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« Tout le pays est rouge » de Frédéric Rouvillois : des maoïstes bien timbrés

« Tout le pays est rouge » de Frédéric Rouvillois : des maoïstes bien timbrés

Les petits gardes rouges français sont devenus des mandarins, stars de la pub et vedettes la presse, mais ils ont conservé de leurs années de militantisme un esprit de secte : sectaire mais aussi sicaire. Car il est ici question de meurtres. Le commissaire Lohmann et la capitaine Morin mènent l’enquête sous la dictée de Frédéric Rouvillois.

Leurs précédentes aventures policières les avaient menés dans le milieu universitaire, puis dans celui de l’art contemporain ; cette fois-ci, Frédéric Rouvillois plonge le commissaire Lohmann et sa partenaire privilégiée, la capitaine Morin, dans le milieu maoïste français des années 70.

Régis Signoret, sinologue septuagénaire, est découvert mort, égorgé dans son appartement parisien. Ce dernier a une longue carrière d’activiste politique derrière lui. Maoïste très actif au moment de la révolution culturelle chinoise, il a créé le groupe militant la Taupe Rouge, dont les membres se réunissent tous les ans depuis cinquante ans (à la date anniversaire du lancement de la Révolution culturelle chinoise).

L’enquête conduit ainsi la Police vers le passé de militant d’extrême gauche de Signoret et à s’intéresser aux membres de ce groupuscule maoïste. Comme beaucoup de professionnels de l’agitation gauchiste post-mai 68, les révolutionnaires sont devenus l’avant-garde du capitalisme triomphant (hommes d’affaires libéraux ou personnalités médiatiques).

Durant l’enquête, on redécouvre les sales méthodes des soixante-huitards de l’époque (ne reculant devant aucune manipulation ni tromperie pour qu’advienne leur idéal) et on replonge notamment dans l’affaire de Bruay-en-Artois. Le polar fourmille d’événements historiques et de personnages dont la ressemblance avec des patrons de presse (Serge July) ou des écrivains (Philippe Sollers) n’est pas fortuite. Rouvillois nous immerge totalement dans le milieu maoïste militant de l’époque, et nous montre ce qu’il est devenu.

Philatélie, cocaïne et Gauche prolétarienne au programme de ce troisième opus des enquêtes policières du duo de Rouvillois, qui se poursuivent cet été avec leur quatrième aventure : La constante de Théodore.

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