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Academia Christiana

Colloque : « Regards croisés sur notre identité »

1er colloque annuel d’Academia Christiana le 26 octobre 2019, à Paris, sur le thème : « Regards croisés sur notre identité » organisé en partenariat avec la revue Éléments. Trois questions à Julien Langella porte-parole d’Academia Christiana.

ÉLÉMENTS. Un débat entre catholiques et païens ! Vous n’avez pas froid aux yeux. On n’avait plus ça depuis le débat entre Alain de Benoist et Gustave Thibon en 1982… Les païens ne feraient-ils plus peur au catholique que vous êtes ?

JULIEN LANGELLA : Toute vérité est nôtre. Et si nous divergeons franchement sur les questions de foi et certaines options philosophiques, il est tout aussi clair qu’une barricade n’a que deux côtés.
Aujourd’hui, il faut choisir entre l’enracinement, la justice sociale, nos patries charnelles, l’indépendance, la beauté, et d’autre part le culte de la laideur, l’individualisme destructeur, l’esprit technocratique qui phagocyte tous les milieux et le déracinement. La France et l’Europe sont tombées tellement bas que nous n’avons pas peur, comme le généralissime romain Aetius aux champs catalauniques, de tendre la main à toutes les bonnes volontés pour défendre ce qui reste de l’âme européenne et rebâtir les bases d’une civilisation pérenne. Nous ne recherchons pas plus un énième débat contradictoire destiné à recueillir les ricanements de nos partisans  à l’encontre de l’adversaire, qu’une séance d’œcuménisme narcissique où l’on s’auto-congratulerait d’être « d’accord sur (presque) tout ». En vérité, sans fausse flatterie ni négation de ce qui nous oppose, nous voulons croiser toutes les formes de vitalité qui subsistent encore sur le Vieux continent. Catholiques, nous sommes convaincus que la Grâce, Dieu lui-même, ne peut agir sur une nature morte. Nous voulons réveiller cette nature, ces corps et ces esprits engourdis : cette œuvre de relèvement est indispensable à la bonne réception de l’Esprit saint : Dieu nous demande un « oui », encore faut-il qu’il y ait encore des hommes, et pas seulement des zombies métis transgenre, pour être capable de poser un « oui », de s’engager. Ce combat anthropologique, mère de toutes les batailles, d’une façon ou d’une autre, il faudra bien le mener ensemble.

ÉLÉMENTS. La question de l’identité ne pose-t-elle pas un dilemme à l’universalisme chrétien ?

JULIEN LANGELLA : Nous sommes tous fils d’un même Père et appelés, quelle que soit notre itinéraire identitaire, à L’aimer selon notre originalité culturelle et notre héritage ethno-national. Les deux ne se contredisent absolument pas, c’est comme opposer l’amour qu’un enfant voue à son père et à son cousin, cela n’a aucun sens, il s’agit de deux niveaux de réalité différents. Qui pourrait-il aimer Dieu s’il est ingrat à l’égard de ses aïeux, s’il néglige de connaître son terroir et de vivre selon son identité : l’amour ne peut pas se diviser, amour de Dieu et amour de la patrie sont deux flammes d’un même feu. Comme Pie XII disait, nous pensons que « le chrétien ne le cède à personne en matière de fidélité à sa patrie terrestre », que nous sommes appelés à « un amour de prédilection », de préférence, à l’égard de notre patrie. C’est ce que l’Eglise a toujours promu depuis le 4ème commandement (« Tu honoreras ton père et ta mère »… donc tes anciens et ta race) : pour saint Augustin, « celui qui ne prend pas soin d’abord des siens est pire qu’un infidèle ». Le libéralisme a contaminé toutes les institutions et l’Eglise, dans sa réalité humaine, institutionnelle, n’a pas échappé à l’infection. Toutefois, le catholicisme est d’abord une foi et des pratiques cultuelles, ce n’est pas un programme politique. Il faut rendre leur dû au Bon Dieu et à César. Unité spirituelle, oui ; uniformité culturelle, non ! Regardez les stavkirke, églises en bois debout de Scandinavie, l’art indigéno-hispanique du Pérou ou l’architecture extrême-orientale des églises catholiques japonaises : voilà le catholicisme, le vrai, et de nombreux prélats, du cardinal Sarah à l’archevêque de Valence en passant par Mgr Kiss-Rigo, de Hongrie, ou Schneider, du Kazakhstan, se lèvent contre la nouvelle tour de Babel. 

ÉLÉMENTS. Qu’est-ce que votre génération, celle d’Académie Christiana, doit aux travaux de la Nouvelle Droite ? Quels sont les points de rencontre et de rupture ?

JULIEN LANGELLA : A Academia Christiana, nous apprécions au sein de la Nouvelle Droite ce rejet du libéralisme, ennemi absolu auquel de nombreux catholiques, par antigauchisme primaire et psychologie bloquée au temps de la guerre froide, ont succombé par ignorance. Nous devons à la ND d’avoir maintenu le flambeau d’une pensée de « Droite » au sens noble et d’avoir fait œuvre de pédagogie sur le localisme et la décroissance en actualisant le rejet du productivisme par des alternatives enracinées. Nous y retrouvons la saveur des positions de certains catholiques du XIXe siècle, qui prônaient déjà, allié à un royalisme intransigeant, un « moratoire » sur l’industrialisation (Alban de Villeneuve-Bargemont) et la recréation de ceintures agricoles structurées par la petite propriété (G.K. Chesterton). Peu importe les apparences changeantes, encore une fois, c’est notre maître mot : toute vérité est nôtre !

Programme complet

1er colloque annuel d’Academia Christiana le 26 octobre 2019, à Paris, sur le thème : « Regards croisés sur notre identité » organisé en partenariat avec la revue Éléments.

Le déracinement déracine tout sauf le besoin de racines. L’affirmation identitaire est partout jusque dans ses pires caricatures, entre narcissisme LGBT, névrose féministe et fierté immigrée. Mais certaines identités n’ont pas droit de cité : nos appartenances légitimes et historiques à un terroir, une nation et une civilisation. Contre la nouvelle Tour de Babel et l’utopie totalitaire d’une humanité hors-sol, des Européens se lèvent. Inspirés par l’idéal de chrétienté ou l’héritage antique, suivant les héros ou les saints, ils combattent pour la renaissance de leurs patries.

Le 26 octobre 2019 à Paris, de 14h à 19h, Academia Christiana et la revue Éléments réunissent un panel d’auteurs, de militants, d’historiens et d’acteurs de terrain sur le thème : « Regards croisés sur notre identité ». Sans œcuménisme mondain ni esprit de confrontation stérile, nos invités – catholiques, païens, agnostiques ou athées -, tous Français et Européens, présenteront leur vision de notre civilisation, les moyens de la défendre et les raisons d’agir ici et maintenant.

Alain de Benoist : « La religion du Progrès »

Directeur des revues Krisis et Nouvelle Ecole, éditorialiste au magazine Eléments, on ne présente plus Alain de Benoist : journaliste, essayiste et philosophe païen. Du populisme à la décroissance en passant par le socialisme et le Tiers-Monde, Alain de Benoist contribue depuis cinquante ans au débat public. De Descartes au transhumanisme, la religion du Progrès sème la dévastation. Refuser le progressisme suffit-il ? Sommes-nous tous antiprogressistes ? Alain de Benoist proposera quelques réponses.

Guillaume Travers : « L’Argent-roi et la Tradition »

Journaliste et maître de conférences en Economie de la finance dans une célèbre école de commerce, Guillaume Travers, trentenaire, porte un regard sans concession sur la marchandisation du monde avec un talent rare de pédagogue. Il nous entretiendra sur le statut réel de l’argent dans les sociétés traditionnelles, la grande transformation opérée à l’ère contemporaine et le caractère contre-nature de l’économisme, qui a phagocyté les intelligences.

Julien Langella : « Le combat identitaire et l’Eglise »

Co-fondateur de Génération identitaire et porte-parole d’Academia Christiana, converti adulte à la vraie foi, Julien Langella est journaliste à Présent et écrivain, auteur de « Catholiques et Identitaires. De la Manif pour tous à la reconquête. » (DMM)
Fièrement provençal, Français par destin et Européen convaincu, il abordera la question de l’universalisme chrétien et de l’Eglise face aux identités enracinées.

François Bousquet : « Le christianisme populaire ».

Rédacteur en chef d’Eléments et directeur de La Nouvelle Librairie dans le Quartier Latin, François Bousquet, agnostique et chrétien de culture, défend le Beau, le Bien et le Vrai par la littérature. Son intervention portera sur le christianisme populaire, enraciné dans la longue mémoire et les habitudes des Français.

Philippe Conrad : « L’esprit du christianisme médiéval ».

Acteur du GRECE, successeur de Dominique Venner à la tête de La Nouvelle Revue d’Histoire et président de l’Institut Iliade, l’historien Philippe Conrad est un passionné de l’âme médiévale, notamment hispanique et latine. Il nous montrera l’importance de retrouver l’esprit du christianisme médiéval.

Jean-Yves le Gallou : « Les champs de bataille de l’Europe »

Enarque, ancien député européen et conseiller régional FN puis MNR, président de la fondation Polémia et animateur de la réinformation, Jean-Yves le Gallou pratique aussi l’alpinisme. Essayiste, il a conceptualisé la préférence nationale et identitaire européenne. Il nous montrera ce que l’Europe, la vraie, faite des peuples et des nations, doit à la force des armes.

Gilles de Beaupte : « Nietzsche vu par un chrétien »

Enseignant à l’Institut catholique de Paris et spécialiste de Lucien Rebatet, Gilles de Beaupte s’intéresse particulièrement à l’antichristianisme ; notamment celui de Nietzsche : cet ennemi radical auquel certains chrétiens devraient se confronter pour l’intelligence et la purification de leur foi.

Jean-Pierre Maugendre : « Les racines grecques de l’Europe chrétienne »

Militant catholique, éditeur de plusieurs manuels scolaires dont une remarquable Histoire de France, Jean-Pierre Maugendre irrigue aussi la réflexion politique des chrétiens avec les Actes de l’Université d’été de Renaissance catholique, dont il est le président, et œuvre pour réunir les résistants à la nouvelle Tour de Babel. Il démontrera ce que la chrétienté doit aux grandes heures de la Grèce éternelle.

Nicolas de Groote : « Le héros grec et le saint chrétien »

Enseignant à l’Institut catholique de Paris, auteur de « L’ordre de l’esprit. Pascal et les limites de la philosophie », paru en 2016, Nicolas de Groote chante la grandeur et la misère de la philosophie. Il nous montrera la proximité et la distance entre le héros grec et le saint chrétien, fécondateurs de l’Europe de toujours.

Guillaume Bernard : « L’universalisme moral du christianisme, facteur de déracinement social ? »

Historien du droit, politologue et animateur de l’Appel d’Angers pour l’unité de la droite en 2018, Guillaume Bernard est auteur de « La guerre à droite aura bien lieu : le mouvement dextrogyre » (DDB). Il disséquera le personnalisme chrétien, courant aujourd’hui méconnu qui a pourtant engendré de nombreuses dérives intellectuelles et continue d’empoisonner le raisonnement des fidèles.

Abbé Matthieu Raffray : « Saint Thomas : la philosophie païenne au service du catholicisme »

M. l’abbé Matthieu Raffray est membre de l’Institut du Bon Pasteur ; il enseigne la théologie et l’histoire de la philosophie au séminaire de Courtalain, studium de cet institut. Après un master en mathématiques fondamentales, puis un master de philosophie, il a obtenu sa licence canonique de théologie à l’ISTA. Il prépare actuellement un doctorat de philosophie à la Sorbonne, sous la direction de Ruedi Imbach, sur la notion de relation chez les théologiens médiévaux.

Abbé Nicolas Télisson : « Le catholicisme : religion de l’incarnation »

Jeune prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, l’abbé Nicolas Télisson approchera la figure du plus célèbre Docteur de l’Eglise, critiqué par une partie du clergé au XIIIe siècle pour ses réflexions sur l’intérêt de la pensée préchrétienne. Une leçon d’une actualité brûlante tant les catholiques doivent apprendre à réfléchir en liberté à la lumière du Bien commun.


Inscription : https://www.weezevent.com/colloque-academia-christiana
Date : Samedi 26 octobre 2019 (14-19h)
Lieu : Espace Paris-Story, 11bis, rue Scribe 75009 PARIS

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