Le magazine des idées

Supplique : Rendez-nous Alain Juppé !

Au vu de la médiocrité de Macron et du gouvernement, l’heure est venue d’adresser solennellement une supplique anachronique à nos décideurs dilettantes, deux même.

La première supplique exprime une mélancolie misanthrope parisienne. Car il demeure bien quelques parisiens résiduels parmi la rédaction d’Éléments qui recouvre pourtant une vastitude de territoires français et européens.

Ne déconfinez pas, de grâce, Paris ! Jamais, sous aucun prétexte !

Laissez-nous la joie du vide et de l’Esseulement comme le titre du recueil de notes philosophiques foutraques de Vassili Rozanov publié à L’Âge d’homme – suivi d’ailleurs de Mortellement, ce qui n’augure rien de bon pour la suite.

Ne nous rendez pas les autos laides, les bistros factices, les boutiquiers putassiers, les cadres supérieurs et les consultants, parasites du tertiaire, les touristes du post tiers-monde en bermuda ni les journalistes ni les graphomanes ni les curés de gauche.

Désormais les canards se promènent à la queue leu leu rue de Rivoli et les goélands attaquent les drones de la préfecture de police. Et l’on entend les mésanges chanter depuis les Tuileries.

Le meilleur d’entre nous

Mais en revanche, par pitié, rendez-nous Alain Juppé ! Car il est indiscutablement le meilleur d’entre nous. Rendez-nous la bourgeoisie sérieuse, rendez-nous de vrais technocrates chauves avec des costumes et des cravates austères. Ils vendraient père et mère pour un poste ou un sondage mais ils savent au moins lire un dossier, pondre une note, prendre à peu près une vraie décision. Là, il y a plus grave que la malhonnêteté et l’erreur des idées, il y a l’incompétence crasse, l’ahurissant analphabétisme politique et administratif. Que l’État profond, pourtant détestable, fasse son job.

Le génial Jean Baudrillard nous envoyait déjà des signaux d’alerte dans ses Cool Memories (période 1987-1990) : « Le problème actuel de la classe politique, c’est qu’il ne s’agit plus de gouverner, mais d’entretenir l’hallucination du pouvoir, ce qui exige des talents très particuliers. Produire le pouvoir comme une illusion, c’est comme jongler avec des capitaux flottants, c’est comme danser devant un miroir. Et s’il n’y a plus de pouvoir, c’est que toute la société est passée du côté de la servitude volontaire. »

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