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Violence dans le monde : encore un coup des complotistes !

Violence dans le monde : encore un coup des complotistes !

Savez-vous ce qui inquiète particulièrement l’ONU actuellement ? Les vagues de bombardements sur Gaza, la guerre civile au Yémen, les persécutions des minorités ethniques en Birmanie, le sort des enclaves serbes au Kosovo ? Non, vous n’y êtes pas. Ce qui empêche de dormir Volker Türk, haut-commissaire aux droits de l’homme de l’organisation internationale, c’est « l’influence apparemment croissante des théories du complot, dites du "Grand Remplacement" » qui, selon lui, « incitent directement à la violence dans le monde ». Sur « Boulevard Voltaire », Nicolas Gauthier s’amuse de cette étrange hiérarchie des préoccupations et revient sur cette expression controversée.

Déjà incapable de résoudre les innombrables conflits en cours sur la planète, voilà que l’ONU s’applique à en susciter de nouveaux. Ainsi, Volker Türk, haut-commissaire aux droits de l’homme de cette organisation internationale, affirme-t-il : « Dans de nombreux pays, y compris en Europe et en Amérique du Nord, je suis préoccupé par l’influence apparemment croissante des théories du complot, dites du « Grand Remplacement ». » Mieux, poursuit-il, cette théorie a « directement incité à la violence dans le monde ».

Et BFM TV d’assurer : « L’auteur de l’attentat contre des mosquées de Christchurh en Nouvelle-Zélande, en mars 2019, qui avait fait 51 morts, avait évoqué cette théorie dans le manifeste justifiant son passage à l’acte. » On a rarement vu raisonnement plus spécieux.

Et les violences communiste et islamistes ?

Au siècle dernier, les terroristes d’extrême gauche s’inspiraient des écrits marxistes-léninistes, tandis que leurs actuels homologues islamistes le font de certains préceptes musulmans. Faut-il pour autant interdire la lecture du Capital et du Coran ? Quant à Anders Breivik, responsable de la mort de 77 personnes et en ayant blessé 151 autres en Norvège, en juillet 2011, il était adepte frénétique de rap et de jeux vidéo. Faudra-t-il donc prohiber Booba et Super Mario pour assurer la tranquillité à la surface du globe ?

D’ailleurs, dans ces milieux patriotes que Volker Türk pointe implicitement du doigt, l’emploi de l’expression « Grand Remplacement » est loin d’être la norme. Ce, d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une « théorie » mais d’un simple constat, à lire son père sémantique, l’écrivain Renaud Camus.

Une expression sujette à caution, même dans les milieux patriotes ?

Interrogé sur la question sur Boulevard Voltaire, le philosophe Alain de Benoist répondait ainsi, en février 2018 : « Je ne suis pas surpris du succès de cette expression, bien propre à frapper les esprits, qui évoque aussi le Grand Dérangement dont furent victimes les Acadiens entre 1755 et 1763. Je suis seulement soucieux du sens des mots. Remplacer une population, cela signifie qu’on l’enlève pour la faire disparaître et qu’on la remplace par une autre (c’est, précisément, ce qui est arrivé aux Acadiens, qui furent déportés notamment vers la Louisiane) [au même titre que les Indiens d’Amérique, remplacés par les colons, sur ordre de Washington, NDLR]. En France, aujourd’hui, ce n’est vrai que dans des endroits bien circonscrits, par exemple lorsqu’une banlieue se vide entièrement de sa population d’origine européenne pour être remplacée par une population d’origine étrangère. »

Et le même de poursuivre : « Mais, même dans ce cas, la population touchée par le « white flight » ne disparaît pas, elle s’éloigne pour aller vivre ailleurs. À l’échelle du pays, il n’y a pas, à proprement parler, de remplacement. En revanche, il y a un continuel apport extérieur qui transforme la population d’origine européenne, qui modifie ses habitudes sociales, sa façon de vivre, sa manière de voir le monde, ses valeurs spécifiques, etc. Cette transformation n’est pas une mince affaire, elle est même d’une importance capitale, mais ce n’est pas, au sens propre, un remplacement. La population française n’est pas remplacée, mais elle est peu à peu transformée. C’est pourquoi je parlerais plutôt de « Grande Transformation ». »

De son côté, Marine Le Pen n’emploie jamais l’expression en question, préférant évoquer la submersion ou la déferlante migratoire, termes autrement plus idoines et prêtant moins le flanc aux fantasmes, à l’instar de ce « grand réchauffement » évoqué par certains écologistes. La preuve en est que ces forgeries langagières en arrivent à toucher au domaine religieux, certains olibrius n’hésitant désormais plus à vous demander si vous croyez à l’un ou à l’autre.

Toujours dans le même registre, Volker Türk met dans le même sac les opposants à la culture woke. En filigrane et en ligne de mire, « l’estrême drouate », évidemment, sachant, à l’en croire, que ces « idées visent à exclure les minorités raciales – en particulier les femmes issues de minorités raciales – et les personnes LGBTQI+ de la pleine égalité ».

Ce disant, notre homme oublie nombre de ces pays où la question ne se pose même pas, ceux du continent africain ou du monde arabo-musulman par exemple, dans lesquels les gouvernements n’ont pas besoin d’associations « réactionnaires » pour faire pièce à leurs homologues « progressistes ». La culture ancestrale de ces peuples archaïques, au sens noble du terme s’entend, suffit. Pour résumer, mieux vaut être homosexuel à New York qu’à Bagdad, à Versailles qu’à Bobigny.

Quoi qu’il en soit, et au-delà des nécessaires ajustements dialectiques, on ne sait combien Volker Türk est payé chaque mois par l’ONU. Mais c’est sûrement trop. Beaucoup trop.

Source : Boulevard Voltaire

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