Le magazine des idées
Auteur : Richard de Seze Les belles-mères sont-elles de droite ?

« La gauche ricane à défaut de servir la vérité, et nous pouvons à bon droit nous moquer d’elle et de ses contradictions »

Journaliste, écrivain et désormais directeur de la rédaction de « Radio Courtoisie », Richard de Seze, fait paraître, aux éditions de la Nouvelle Librairie, « Les belles-mères sont-elles de droite ? », réjouissante et drolatique compilation de textes posant les questions fondamentales que vous vous n’êtes jamais posées mais dont vous savourerez les réponses.

ÉLÉMENTS. Vous publiez votre deuxième tome d’interrogations essentielles sur le positionnement politique des choses du quotidien, comment vous est venu l’idée ces chroniques ?
RICHARD DE SEZE : C’est une idée qui nous est venue collectivement, en fait. Je participais alors à la revue Les Épées et nous avions décidé, en 2008, de consacrer un dossier à cette importante question, « l’alcool est-il de droite ? ». Le filon était prometteur et alors que L’Incorrect venait d’être lancé, Jacques de Guillebon m’a proposé de l’exploiter à nouveau. J’avais envie de parler de moques, de moules mouset de transats, je me suis lancé.

ÉLÉMENTS. Si je ne me trompe pas, vous vous êtes, par le passé, commis avec le groupe satirico-parodique « Jalons ». Vous êtes-vous fixé pour mission de démontrer que l’humour et la dérision ne sont pas l’apanage de la gauche ?
RICHARD DE SEZE : Très heureusement, beaucoup m’ont précédé sur ce chemin, ne serait-ce que Jacques Perret, et plus généralement tous ceux qui aiment rire, ce qui est assez antique et universel. Mais aujourd’hui, en effet, il est nécessaire de montrer que ni l’humour, ni la dérision, ni le style, ni la culture n’appartiennent à la gauche. En fait, que la gauche ricane à défaut de servir la vérité, et que nous pouvons à bon droit nous moquer de la gauche et de ses contradictions à la fois réjouissantes et énervantes.

ÉLÉMENTS. Quels sont les « humoristes » ou « comiques » qui vous font rire aujourd’hui ?
RICHARD DE SEZE : J’avoue ne pas beaucoup consommer de comiques, car être drôle ne doit pas non plus être une obsession ; mais un écrivain comme Alexis Legayet, un dessinateur comme Luc Tesson, les pastilles de Laurent Firode ou les bandes dessinées de Yann ou Monsieur le chien m’amusent par leur ironie plus ou moins tendre ou féroce.

ÉLÉMENTS.  Et hier ?
RICHARD DE SEZE : Hier, l’immense Vialatte, bien sûr, et les humoristes anglo-saxons, avec Saki et Chesterton en tête, et Sempé, ou encore Greg. Mais encore une fois, je n’ai jamais cherché à rire, car c’est une quête un peu saugrenue. Comme tout ce qui est bon, le rire doit venir à vous tout seul et ne pas devenir une religion.

ÉLÉMENTS.  « L’humour, politesse du désespoir…», « Rire au milieu des ruines »… le recours à l’humour ne peut-il pas être considéré, parfois, comme un aveu d’impuissance, une coquetterie de « vaincu » sur l’air de « Nous avons perdu, autant en rire » ?
RICHARD DE SEZE : Non, le rire est une arme de combat, comme l’a souligné avec un courage incroyable Jean-Michel Ribes au théâtre subventionné du Rond-Point entre deux pubs pour la MAAF. Vous évoquiez Jalons tout à l’heure : Libération avait commenté les performances hilarantes de Basile de Koch en avertissant, avec beaucoup de sérieux, que ça ne pouvait pas être drôle puisque Jalons était, selon Libé, de droite. Le rire est une arme très actuelle de la droite et je suis certain que les pastilles de Firode font autant pour détruire le wokisme qu’un éditorial de Politique magazine. S’il ne restait à la vraie droite que le rire, nous aurions peut-être perdu. Mais notre combat culturel est beaucoup plus fourni et vivace même si les grands médias ne lui rendent pas justice et que l’État cherche à le bâillonner.

ÉLÉMENTS. Vous êtes aujourd’hui directeur de la rédaction de Radio Courtoisie, vénérable et courageuse institution offrant la parole à « toutes les droites ». L’humour y-a-t- sa place et y a-t-il  selon vous des « droites » plus « drôles » que d’autres ?
RICHARD DE SEZE : Pour commencer par la fin, je pense que Valérie Pécresse est moins drôle que Sarah Knaffo – ou alors bien malgré elle. L’humour a toute sa place à Radio Courtoisie, avec la liberté de ton totale qui y règne, avec un Libre Journal de la Réaction qui a été pendant quelques années un joyeux foutoir, certaines chroniques de Ligne Droite, la matinale, ou des patrons d’émissions comme Alain Paucard ou de beaucoup plus jeunes talents, pas encore vénérables mais très estimables.

ÉLÉMENTS. Pour finir, une petite série de questions sur le thème votre ouvrage :

ÉLÉMENTS. Un monarchiste est-il de droite ?
RICHARD DE SEZE : Oui, car il ne nie pas les racines tout en espérant que le fruit passera la promesse des fleurs.

ÉLÉMENTS. L’argent est-il de droite ?
RICHARD DE SEZE : Non, car il réduit le monde à la quantité.

ÉLÉMENTS. La revue Éléments est-t-elle de droite ?
RICHARD DE SEZE : Vous m’interrogez sans me vilipender, donc les gens de gauche diront que vous êtes de droite.

ÉLÉMENTS. Richard de Seze est-il de droite ?
RICHARD DE SEZE : Oui, très tranquillement, et avec plaisir. À mon âge, après avoir appris et vu ce dont la gauche est capable, on est de droite sous peine d’être une canaille ou un crétin.

J’ai répondu mais je dois vous dire que je crains ces questions posées à brûle-pourpoint, car toutes mes chroniques sont en fait assez longuement travaillées : on ne répond pas sans réfléchir à des questions comme « le torchon est-il de droite ? ». C’est une exigence qui surpasse même celle de Guillaume Meurice.

Propos recueillis par Xavier Eman

Laisser un commentaire

Sur le même sujet

Actuellement en kiosque – N°213 avril – mai

Revue Éléments

Découvrez nos formules d’abonnement

• 2 ans • 12 N° • 79€
• 1 an • 6 N° • 42€
• Durée libre • 6,90€ /2 mois
• Soutien • 12 N° •150€

Dernières parutions - Nouvelle école et Krisis

Prochains événements

Pas de nouveaux événements
Newsletter Éléments