ÉLÉMENTS. Après Lovecraft, c’est au tour de Jean Raspail d’être mis à l’honneur dans le nouveau numéro de Livr’arbitres. Comment choisissez-vous les auteurs mis en avant à chaque numéro et qu’est-ce qui vous a conduit à vous porter sur Jean Raspail pour cette cinquantième publication ?
LIVR’ARBITRES : C’est un peu le hasard, mais faut-il y croire ? Disons que l’occasion fait le larron. Lovecraft fut la proposition éclairée de votre contributeur François-Xavier Consoli. pour Raspail, la biographie de Philippe Hemsen venait de paraître… Le numéro de rentrée sera consacré à Mishima à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance.
Éléments. Personnellement, par quel ouvrage avez-vous abordé l’œuvre de Raspail et quel est, selon vous, son plus grand livre, son « chef d’œuvre » ?
LIVR’ARBITRES : Sire, parce qu’on le trouvait assez facilement au format poche. Je connaissais sa réputation « sulfureuse » depuis la parution du Camps des saints, que je lus bien plus tard. Raspail, c’est tout un univers, mais c’est avant tout un regard, un questionnement sur l’autre, sur nous-même. Ayant été scout, ses récits d’aventures, de descentes de rivière en canot, ne pouvaient qu’éveiller en moi des souvenirs communs. Son grand livre, je botte en touche… Par contre, un qui pourrait faire écho à tous les autres : L’anneau du pêcheur. Tenant à la fois de la fable mystique, du récit d’aventures et du roman d’espionnage, il est une excellente porte d’entrée à son univers.
ÉLÉMENTS. Avez-vous eu l’occasion de rencontrer Jean Raspail, si oui, quel souvenir en conservez-vous ?
LIVR’ARBITRES : J’ai pu le croiser à quelques reprises lords de séances de dédicaces, mais il avait déjà un âge certain et de nombreux admirateurs, j’ai toujours préféré, autant par timidité que discrétion, passer mon chemin… Par contre, il m’adressait parfois un petit mot de soutien, lorsqu’il se réabonnait à la revue, qu’il appréciait particulièrement. « Si les chroniques littéraires des journaux de France et de Navarre s’exprimaient sur ce ton enlevé, on s’emmerderait moins à les lire. » m’avait-t-il ainsi un jour écrit.
ÉLÉMENTS. En quelques mots, comment décririez-vous l’œuvre de Raspail, si vous deviez par exemple inciter un jeune à la découvrir ?
LIVR’ARBITRES : Par le rêve, la fuite et la désillusion de voir un monde s’éteindre (les Alakalufs), se dissoudre dans la masse. De cette amertume, faire surgir un être par qui tout pourra advenir si le destin et la volonté lui concèdent un chemin (Antoine de Tounens en est un bel exemple). Raspail n’est pas un idéologue, il n’a pas de message à apporter. Il est là sur la grève, face à la mer. Il fixe l’horizon, les questions apparaissent, à vous de trouver la réponse !
ÉLÉMENTS. Livr’arbitres publie donc le 50e numéro de sa nouvelle série. L’occasion de faire un bilan de cette aventure éditoriale. Quel est-il pour vous ?
LIVR’ARBITRES : Un accident, une erreur ? Il y a quelque chose d’improbable dans la longévité de la revue et l’ardeur et la persévérance qui nous animent encore. Paraphrasant Corneille « Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort / Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port, / Tant, à nous voir marcher avec un tel visage, / Les plus épouvantés reprenaient de courage ! ». Partis d’une poignée d’étudiants, nous avons désormais une bonne cinquantaine de contributeurs plus ou moins réguliers ! Des jeunes nous rejoignent, ce qui est très important, et des « anciens » nous soutiennent, nous permettant ainsi d’assurer une certaine transmission.
ÉLÉMENTS. Dans le monde de TikTok, Instagram et des divers réseaux sociaux, la littérature a-t-elle encore de l’avenir ?
LIVR’ARBITRES : La littérature n’appartient à personne, son avenir non plus. Baudelaire, Rimbaud… combien de divisions à la parution de leurs livres ? Je ne me fais pas de soucis pour la littérature, elle a encore de l’estomac !
Bien sûr, il y a des valeurs sûres., des livres qu’il faut avoir lu, après chacun sa route, il y en a pour tous les goûts. Et c’est un peu notre philosophie depuis le départ de notre aventure. Ne pas avoir d’œillère, chercher les bons auteurs comme l’on cherche un bon vin…
ÉLÉMENTS. Pour finir, pouvez-vous nous révéler en avant-première les thématiques des prochains numéros de la revue ?
LIVR’ARBITRES : Tout à fait, cela donnera peut-être des idées de contributions à vos lecteurs ! Qu’ils n’hésitent pas à nous contacter si un des sujets les interpelle : Roger Nimier, François Augiéras, Julius Evola, Georges Simenon, Corto Maltese… Pour les dossiers : « humour et littérature », « la révolution surréaliste », « le blasphème en littérature », « les auteurs « embastillés » »…
Propos recueillis par Xavier Eman
Livr’arbitres
chez Patrick Wagner
36 bis, rue Balard
75015 Paris
2 réponses
Attention : votre 4e question comporte une faute de français créant un contresens regrettable. Vous écrivez « Comment décrieriez-vous… » (Improbable verbe décrier dans ce contexte) au lieu de « Comment décririez-vous… » (Verbe décrire).
Merci à vous