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Primaires US : Mike Pence, suicide en direct...

Primaires US : Mike Pence, suicide en direct…

Mike Pence, vice-président des États-Unis quand Donald Trump occupait la Maison-Blanche, s’est lancé dans les primaires présidentielles du Parti républicain de 2024. Mal lui en prit. Un débat avec Tucker Carlson plus tard, il est pour ainsi dire mort. L’Amérique ? Il s’en fout. Sa seule préoccupation ? L’Ukraine, l’Ukraine, l’Ukraine – jusqu’au dernier Américain. Face à la puissance des néocons, il n’y a que deux candidats : Trump et Robert Kennedy Jr. Nul doute que les néoccons feront tout pour empêcher qu’ils soient élus – au besoin en truquant les votes par correspondance. Le point de Lionel Rondouin.

Avez-vous déjà vu un politicien se suicider en direct sur un plateau ?

C’est plaisant à voir. Un peu gore, il est vrai, le spectacle est cruel. Mais c’est plus drôle qu’une série Netflix ou un film Disney avec Jeanne d’Arc jouée par une Ngériane lesbienne musulmane ; ou Charlemagne interprété par un personnage à verticalité contrariée (en français classique : un nain), Afghan, transgenre, cul-de-jatte, initié aux joies sereines du sadomasochisme passif par un sergent féminin noir de l’US Army dans une prison de Kaboul.

Il y a quelques jours se tenait à Des Moines, capitale de l’Iowa, une convention du Parti républicain local, à laquelle participaient les candidats à la primaire du parti. Je rappelle que la primaire vise à désigner le candidat qui affrontera Joe « sleepy » Biden, le sénile corrompu jusqu’à l’os de la Maison-Blanche, en 2024.

Seule ombre au tableau de cet événement politico-médiatique, il manquait au raout de Des Moines le seul candidat républicain capable de vaincre Biden, l’inoxydable Donald Trump, qui n’aime pas se mêler aux pince-fesses de l’aile droite du mono-parti (les États-Unis sont dirigés par un parti unique, qui réunit l’aile fictive démocrate et l’aile fictive républicaine ; c’est comme en France avec Renaissance/LR/PS, comme en Allemagne avec le parti unique SPD/Verts/CDU, c’est ce qu’on appelle la démocratie).

Ukraine first !

Le comité local du GOP (Great Old Party, le parti républicain) a eu l’idée taquine de convier Tucker Carlson pour interviewer, tour à tour, les candidats à la primaire.

Carlson, c’est un personnage ! Animateur vedette de Fox News, il en a été viré parce qu’exagérément anti-woke, et ce malgré des audiences record. Ce journaliste brillantissime s’est reconverti sur Twitter et l’audience de ses émissions dépasse dorénavant tous les prime times de l’établissement médiatique et des chaînes prétendument « nationales ».

Adonc, Tucker Carlson se retrouve face à face avec l’ancien vice-président Mike Pence, un représentant typique de la classe politique que Donald Trump appelle du doux nom de RINOs, the Republicans In Name Only, les gens qui ne sont républicains (de droite) que de nom. Toute ressemblance avec Ciotti et Marleix serait bien entendu une coïncidence fortuite. 

En bon journaliste, Carlson pose à Mike Pence, candidat à la magistrature suprême, la question de fond qui s’impose : « Monsieur le vice-président, si vous êtes élu Président des États-Unis, quelles seront vos priorités ? »

Et là, Mike Pence part en vrille…

Avec des accents hystériques, Pence explique que le problème à régler, c’est que les Ukrainiens n’ont pas reçu assez d’argent et d’armements ; que Biden n’aide pas assez l’Ukraine ; que la première préoccupation de l’exécutif (le gouvernement) américain, c’est l’Ukraine ; qu’il faut mobiliser les États-Unis pour soutenir l’Ukraine ; et que et que…

Au bout de quelques dizaines de secondes de transe frénétique de Mike Pence (c’est à voir absolument sur Twitter – on dirait Sandrine Rousseau sur le mâle blanc ou le barbecue patriarcal oppressif planétocide), Carlson avance une objection.

« Soit, Monsieur le vice-président, mais depuis trois ans l’état des infrastructures du pays s’est encore dégradé. Les routes ne sont pas entretenues, les ponts menacent de s’écrouler. L’insécurité n’a jamais été aussi forte, le revenu des Américains baisse et l’économie des États-Unis se dégrade, la criminalité flambe, le taux de suicide augmente significativement, et vous dites qu’il faut continuer d’envoyer des dizaines de milliards de dollars à un pays que la majorité des citoyens ne sauraient pas placer sur la carte ? Que dites-vous sur tout cela aux citoyens américains ? »

Et là, redevenu calme et serein, Mike Pence répond : « It’s not my concern ! »

Ce n’est pas mon souci, ça ne m’intéresse pas, JE M’EN FOUS !

Eh ben ! Comme ça, c’est clair…

Les Américains, il s’en fout, ce n’est pas son problème.

Trump et Robert Kennedy Jr contre l’établissement

Mike Pence a été maladroit, mais accordons-lui le mérite d’avoir été honnête avec les spectateurs.

Bien entendu, il l’a tout de suite payé dans les derniers sondages, c’était trop gros pour passer.

Aujourd’hui, les électeurs aux primaires du Parti républicain ne voteraient pour lui qu’à concurrence de 2 à 5 %, ce qui n’est pas beaucoup pour un ancien vice-président, alors que Trump continue d’avoir de 20 à 30 % d’avance sur son challenger principal, Ron DeSantis, le gouverneur de Floride. Les pronostics actuels se montent à 45 ou 50 % pour Trump, moins de 20 % en moyenne pour DeSantis. Mais la cote de ce dernier baisse, car, s’il incarnait initialement la réaction, la lame de fond anti-woke de l’électorat républicain, DeSantis est handicapé dans l’opinion par ses prises de position bellicistes en Ukraine. Or, l’électeur de base du parti veut qu’on s’occupe de lui, de l’Amérique, des drames sans nom que causent la misère, l’immigration, la drogue, la criminalité, les millions de SDF, les problèmes de fin de mois des retraités, dans un pays tiers-mondisé. America first ! dit le citoyen. Je m’en fous ! répond le politicien…

Après ça, qui sera élu ?

Pas Pence, qui s’est pris les pieds dans le tapis.

Les populistes croient en Trump chez les républicains, mais on va essayer de l’empêcher de se présenter.

Chez les démocrates, un candidat populiste brillant monte dans l’opinion, Robert Kennedy Jr.

Quelles sont leurs chances de réussite ? Zéro, selon toute vraisemblance !

Trump et Kennedy veulent tous deux reconstruire les ponts, relancer l’industrie et consolider la protection de l’épargne des citoyens. Ils ne veulent pas la guerre ouverte avec la Russie, ni celle qui est programmée pour 2025 avec la Chine par les neocons qui entourent Biden, après avoir conseillé Obama, après avoir conseillé George W. Bush ; les mêmes qui sont au pouvoir depuis les années 1990, sauf l’intermède Trump, et qui font qu’aujourd’hui le vrai président des États-Unis n’est pas Lady Gaga (Joe Robinet Biden) ni la potiche Kamala Harris, mais Hillary Clinton, pourtant battue dans les urnes.

L’opinion des électeurs ne compte pour rien à Washington DC. Ce qui importe, c’est ce que veulent les donors, les contributeurs aux caisses de campagne des représentants et des sénateurs. Or, les contributeurs majeurs sont l’industrie de l’armement et l’industrie pharmaceutique. Nous aurons donc un président des US belliciste, prêt à re-re-revacciner tout le monde et ignorant des préoccupations du citoyen de base.

Et si par malheur l’abruti américain de base – le deplorable dont parlait Hillary Clinton à propos des électeurs de Trump – venait à être majoritaire, on s’arrangerait pour corriger le résultat avec les votes par correspondance.

Photo : © Matt Smith /Shutterstock. Mike Pence, ancien vice-président des États-Unis de Donald Trump, s’est lancé dans les primaires présidentielles du Parti républicain de 2024.

2 réponses

  1. Si d’aventure les États-Unis se relevaient un jour, ce qui est peu probable, ce ne serait pas grâce à un président, démocrate ou républicain, mais en dépit d’un président, peu importe lequel. Le temps des miracles est révolu depuis longtemps, en fait depuis l’époque où vivait Jésus, et encore faut-il y croire… pas aux miracles mais en Jésus ! S’il y a UN homme ou femme qui puisse résoudre tous les problèmes d’une nation, je crains qu’il ou elle ne soit pas encore né(e), ni qu’il ou elle naîtra un jour ou l’autre. S’il fallait croire tout ce que ces satanés politicards promettent, la planète Terre serait un paradis depuis bien longtemps. Pour résoudre tous leurs problèmes, les États-Unis pourraient envisager de recruter un homme prétendu compétent, un certain Vladimir Poutine, l’homme qui a apporté le bonheur, la santé, l’opulence et la liberté à tous les Russes. En fin de compte, les peuples ont les politicards qu’ils méritent, ces derniers ayant les tares, aggravées ou non, de ceux qu’ils sont supposés représenter. C’est vraiment pas folichon, j’en conviens, d’être cynique… Excusez-moi donc…

  2. Percutant mais tellement vrai.
    Les électeurs votent pour que rien ne change ou pour que tout change afin que rien ne change (Le Guépard).
    Le vote par correspondance : la plus grande escroquerie de la démocratie qui pourtant sait se montrer créative.

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