Je commence avec une petite devinette pour nos amis de la droite bolloréenne : par les temps qui courent qu’est-ce qu’il y a de plus nocif pour la France qu’un Arabe non-assimilé ? Réponse : un Arabe trop bien assimilé…
L’idée de Rilès – à savoir faire courir un rappeur pendant 24h sur un tapis de course devant une scie circulaire géante – était a priori excellente ; elle avait du moins tout pour me plaire, à condition bien sûr que ce dernier ait autant de chance de s’en tirer qu’un taureau entrant dans l’arène un jour de corrida. Mais voilà, encore une fois dans cette nouvelle histoire en carton, tout est faux ; durant 24h il ne se passera rien – aucune trace à aucun moment de l’accident tant espéré, juste le cours morbide du monde tel qu’il ne va pas. Derrière ce non-événement, c’est toujours le même toc de notre post-civilisation créolisée qui continue de veiller méticuleusement à la perpétuation de la catastrophe en cours.
Avec la sortie de son nouvel album « Survival mode » (« En mode survie » en français vernaculaire), il fallait bien un bon « coup de com’ » à notre vedette inconnue pour assurer sa promotion. Grâce au concours de l’ensemble des médias français, c’est désormais chose faite ! Et comme ces « créatrices de contenus » qui ont pris dernièrement l’habitude de multiplier le maximum de partenaires sexuels en un temps record pour créer le « buzz » et « booster » leur clientèle – une pensée toute particulière pour Bonnie Blue et ses 1057 partenaires en seulement 12h, bravo Bonnie ! –, voilà notre rappeur-influenceur bien déterminé à décompter 24h durant chaque minute en trottinant tranquillement en direct sur sa chaîne YouTube. C’est bien connu, après l’Histoire – et après le monde de la qualité – on compte et on décompte ; on ne sait même plus faire que ça, tout englouti dans le règne interminable de la quantité, on compte et on décomptera encore à l’infini n’importe quoi.
« Métaphores des pressions sociales » au secours des ventes de disques
Création artistique oblige, on sort dans ce cas-là tout l’attirail pompeusement jargonneux qui va avec ; et notre ami Rilès ne s’en prive pas : « Le dispositif tranchant en place à l’arrière agit comme une métaphore des pressions sociales et personnelles qui nous poussent à aller toujours plus loin, malgré la fatigue, la douleur ou la peur ». Tout ça pour retrouver notre hamster héroïque entre quatre murs de plexiglass, dans un décor futuriste inondé de lumière blanche. C’est fou comme cette fin du monde peut se prendre au sérieux ! « Les gens vont rentrer comme dans un musée avec une œuvre et je ferai partie de l’œuvre ». Car que l’on ne s’y méprenne pas, il s’agit bien là d’un défi physico-artistique – pour ne pas dire artistico-physique – sans parler de sa dimension métaphorico-philosophique : « L’œuvre explore la ligne entre persévérance et obsession, entre contrôle et abandon, questionnant la capacité de l’esprit à surpasser les limites du corps en situation de survie. À travers cette performance, l’artiste interroge la résilience mentale et physique face à l’adversité. » Oui, tous ces mots copulant ensemble à la fois ! C’est beau comme du Jeff Koons, profond comme du Nekfeu.
Même si tout ça nous éloigne passablement – changement de langue oblige ? – de l’œuvre de notre génie du Verbe et du refrain légèrement moins philosophique de son titre « Pesetas » sorti en 2018 :« I’dont give a fuck / Y’all can suck my dick / I’m making pesetas while they’re talking, talking shit / Nah, I don’t give a fuck / Don’t waste my time for this / I’m making my dollars, dollars while they’re tweeting / Tweets » où l’on retrouvait pourtant – paraît-il – une certaine influence Snoop-doguienne dans le style, pour une version postmoderne « Dick, Tweets & Pesetas » du fameux « Sex, Drugs & Rock’n’Roll »… Mais cette analyse de texte nous emmènerait trop loin. N’est pas Kanye West qui veut ; on ne resplendit pas tous chaque jour d’intelligence sur les écrans du monde.
Le doigt d’honneur de la victoire
À l’arrivée, un petit doigt d’honneur de bon aloi envers l’écran d’affichage qui lui fait face – « Whesh jt’ai bien niqué les kilomètres » –, l’artiste qui sort son smartphone pour immortaliser l’instant, et puis la communion sublime avec son public. Oui, il faut avoir vu la masse d’idolâtres de la bêtise aux visages parfaitement niais – la ribambelle étroniforme de survêtements noirs encapuchonnés et de bobos à moustache contemplant Rilès derrière sa vitre en plexiglass – pour comprendre l’étendue du désastre dans la post-France de ce début de XXIème siècle.
Dans toute cette sombre histoire, le pauvre Rilès n’aura jamais été rien d’autre qu’un produit bassement commercial, un simple selfie de la fin du monde égaré parmi tant d’autres, le parfait symptôme – physiquement et chimiquement pur – du monde qu’il prétend habilement dénoncer, un érotomane tombé dans l’engagement artistique comme on glisse sur une bouse de vache, perdu entre une sociologie lobotomisante et le foutoir syncrétiste d’une spiritualité pseudo-philosophique à un euro cinquante le kilo sur internet. Malgré ça, avec le succès de son « Surival Run », Rilès nous fait hélas la démonstration que la postmodernité est un suicide à l’instinct de survie bien développé.
Le drame du Français moyen, dans tout cette comédie surréaliste, c’est qu’il est fort probable que l’islam représente la dernière force authentiquement d’extrême-droite capable de sonner un jour la fin de la récréation dans ce pays vermoulu… Encore un effort messieurs Macron et Mélenchon, la partouze créolisée, c’est déjà presque terminé !
© Photo : Capture d’écran. Le rappeur Rilès Kacimi, a débuté samedi 8 février à midi une performance. Courir sans interruption pendant 24 heures sur un tapis de course, avec une scie circulaire derrière lui.