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Les Cent Cavaliers, de Vittorio Cottafavi

Les films sur la Reconquista sont rares. Il y a évidemment Le Cid, d’Anthony Mann, dans lequel Charlton Heston campe un héros très loin de la réalité de celui qui fut certes un héros national, mais se trouva également doublé d’un fieffé gredin louant son épée au plus offrant, catholique comme musulman. Mis en scène avec un budget bien moindre, Les cent cavaliers, de Vittorio Cottafavi, inspiré d’une légende du folklore populaire, colle finalement plus à la réalité historique.

C’est donc la résistance d’un village à l’envahisseur maure qui est ici contée. Avec toutes les demi-teintes de mise : entre ceux qui s’arrangent avec les nouveaux maîtres, les attentistes et les irrédentistes, sans oublier les ultras de chaque camp. Maître du péplum – on lui doit le remarquable Hercule à la conquête de l’Atlantide -, Vittorio Cottafavi n’a pas son pareil pour filmer batailles et grands espaces : celle qui clôt le film a manifestement inspiré Mel Gibson pour son Braveheart. Si Cottafavi a aussi le sens de la geste épique, il a encore celui de la commedia dell’arte. Ainsi, ses héros ne sont jamais véritablement tout à fait des héros : issus du peuple, ils sont à la fois truculents et irrévérencieux ; Arlequin n’est jamais loin.

Pourtant, alors que les notables trahissent, ce sont eux qui, avec leurs humbles moyens, prennent la tête de la révolte. Vittorio Cottafavi avait la réputation d’être un cinéaste de gauche. Là, il se montre seulement populiste. Et précurseur, de plus, sachant que les paysans guerriers de ces Cent cavaliers influenceront beaucoup Mario Monicelli pour son Armée Brancaleone, film tourné la même année, en 1966, ainsi que Brancaleone s’en va-t-aux croisades, trois ans plus tard.

Au final, un petit classique du cinéma de genre italien qui enchantera les petits comme les grands. Pour ces premiers, l’éditeur Artus a eu l’excellente idée de joindre un copieux livret de soixante pages, consacré à la Reconquista et signé de l’historien Philippe Conrad, rédacteur en chef de La Nouvelle Revue d’histoire de 2013 à 2017 et président de l’Institut Iliade, bien connu de nos lecteurs.

Entre légende noire et légende dorée, les deux principaux écueils relatifs à cette trouble période, cet historien anticonformiste parvient à en restituer toute la complexité sans jamais sombrer dans le manichéisme. Ou de l’art de s’instruire tout en passant un très agréable moment. Bref, le cadeau de Noël idéal.

Les Cent Cavaliers, de Vittorio Cottafavi. Artus films

Les cent cavaliers – Film-annonce from Artus Films on Vimeo.

Source : Boulevard Voltaire

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