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Apprendre à dire merde aux ligues de vertu avec Alain de Benoist

Le nouvel essai d’Alain de Benoist, La chape de plomb. Une déconstruction des nouvelles censures, paru aux Éditions de La Nouvelle Librairie, est dédié à Claude Chollet, le président de l’Observatoire des journalistes, en butte depuis plusieurs mois aux tentatives de censure de Twitter et de Radio France.

« Reductio ad Hitlerum », procès d’intention, détournements, trucages, amalgames, chasses aux sorcières, démissions forcées… La Nouvelle Droite n’a pas attendu 2020 pour découvrir les méthodes des petits flics de la pensée. Le nouvel essai d’Alain de Benoist La chape de plomb, dont le sous-titre propose une « déconstruction des nouvelles censures », est dédié à Claude Chollet, le fondateur de l’indispensable Observatoire des journalistes et de l’information médiatique (OJIM). Cela n’a rien d’un hasard, jamais dédicataire ne fut plus concerné par le sujet : Claude Chollet a en effet été marqué au fer rouge par la censure et la diabolisation. En 1980, il était responsable des relations presse du GRECE (Groupement de recherches et d’études pour la civilisation européenne), en première ligne face à une déferlante médiatique jamais vue contre un club de réflexion, déclenchée par la Licra, le Parti socialiste, Le Monde, L’Express et, à leur suite, une grande partie des médias, accusant la Nouvelle Droite d’être rien de moins que le commanditaire de l’attentat de la rue Copernic, qui a fait rappelons-le quatre morts et une quarantaine de blessés le 3 octobre 1980 ! « Plus nous condamnions cet acte odieux, plus nous étions coupables. Je me souviens d’une conférence de presse en italien, avec des journalistes qui nous assaillaient pour savoir si Alain de Benoist revendiquait l’attentat ! », évoque aujourd’hui Claude Chollet. C’est dire si les fake news n’ont pas besoin d’Internet pour exister, il leur faut simplement l’assentiment de la Licra et quelques séides comme Bernard-Henri Levy, Georges Sarre, ou Jean-François Khan. Quarante ans plus tard, on n’en a jamais fini avec les délires. Le dédicataire du livre d’Alain de Benoist affronte toujours la censure puisque le compte de l’Observatoire du journalisme a récemment été suspendu par Twitter pendant six semaines avant d’être rétabli sans explication. Cette semaine encore, c’était au tour des avocats de Radio France de faire pression pour suspendre le service d’hébergement Web de son site pour « contenus illicites ».

De la chasse aux sorcières à la chasse aux confrères

Sans jamais se complaire dans les lamentations, Alain de Benoist aborde la censure à la manière d’un chirurgien. Les citations précises et sourcées font dresser les cheveux sur la tête. Il ne se borne pas à décrire et à déplorer les phénomènes de censure, il analyse les modes de fonctionnement en six chapitres (Nouvelle inquisition, pensée unique, système des médias, société de surveillance, transparence et « Reductio ad Hitlerum ».)

Soyons clairs, prévient-il d’emblée, il y a toujours eu des censures. Comme dirait le chroniqueur Alexandre Vialatte, elle remonte même à la plus haute Antiquité. La grande différence, nous explique Alain de Benoist, c’est le surgissement du politiquement correct, « surgeon de l’idéologie des droits, à commencer par le droit d’avoir des droits ». La censure n’est plus le fait des pouvoirs publics, mais des ligues de vertu, des grands médias, et désormais des journalistes eux-mêmes, qui entendent tout naturellement garder bonne conscience en se situant toujours du côté du Bien. Alain de Benoist résume la situation d’une formule : « L’ancienne morale disait aux gens ce qu’ils devaient faire, la nouvelle morale décrit ce que la société doit devenir. » De la chasse aux sorcières à la chasse aux confrères, des journalistes exigent qu’on fasse désormais taire d’autres journalistes, des écrivains pétitionnent pour censurer d’autres écrivains. Si autrefois la censure a pu assurer gloire médiatique et reconnaissance du public à quelques-unes de ses victimes (Boris Vian, Georges Brassens, Maxime Le Forestier, etc.), aujourd’hui c’est tout le contraire. S’appuyant sur le droit abusivement donné aux associations de se porter partie civile aux noms d’individus qui ne leur ont rien demandé, les ligues de vertus infligent mort sociale et distribuent les peines de prison à tout-va (Vincent Reynouard, Alain Soral, Hervé Ryssen). On en est au point que plaider contre la censure revient à plaider en faveur des censurés ! Paradoxe du temps, Alain de Benoist rejoint Riss, le directeur de Charlie Hebdo qui, dans un éditorial du 7 janvier 2020, plutôt bien senti sur les nouveaux visages de la censure, écrivait : « Hier, on disait merde à Dieu, à l’armée, à l’Église, à l’État. Aujourd’hui, il faut apprendre à dire merde aux associations tyranniques, aux minorités nombrilistes, aux blogueurs et blogueuses qui nous tapent sur les doigts comme des petits maîtres d’école. »

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