les matins qu’entre sept heures et dix heures… Encore un peu de merde, s’il vous plaît, encore un peu de votre merde, monsieur Demorand… Au cas où ma télé et ma radio tomberaient en panne… Aïe aïe aïe… Comme c’est déjà long ! Et comme ce sera toujours, toujours plus long leurs histoires à vomir debout… Oui, je me répète – je le sais – mais comme c’est interminablement long cette fin de la France ! Et puis quand on pense que les générations qui viennent, racisées plus ou moins à ras bord, seront encore pires… Et qu’il faudrait en réalité dès aujourd’hui savourer la connerie archaïque d’un Demorand, avant de la regretter demain, après un nouveau plongeon toujours plus profond dans l’abîme !
« Pendant toutes ces années je me suis tu. Aujourd’hui, j’écris en pensant à toutes celles et ceux, des centaines de milliers, peut-être des millions, qui souffrent en silence du même mal. » Je cite un peu sa prose, quand même, histoire que tout le monde en profite à peu de frais. Bien sûr, des millions Nicolas, au moins soixante-dix en tout cas ! Minimum ! Pourquoi tu jouerais tout à coup les faux modestes ? Si toi et moi, on ne s’adressait pas qu’à un public francophone, j’irais presque tenter le milliard à ta place… Ça n’est qu’une question de temps, tu sais ! Le petit résidu de sens de notre post-histoire… La dépression, c’est l’avenir de notre liberté en toc ! C’est vrai que tout le monde a la bipolarité facile aujourd’hui… Alors voilà, tu t’imagines volontiers en Antonin Artaud démocratique… Regardez ma douleur comme elle est moche, regardez mon gros cerveau et tous ses neurones comme il brûlent dans ma grosse tête ! N’ayez plus honte ! Regardez comme je suis laid, moi aussi ! Presque aussi moche que vous !
Après un tel carnaval médiatique, si j’étais bipolaire, je crois que j’aurais encore plus honte d’avoir un point commun avec Nicolas Demorand que de ma propre bipolarité… Cent pages pour dépeindre bourgeoisement, avec des hectolitres de pathos, sa petite douleur écœurante… Et vouloir sauver avec ça tous les bipolaires neurasthéniques de la planète, quand il faudrait au contraire encourager des pans entiers de la population au suicide ! C’est vrai, après tout… Pourquoi rester à moitié vivant, idolâtrer un simulacre de vie sous alternance de Xanax et somnifères, endurer un job de merde – inventé il y a dix ans et probablement périmé dans cinq –, écouter France Inter tous les matins en allant au boulot, rentrer seul chez soi le soir, à moitié lessivé par un travail pas même harassant, et s’échiner à cumuler des relations foireuses, parce qu’on a finalement au fond de soi-même pas grand-chose de plus à donner que le pauvre partenaire interchangeable qui nous fait face ? Si au moins tous les neurasthéniques de France avaient la tristesse gracieuse et la mélancolie malicieuse d’un Cioran ! Mais vous dégueulassez la France entière avec votre morgue dépressive et votre lourdeur de bovins tristes recouverts de divertissements permanents !
#BiToo !
Si vous saviez comme j’attends avec impatience les premières pannes électriques d’envergure… Il faudra la voir alors, leur gueule, à tous ces post-humains prétendument écolos, découvrant, avachis entre leurs deux épaules, leur triste et pâle figure dans le reflet de leur smartphone définitivement éteint ! Le confinement covidien, déjà, c’était quelque chose ! Mais rester dans sa chambre avec Internet en continu, c’était encore à la portée du premier geek à la con… Il y avait toujours moyen de faire un petit buzz sur TikTok en jouant avec son chat, de s’échanger quelques memes par simulacre de solitude interposé au fil des jours… Accumuler toujours plus de conneries partageables en 5G ! Mais sans réseau… Soudainement ! Comme ça, en quelques secondes… Quand on a fait l’impasse sur toute forme de vie intérieure pendant une existence entière… C’est une autre histoire, tout à coup, le vide du temps à affronter… En voilà un de confinement véritablement sidéral en perspective ! C’est pourtant pas si grand, en apparence, une tête humaine pour cogiter…
En attendant, on va bien rigoler avec ton « Me Too » de la bipolarité Nicolas… #BiToo ! Perdus dans nos transidentités malheureuses, c’est vrai qu’on est tous plus ou moins un peu « bi » quelque chose aujourd’hui… Et tous ces pauvres maris qui, à cause de toi, devront désormais subir les assauts toujours plus décomplexés de la bipolarité de leur femme, tu n’y penses même pas, j’imagine ? Après le succès national de « Je suis Charlie », j’ai bien peur que ton « Je suis malade mental » fasse à son tour un véritable tabac ! Ta « maladie mentale », qu’on se le dise entre nous, c’est un peu le seul combat identitaire avouable que tu te sois trouvé, non, Nicolas ? Celui, dès aujourd’hui – et davantage encore demain – d’un grand nombre de Français… Tu veux que je te dise, mon Nico, puisque la bipolarité est la condition ontologique même de l’être postmoderne, il est fort possible que la France continue – même après l’histoire – de montrer la voie au reste du monde ! Oui, je le crains sincèrement… C’est dramatique à quel point ce pays est une incarnation prophétique à la fin !
Oui, voilà ce qui vient, Nicolas, une bonne bipolarité générale ! Et de type 2, tout comme la tienne ! Encore que de moins en moins polarisée, elle aussi ! Avec une phase maniaque réduite à la portion congrue… De plus en plus ! Et qui ne fera désormais plus que décroître… Et ça jusqu’à la fin de la fin, malgré tous vos antidépresseurs et vos petites doses de psychotropes… À toi et Dechavanne… La France, tu sais, on a beau faire les fines bouches, ça reste un accélérateur de fatigue anthropologique à la pointe de la technologie. Votre vide métaphysique aura raison même de votre hystérie pathologique à la toute fin des temps ! La postmodernité, c’est ça, c’est – loin de toute tragédie – la crucifixion quotidienne et démocratique – quel pléonasme ! – d’un Dionysos lugubre sur l’autel de la dépression généralisée… Et comme les résidus mêmes de vos pauvres jouissances apparaissent bien tristes désormais ! Et comme drôles seraient vos gueules à tous si un Apollon surgissait froidement de nulle part pour vous sortir subitement de votre partouze neurasthénique ! J’y crois pas trop, il faut dire – mis à part peut-être un Apollon en djellaba ? –, je vois plutôt les Français déballer un à un, et encore bien tranquillement, leur petite déprime en public… C’est peut-être ça, au fond, ce qui attend la France, tout au bout de son horizon parfaitement bouché, une gigantesque psychanalyse collective à l’échelle nationale… La postmodernité, c’est le règne des névrosés grandiloquents !
Cerveau malade
Il fallait voir, chez Quotidien, toutes ces tronches de gwers constipés accueillir solennellement le nouveau messie des temps qui viennent ! Imaginez un peu l’émotion ! Vingt ans à interroger chaque matin des imbéciles en tout genre sur leur petit moi dégueulasse, il fallait bien que Demorand passe de l’autre côté du plateau un jour ou l’autre… À propos de son livre, expliquant sa bipolarité devant un Yann Barthès en pamoison, tournoyant chewinggumesquement sur sa chaise, Nicolas Demorand joue sa meilleure partition. Son livre, sa bipolarité, « ça n’est pas rêveuse bourgeoisie ! » Encore heureux ! Il ne manquerait plus qu’un con pareil se prenne pour Drieu la Rochelle maintenant ! C’est fou ce que ça peut carburer un inconscient – même celui d’un tel abruti ! Avec un inconscient aussi performant, tu m’étonnes qu’il soit dépressif mon Nico ! Ça me rappelle Anne- Élisabeth Lemoine – oui, Babeth… – et « sa divine surprise » de bonheur devant Kyan Kojandi et sa nouvelle saison de Bref. C’est incroyablement pervers l’inconscient malheureux d’un journaliste de gauche quand on y pense…
Que Demorand se prenne pour Dieu, même malade – surtout malade en fait –, pourquoi pas ? On a fini par s’habituer aux connards mégalos à une heure de grande écoute… Mais pas Drieu, Nicolas… Pas Drieu ! Je t’en supplie, laisse-le tranquille ! Il a déjà été suffisamment maudit et éprouvé de son vivant, pour que tu viennes encore aujourd’hui le mêler verbalement à tes sales turpitudes de malade mental autoproclamé… « Est-ce qu’on peut croire un journaliste malade mental ? » Justement, tiens, on y vient ! Là, c’est Yann Barthès, dans un élan de courage inouï et indigne de sa profession, qui t’interroge… Mais « bien sûr ! » Yann, quelle question, s’empresse de lui rétorquer son clone dépressif de la soirée ! Un « cerveau malade », non, sûrement pas, on nous l’a suffisamment répété… Mais un bon petit malade mental, labélisé « anthropologiquement correct » bien de chez nous, après tout, pourquoi pas ? Bien sûr que tu es un bon journaliste, Nicolas ! Au moins aussi bon que Yann Barthès… Sincèrement ! J’aurais presque envie de dire qu’à vous deux, vous formez une incarnation quintessenciée de notre journalisme hexagonal…
Entre temps, tu fais la une du magazine Le Point, en toute décontraction bipolaire… « Je suis un malade mental », encore et toujours la même soupe imbuvable… Connerie jaune sur fond rouge cette fois-ci… Il commencerait presque à se la péter, avec sa maladie mentale, j’ai l’impression. Il se serait mis en tête de rendre jalouses les dernières personnes saines d’esprit du pays, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Heureusement qu’il n’y en a plus beaucoup ! Et puis voilà déjà qu’on le retrouve à nouveau sur les plateaux, tout peinard dans Quelle époque ! – toujours de merde, bien sûr… À peine bipolaire ce coup-là, presque souriant, comme un petit poison parfaitement dilué dans une eau cristalline ! « Je me sens tellement mieux ! » Il faut dire que sa maladie mentale assumée lui va comme une belle paire de moufles ! Et puis, il est si bien avec sa Léa, mon Nico… « La radio m’a permis de ne pas m’effondrer. » Ah ben oui, tu m’étonnes ! C’est la France entière qui s’effondre chaque matin pour éviter justement le tien, d’effondrement, Nicolas ! La matinale de France Inter, c’est peut-être ta bouée de sauvetage, mais c’est elle qui coule un peu plus le pays chaque matin…
Nico et Léa
« Et l’écriture comme traitement, est ce que tu as déjà essayé Nicolas ? » Ça y est, putain, on y est ! On touche enfin au but ! L’origine de tout ce cirque médiatique enfin révélée ! En régime postmoderne, si vous ne le saviez pas, on écrit son petit bouquin comme on prendrait un Lexomil le soir avant d’aller dormir… Ils n’ont pas fini de nous faire chier, tous, avec leur manie de la littérature comme thérapie ! Croyez-moi ! Mais qui a bien pu lui donner un conseil aussi con ? « Une très grande amie »… Ça va, laisse tomber Nico, c’est bon, pas la peine d’insister… On a très bien compris ! On sait que c’est elle, ta Léa, qui t’a « ramené à la vie »… Quelle conne, décidément… Et avec ça, encore un grief de plus à son actif… Et pas des moindres ! Elle a bien de la chance que la droite française n’ait pas le sentiment vengeur pour un sou… À sa place, j’éviterais quand même de trop faire la maline… On ne sait jamais comment ça peut tourner, les choses… Même après l’histoire… Le sortir « de la honte et du silence », quand il aurait fallu l’y laisser croupir à jamais ! Mais non, Léa, encore une fois – et pour changer – tu n’as rien compris du tout ma grande ! Vive la honte ! Et surtout, vive le silence ! Arrête de nous faire chier à jouer les émancipatrices décomplexées à la fin, merde ! Longue vie à la dissimulation, Léa ! Vivent les tabous et les non-dits ! C’est bien connu, depuis que le Verbe a été crucifié, on ne fait plus que libérer la parole dans tous les sens pour recouvrir désespérément son cadavre… Et avec tout votre engouement apocalyptique pour la transparence, ça n’est rien d’autre que l’entièreté de votre dégueulasserie existentielle qui resplendira bientôt à la fin des jours !
Et moi qui pensais, dans mes rares élans d’optimisme, que le burlesque pourrait peut-être encore sauver la France… Qu’il suffirait simplement d’ouvrir les yeux un jour, regarder en face les trognes immondes qui nous entourent, en écoutant simplement, les oreilles grandes ouvertes, les immondices du Verbe atrophié qui s’en dégagent… Et d’en rire enfin une bonne fois pour toute, à gorge gigantesquement déployée ! Pour mettre un terme à un terrible sortilège interminable… Et dissiper enfin ce mauvais rêve… Oui, comme il serait salvateur ce premier rire du monde retrouvé à la fin des temps, ce rire spontané éclatant au nez et à la barbichette grisonnante de tous les Nicolas Demorand du pays ! Mais non… Nous sommes en 2025, et la fraîcheur de cet éclat de rire originel ne cesse de s’éloigner… Nicolas Demorand cultive avec une obstination décuplée sa propre maladie mentale, comme le docteur Fontage cultivait, plus d’un siècle avant nous dans Les Morticoles de Léon Daudet, celles de ses pauvres patients. Et si le Gros Léon reprochait à certains médecins – Charcot, notamment, pour ne pas le nommer – de parler en latin « pour ne pas être compris des malades », on ne peut reprocher à Demorand d’employer, quant à lui, le langage exact de la bêtise de son époque pour être tout à fait certain de se faire entendre par la masse d’imbéciles susceptibles de l’écouter et le lire – en attendant de l’imiter…
Quelle époque ! – toujours de merde, évidemment
Le postmoderne, en fin de compte, ça n’est rien d’autre qu’un moderne refoulé prenant un malin plaisir à exposer avec ostentation et fierté ses plaies les plus purulentes de conneries… Et comme il aime, au milieu de toutes ces choses bien sales, se découvrir démocratiquement aussi moche que son voisin ! Surtout quand il s’agit du génial et glorieux Nicolas Demorand ! À la fin, pourtant, c’est toujours le même optimisme frelaté du goût au bonheur retrouvé qui ressurgit, comme par magie… « La question du bonheur va enfin pouvoir se reposer pour moi » finit par exulter Demorand dans Quelle époque ! – toujours de merde, évidemment… Quelle naïveté… On ne la soignera jamais ta connerie, Nicolas… Faut pas croire, fais-moi confiance… Et puis pourquoi toujours ce besoin si vulgaire de délivrer chaque fois un message positif à la fin ? Pour mieux vendre ta daube aux soixante-dix millions de couillons malheureux qui t’écoutent ? J’ai peur que ça soit en réalité encore bien pire que ça ; et qu’au fond de toi-même, tu y crois véritablement à ton petit bonheur en passe d’être minablement retrouvé… Si je ne l’étais pas déjà, un tel enthousiasme de ta part, ça me rendrait volontiers dépressif à mon tour… Mais chut ! Je me tais ! J’ai déjà trop parlé, moi aussi… Je préfère terminer mon article juste là. Un coming-out psychanalytique, de nos jours, c’est si vite arrivé…