Quoi de mieux que de perdre cinq cent mille francs, sa Ferrari et sa dignité pour commencer une introspection ? Gustave, combinard, truqueur, retourneur de paletot vole et assassine la riche Sarah Glumberg dont il est l’amant-gigolo, avec l’aide de sa complice Nelly Patenôtre. Mais Mlle Patenôtre le double et part avec le butin, toujours se méfiez des femmes…
Gustave commence alors à nous raconter comment sa vie a tourné, lui le petit escroc devenu tueur.
Au début de son histoire, Gustave travaille à Paris comme coursier pour Maximilien de Noisepin, patron plein aux as. Ce dernier lui demande de l’accompagner dans sa villa de Deauville en tant que secrétaire particulier.
Voici Gustave au bord de la Manche, nourri et logé, bénéficiant de la confiance de Maximilien et des faveurs de la belle Antoinette, la gracieuse femme de chambre. Que rêver de mieux ? C’était sans compter sur les dispositions de Gustave à se mettre lui-même dans les mistoufles…
« J’ai toujours senti venir les béchamels. J’ai jamais su les éviter. »
Il va sauter à pieds joints dans la béchamel lorsqu’il va s’enticher de Marie-Marguerite, la fille de son patron. Pour quelle autre raison assassiner une riche héritière et lui voler 500 gros billets de mille, si ce n’est pour une fille ?
On va suivre Gustave dans ses aventures avec son ami Fredo, qui le mèneront à Caracas où il aura maille à partir avec des communistes révolutionnaires vénézuéliens, puis à Naples où il fera notamment face à un encaisseur du gaz. Enfin, de retour en France, il rencontrera Nelly Patenôtre, intrigante et menteuse manipulatrice.
On retrouve dans ce roman noir le style d’Audiard : les formules qui font mouche et les dialogues qui claquent avec ce parler populaire qu’il retranscrit parfaitement.
Les descriptions des personnages sont également fameuses, de la terrible épouse de Maximilien, Violette de Noisepin (« d’un format assez courant dans les armoires anciennes ; assez basse, bombée, grinçante, dans l’ensemble plus mastoc que fignolée »), en passant par Fredo (« tête de cheval aux paupières lourdes ») et la troupe de jeunes adultes amis de Marie-Marguerite, prémices des bobos de notre époque (« sorte de grand ténia qui se prénommait Robert, se faisait appelé Bobby et avait une voix de shampooineuse »).
Meurtre, amour, aventure, mœurs, humour au programme de ce Terminus des prétentieux édité par Le Cherche Midi.
Michel Audiard, Le Terminus des prétentieux, Le Cherche Midi, 240 p., 13,50 €.