Un vocabulaire qui prolifère mais une langue empoisonnée
La novlangue décrite dans le roman 1984 de George Orwell se basait sur un appauvrissement des mots, « le langage s’épuisant comme peau de chagrin », décrit Thomas Clavel. Mais dans le langage post-moderne, l’auteur observe au contraire « une prolifération, une augmentation du nombre de mots ». « Le vocabulaire s’appauvrit mais certains mots apparaissent tout à coup et deviennent des mots de cette novlangue post-moderne », note-t-il. À titre d’exemple, Thomas Clavel pense justement au mot « confinement », « sorti de nulle part qui peut être remplacé par enfermement ou emprisonnement général ».
Mais c’est également le cas pour les mots « amalgame, stigmatisation », qui « empoisonnent la langue », estime l’auteur. C’est d’ailleurs sur ces préceptes que son personnage principal, Maxence sera emprisonné. « Maxence compare une télévendeuse, aux méthodes peu scrupuleuses, aux roms qui lui font les poches dans le métro à l’heure de pointe. Ce mot lui sera reproché par un procès verbal, puis par la police, qui va se rendre compte qu’il est coutumier du fait, qu’il a écrit une critique littéraire sur Renaud Camus, qu’il a également, lors d’un partiel, attribué une note et une appréciation mauvaises à une élève issue de la Diversité, avec un D majuscule », raconte Thomas Clavel. Des « micro crimes » qui l’emmèneront vers un « procès en sorcellerie ».
Une idéologie victimaire
Pour Thomas Clavel, cette histoire n’est pas simplement une fiction. « Cette police est au pouvoir, j’ai parfois l’impression que ce que j’écris dans mon roman est très en deçà de ce que j’observe dans la réalité », s’inquiète-t-il. Pour exemple, la décision du New York Times d’écrire « Black » en majuscule et « white » en minuscule relève « d’une idéologie victimaire, de religion victimaire ». « Tout tourne autour de la langue, des mots » dans cette histoire, souligne l’auteur. « Il y a d’abord un empoisonnement des mots puis un emprisonnement de la langue », déplore-t-il.
Emprisonné, embastillé, Maxence « se rend compte que les mots étant traqués à ce point, il se donnera comme travail de leur redonner leur sens originel ». C’est alors qu’il va « s’armer de grands auteurs qu’il a en tête » pour former un « club » avec quelques détenus, avec lesquels « il va se prendre à redonner à la langue ses lettres de noblesse ».
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