En 2030, on estime que la moitié de la planète sera obèse ou en surpoids, entraînant une explosion du diabète, des maladies cardio-vasculaires et de certains cancers. Comment expliquer cette épidémie mondiale, qu’aucun pays n’est encore parvenu à enrayer ? Alors que l’obésité charrie son lot de clichés, des gènes tout-puissants aux volontés individuelles défaillantes, et que les industriels comme les autorités publiques continuent de pointer du doigt le manque d’activité physique (« Manger moins, bouger plus »), ce fléau ne serait-il pas le fruit d’un échec collectif mitonné dans nos assiettes ? À la fin des années 1970, le combat contre le gras, désigné comme responsable des maladies cardio-vasculaires, fait des céréales, riches en glucides et massivement subventionnées, la nouvelle base de notre alimentation. Parallèlement, des produits transformés, allégés en matières grasses mais bourrés de sucre, au pouvoir addictif décuplé par le marketing, déferlent sur le marché. Alors que des voix s’élèvent pour dénoncer les conséquences funestes de cette révolution, les multinationales de l’agroalimentaire, jamais rassasiées, dépensent des milliards en lobbying pour préserver leur pré carré, tout en répandant le poison de la malbouffe et des boissons sucrées à travers le globe. Si certains pays ont adopté des « taxes soda » ces dernières années, c’est au Chili que le vent de révolte souffle le plus fort : les produits trop riches en gras, sel, sucre ou calories sont frappés de logos d’alerte et interdits de publicité.
Colonisation alimentaire
« On ne peut pas rester les bras croisés et les laisser nous tuer », soutient Malia Cohen, élue de la ville de San Francisco, émue aux larmes. Des États-Unis au Chili en passant par le Mexique et l’Europe, Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade (« Microbiote – Les fabuleux pouvoirs du ventre », « Le jeûne, une nouvelle thérapie ? ») donnent la parole à des chercheurs, des médecins, des victimes culpabilisées, des politiques et des citoyens engagés pour dresser un état des lieux édifiant de cette épidémie planétaire, qui constitue le problème de santé le plus grave au monde. Mais si les constats, étayés de chiffres, se révèlent effrayants, le documentaire en expose les causes de manière limpide et explore des solutions pour stopper cette bombe à retardement. Au-delà des réglementations obtenues de haute lutte, la prise de conscience des jeunes déshérités de San Francisco, propagée à travers des clips de rap incisifs, apparaît ainsi comme une vivifiante lueur d’espoir.