ÉLÉMENTS. Vous faites partie des « nouvelles plumes » de la revue, que l’on retrouve de plus en plus régulièrement dans les colonnes de celle-ci et sur notre site. Pouvez-vous nous raconter comment vous avez découvert Éléments et comment s’est réalisé le « rapprochement » avec sa rédaction ?
ANTHONY MARINIER. J’ai découvert la revue au cours de mes pérégrinations intellectuelles, alors que je me « cherchais » encore. J’ai beaucoup lu Jean-Claude Michéa, mais il me manquait la question civilisationnelle et identitaire quasiment inexistante dans son propos. Je suis venu naturellement à Alain de Benoist, François Bousquet et à la Nouvelle Droite. J’y ai trouvé la cohérence et les inclinatioons idéologiques qui me semblent être les bonnes : pensée anti-mondialiste, écologiste, sociale, ethno-différencialiste, qui a pour but la recherche de la justice sociale, la défense de toutes les identités, le rejet du matérialisme consumériste et du libéralisme destructeur des particularismes culturels et biologiques.
J’ai commencé par écrire dans la revue Livr’arbitres, bien connue des lecteurs d’Éléments, puis j’ai participé à la deuxième promotion de l’école de journalisme organisée par Éléments en 2023, et écris pour la revue depuis cette date. Je remercie François Bousquet et vous, Xavier, de me faire confiance depuis deux ans. Avoir rejoint la rédaction de la revue Éléments et la galaxie Nouvelle Droite représentent pour moi une aventure à la fois intellectuelle et amicale dont je me réjouis.
La revue est éclectique, stimulante et fait vivre le débat d’idées comme aucune autre. On y retrouve des sujets qui sortent des sentiers battus, des angles de réflexion novateurs, et des chroniques qui n’existent nulle part ailleurs ; je pense notamment à la chronique zoologique du biologiste Yves Christen, à celle de Laurent Schang sur l’histoire des grandes batailles militaires, ou encore à vos courtes nouvelles toujours bien senties sur notre modernité.
ÉLÉMENTS. Pour le magazine, vous vous consacrez quasi exclusivement à la littérature. D’où vous vient cette dilection pour celle-ci, est-elle le fruit de votre parcours scolaire ou universitaire ?
ANTHONY MARINIER. Mon parcours universitaire n’a rien à voir avec la littérature et je déplore n’avoir lu quasiment aucun roman durant mes études… Au début de mon parcours intellectuel, je ne lisais que des essais et articles de presse, délaissant volontairement la littérature que je jugeais moins politique, moins sérieuse. Quelle erreur ! C’est en plongeant dans les textes classiques (Balzac, Zola, Vincenot, Giono), puis surtout par la découverte de certains auteurs et textes contemporains que je me suis définitivement tourné vers la littérature.
ÉLÉMENTS. Quel a été votre premier grand « choc » littéraire ?
ANTHONY MARINIER. J’ai eu plusieurs grands « chocs » littéraires (du Ventre de Paris de Zola, à L’Homme surnuméraire de Patrice Jean) et une prise de conscience au fil de mes lectures qu’il fallait défendre la langue, attaquée de toute part. Ce sont ensuite des rencontres avec des auteurs en rupture avec le conformisme culturel et les filtres éditoriaux qui m’ont profondément marqué et influencé : de Patrice Jean à Bruno Lafourcade, d’Olivier Maulin à Alexis Legayet, de Thomas Clavel à Richard Millet.
ÉLÉMENTS. Vous êtes la preuve qu’il y a encore des jeunes qui lisent, et même beaucoup, mais vous faites quand même plutôt figure d’exception. Comment expliquez-vous le désintérêt croissant de la jeunesse pour la lecture ? Les « écrans » sont-ils les seuls responsables ?
ANTHONY MARINIER. La culture du divertissement est probablement la raison principale du désintérêt des jeunes générations pour la lecture. Notons toutefois que certaines formes de littérature fonctionnent bien dans la jeunesse : la « romance » ou la « dark romance » pour les jeunes femmes, et les mangas pour les jeunes hommes sont aujourd’hui beaucoup lus. Il y a certes un désintérêt pour la lecture, mais également une baisse radicale de la qualité des livres lus. Mais comment réintéresser la jeunesse à la lecture, l’inciter à sortir le nez de son écran et lire un bon livre ? La question reste entière ! Je crains un monde où le langage s’appauvrirait (qu’on songe aux textes des rappeurs qui sont écoutés par toute la jeunesse) et les livres originaux disparaîtraient au profit de textes automatisés (avec l’apparition d’IA génératives très performantes).
ÉLÉMENTS. Quel est votre « rythme de lecture » ? Combien de livres lisez-vous par semaine ou par mois ? A quels moments lisez-vous ?
ANTHONY MARINIER. En moyenne je lis deux livres par semaine. Quand on n’est pas abonné à Netflix, n’a ni console de jeux vidéo, ni de télévision ; ça laisse du temps !
ÉLÉMENTS. Parallèlement à vos articles, vous avez lancé, sur notre chaîne YouTube, un podcast littéraire audio. Pourquoi cette démarche et quels sont, selon vous, les avantages et intérêts de ce type de format ?
ANTHONY MARINIER. L’idée du podcast La littérature à l’endroit est de faire découvrir ou redécouvrir un roman et un auteur, de manière courte (en moyenne les vidéos durent cinq minutes). Le format audio de courte durée est un bon moyen pour présenter une œuvre. L’objectif est justement d’amener à la littérature ceux qui en sont éloignés, en mettant en avant une œuvre singulière connue ou moins connue, et en montrant que le roman est un espace de liberté et de création infiniment riche. Je défends une littérature nécessairement contre l’époque, affranchie des modes, vue comme résistance au conformisme, à l’abêtissement et à l’appauvrissement du langage.
ÉLÉMENTS. Nourrissez-vous d’autres passions à côté de la littérature ?
ANTHONY MARINIER. La randonnée, la Touraine, la cuisine française et l’AJ Auxerre.
ÉLÉMENTS. Entre une bonne table et un bon livre, vous choisissez ?
ANTHONY MARINIER. Choix difficile ! Amateur de bonne chère et de bon vin, vous me mettez dans une position délicate !
ÉLÉMENTS. Un ouvrage qualifié de « chef d’œuvre » qui vous tombe des mains ?
ANTHONY MARINIER. Certains romans de Céline sont, pour moi, illisibles. En dehors des chefs d’œuvre que sont Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit, j’ai eu du mal à me faire à sa prose. Mais des amis céliniens essaient de me soigner !
ÉLÉMENTS. A l’inverse, une œuvre qui vous semble largement et injustement sous-estimée ?
ANTHONY MARINIER. La production contemporaine pléthorique et les choix éditoriaux des grandes maisons d’édition masquent nombre d’auteurs et de livres qui passent totalement sous les radars. Alors, je n’ai pas une œuvre particulière en tête mais tout un tas d’écrivains, de maisons d’éditions et de revues de grande qualité qui font vivre la littérature ; leur travail est capital et doit être mis en avant, c’est ce que je tâche de réaliser à mon humble niveau.
ÉLÉMENTS. Un titre que vous avez un peu « honte » d’aimer ?
ANTHONY MARINIER. Il est beaucoup critiqué par certains (François Bousquet va notamment hurler) mais Houellebecq n’est pas l’auteur ennuyeux, dépressif, au style inexistant que l’on décrit. Son œuvre reflète parfaitement notre modernité finissante, décrivant les impasses de l’homme occidental. Extension du domaine de la lutte est de ce point de vue un chef d’œuvre.
ÉLÉMENTS. Enfin, pour conclure, comme nous sommes en pleine période estivale, pouvez-vous nous donner votre destination de vacances préférée et/ou rêvée ?
ANTHONY MARINIER. La montagne française ; que ce soient les Pyrénées, les Alpes, ou l’Auvergne, la France regorge d’endroits magnifiques, à couper le souffle que tout Français doit arpenter pour découvrir son patrimoine et se reconnecter à la nature et aux éléments. Nul besoin de prendre l’avion ou de partir à des milliers de kilomètres. Si je devais choisir une seule destination, ce serait Mont-Dore, au cœur des volcans d’Auvergne et au pied du puy de Sancy. Ses thermes, lacs, cascades, mouflons et chamois… dépaysement garanti !
Pour en savoir plus
Le podcast littéraire d’Anthony Marinier