ÉLÉMENTS : Comment la tâche rédactionnelle s’est-elle répartie entre Michèle Delagneau et Michel Marmin ?
MICHEL MARMIN. Michèle Delagneau a rédigé la totalité des notices sur les genres, les formes et les instruments, et nous nous sommes partagé celles sur les compositeurs, en ayant notamment à cœur de mettre en valeur l’école française.
ÉLÉMENTS : À qui s’adresse en priorité ce dictionnaire. À des amateurs, lit-on au dos du livre…
MICHEL MARMIN. Nous avons pensé notamment aux auditeurs de France Musique et de Radio Classique, ainsi qu’aux téléspectateurs des chaînes Mezzo. S’ils ont un « coup de cœur » pour une œuvre qu’ils entendent pour la première fois et dont le compositeur ne leur est pas familier, nous aimerions qu’ils trouvent matière à justifier et à structurer leur engouement en consultant la notice correspondante…
ÉLÉMENTS : La musique contemporaine occupe une place importante dans votre ouvrage. N’est-ce pas un choix un peu « militant » ?
MICHEL MARMIN. C’est un choix tout à fait militant dans la mesure où nous voulions faire pièce des clichés lamentables qui voudraient que la musique de notre temps soit « inaudible », « chiante » et « incompréhensible ». D’abord, rappelons qu’il en a toujours été ainsi avec les novateurs, avec les découvreurs de mondes musicaux stricto sensu inouïs : que n’a-t-on pas dit sur Berlioz, sur Wagner ou sur Debussy ! La musique contemporaine – il faudrait plutôt dire les musiques contemporaines tellement celles-ci sont diverses – est une source d’émerveillements infinis. Ajoutons qu’il est prodigieusement grisant d’assister à l’éclosion d’une épiphanie sonore, si l’on peut s’exprimer ainsi, d’en être le témoin privilégié.
ÉLÉMENTS : Pour accompagner votre dictionnaire, quelle histoire générale de la musique conseilleriez-vous ?
MICHEL MARMIN. Sans hésitation Une histoire de la musique de Lucien Rebatet. Par ses vues cavalières, par ses grandes perspectives historiques, par sa façon lumineuse d’initier le lecteur aux arcanes de l’écriture musicale, qui fera l’admiration de Pierre Boulez, l’ouvrage est irremplaçable, même si Rebatet n’a pas vu venir la redécouverte de la musique baroque, même si nous sont insupportables certains de ses partis pris, par exemple son mépris pour de merveilleux compositeurs français qu’il jugeait indignes de son admiration, tel Henri Sauguet, dont on peut se demander s’il a jamais écouté La Chartreuse de Parme, son opéra d’après Stendhal, ou Jacques Ibert qu’il cite à peine. À ces réserves près, Une histoire de la musique (qui n’est pas « L’Histoire de la musique ») reste l’œuvre d’un écrivain de génie, où la plume exaltante de l’auteur des Deux Étendards et des Épis murs est reconnaissable de bout en bout.
ÉLÉMENTS : Combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire votre dictionnaire ?
MICHEL MARMIN. Trente années si l’on considère que cet ouvrage est le troisième étage d’une fusée qui en comprend trois. Le premier étage s’appelait Les Génies de la musique, que nous avons fait paraître en 1994 aux Éditions Atlas. Le deuxième en était une version partielle, parue en 2007 sous le titre de Musiciens d’hier et d’aujourd’hui aux éditions Édite. Quant à ce troisième étage, il est une refonte des deux précédents, considérablement remaniée, corrigée, mise à jour et complétée. C’est peut-être aussi celui où notre sensibilité s’est le plus nettement affirmée.
À commander à la Nouvelle Librairie
Notre dictionnaire de la musique, de Michel Marmin et Michèle Delagneau,
aux éditions Arcades, 310 p., 24 euros
ou chez l’éditeur
https://www.arcadesambo.com/titres/notre-dictionnaire-de-la-musique