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Le syndrome Taubira

À chaque fois que Christiane Taubira se pique de poésie, c’est tout le camp du progrès qui se pâme. Les précieuses ridicules applaudissent. Trissotin dissèque. Sa dernière saillie en date : sa défense du clan Traoré.

Au sein de  la gauche, et même dans ses franges les plus insoumises, Christiane Taubira rayonne d’une éclatante aura. Elle est noire, guyanaise, c’est la dame du mariage pour tous, et cela paraît suffire aux divers militants de ces groupuscules et de ces partis établis qui forment aujourd’hui « la gauche ». De Clémentine Autain à Caroline de Haas, du piteux Olivier Faure au pathétique Jean-Luc Mélenchon, de Benoît Hamon au plus anonyme militant transgenre du NPA, et jusqu’au curé progressiste qui veut se montrer ouvert au dialogue, Taubira semble tabou. Quelle misère !

Le ridicule c’est sa signature

Car ne faut-il pas seulement un peu de bon goût et une once de bons sens pour se convaincre que cette ex-garde des Sceaux d’un gouvernement social-libéral est non seulement ridicule mais qu’elle est, en outre, une des plus sinistres représentantes du spectacle politique contemporain.

Le ridicule de cette ancienne colistière de Bernard Tapie, c’est ce qui saute aux yeux immédiatement. Encore une fois : « On n’y croit pas ! ».  Une seule de ses déclarations à prétention poétique – car elle en a – et c’est Aimé Césaire qui se retourne dans sa tombe, Senghor qui refuse de penser la négritude, Miles Davis qui brise sa trompette, Leroy Jones alias Amira Baraka qui adhère au KKK ! Le ridicule c’est sa signature, sa griffe. Christiane est d’un grotesque cocasse dont on elle ne se lasse jamais.

Madame Taubira s’est par exemple récemment commise dans la défense du clan Traoré. Pourquoi pas ? Elle suit la mode et cherche sans doute à se vendre, ce qui est un classique de sa classe et du petit milieu dont elle est l’égérie. Invitée le 9 juin dernier, comme il se doit sur le plateau du Quotidien, l’ancienne ministre de François Hollande, après avoir déclaré qu’Assa Traoré était « notre chance, une chance pour la France », a tenu absolument à saluer la mère de la fondatrice du comité Adama « avec respect et affection », puis, lyrique, lui a lancé ce message désopilant: « Si je pouvais capturer un bataillon de vers à soie, je le ferais pour recoudre juste un petit bout de son cœur brisé ». No comment comme disait Gainsbourg.

Mauvais poète de CE2

Cette envolée taubiresque, après d’autres du même acabit, n’est-elle pas digne d’un très mauvais poète de CE2?  Elle lui aurait jadis certainement valu de nombreux quolibets et les lazzis de ses propres amis. Les humoristes l’auraient brocardée, moquée, disqualifiée. Mais ce fut, a de trop rares exceptions, le silence dans les rangs. On ne touche pas à Taubira. 

La longue carrière politique de Christiane T n’est pas moins douteuse. Marquée par un constant opportunisme, elle ne devrait pas faire rêver les derniers amateurs de lendemains qui chantent. En 1993, Taubira vote l’investiture du gouvernement Balladur. En 1994, elle est quatrième de la liste Énergie Radicale menée aux élections européenne par Bernard Tapie. En 1997, députée, elle rallie le groupe socialiste. On connaît la suite : Candidate à la présidentielle du PRG en 2002 –  elle avait tenté de négocier son retrait en échange d’un remboursement par le PS des frais déjà engagés par le parti radical de gauche –, membre de la fondation Danielle Mitterrand, ministre de Manuel Valls, etc. Taubira s’est bien installée dans notre vie politique et médiatique.

J’apprend qu’elle est aussi « docteur honoris causa en droit et droits humains » de l’université du Wisconsin à Milwaukee et docteur honoris causa de l’université libre de Bruxelles. N’en jetez plus, la coupe est pleine !

Taubira est un syndrome. Que ce type de personnage soit presque incontesté à gauche est l’un des nombreux signes de la décomposition idéologique, esthétique, politique et morale du camp du progrès. La gauche désormais est aussi sénile, aussi ennuyeuse, aussi niaise, aussi bêtement pieuse, aussi tristement moralineuse que la droite bien-pensante sous la présidence du maréchal de Mac Mahon.  N’est-il pas temps de la traiter comme telle, et de débrancher, définitivement, cette vieille bourgeoise assommante.

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