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Le ménage continue : après MeToo, MusicToo !

Ce n’est pas parce qu’une noble cause – les violences faites aux femmes, en l’occurrence – se trouve défendue par des féministes très énervées que la cause en question en devient grotesque pour autant. Pareillement, si le mouvement #MeToo s’est, tôt, changé en entreprise de délation à échelle mondiale, il n’empêche que tout cela n’est pas né de rien et que, dans l’industrie cinématographique, certains puissants en prenaient plus qu’à leurs aises avec la gent féminine.

Les néo-féministes mettent cela sur le dos du patriarcat blanc. Il serait sûrement plus opportun de désigner un responsable peut-être plus discret, mais autrement plus coupable : la marchandisation du monde et des corps, celui des femmes étant le plus souvent, et par essence, le plus fragile. Ce qui, par ailleurs, n’a jamais interdit à certaines femmes de pouvoir de ne pas se gêner pour suborner d’autres hommes moins haut placés dans la hiérarchie sociale, telle l’actrice Asia Argento, figure de proue historique de #MeToo, mais qui était « aussi » une prédatrice sexuelle.

Depuis juillet 2020, ce mouvement a ouvert une franchise dans le monde musical avec #MusicToo. Dans Le Parisiende ce 12 février, Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, affirme que « la dénonciation des prédateurs est nécessaire ». Ne serait-ce qu’au nom de la loi, on ne saurait lui donner tort, le viol demeurant un crime d’ordre pénal avant de relever de celui du féminisme.

Au fait, qu’en dit la profession ? Interrogé par nos soins, Bertrand Burgalat, président du SNEP (Syndicat national de l’édition phonographique), précise : « La musique est une activité comme les autres, ce n’est pas une exception, il est donc normal que dans ce domaine aussi elle soit à l’image du reste de la société. » Il est vrai que les abus de position sociale dominante permettant d’exiger des faveurs sexuelles ne sont pas que le domaine réservé des professions artistiques. Pour résumer, ça peut aussi beaucoup coucher, et pas toujours de manière consentante, à la supérette d’à côté ou chez le plombier du coin de la rue.

Pourtant, à croire que la musique puisse parfois adoucir les mœurs, #MusicToo, au contraire de #MeToo, ne fait pour le moment qu’enregistrer des plaintes de femmes harcelées, sans livrer en pâture les noms des harceleurs présumés. La différence est de taille. Ensuite, un routier historique de la scène rock française désirant conserver, justement, l’anonymat nous confie : « Comme le cinéma, la musique est un milieu très dur, très sélectif, très compétitif, surtout pour les femmes. Celles qui vendent encore des disques, telle Julie Armanet ou les « filles de », comme Charlotte Gainsbourg, sont protégées, par l’argent et/ou la naissance. Mais les autres… »

Et de poursuivre : « Celles qui trinquent le plus sont les attachées de presse et les petites mains… » Soit le traditionnel miroir aux alouettes voulant qu’il faut « mériter » sa place pour travailler dans le show-biz, même aux postes les plus humbles. Avec, parfois, des retours de manivelle, la preuve par le licenciement pour « fautes graves » d’un des pontes du label Because, le plus chic du moment, avec Christine and the Queens, Manu Chao ou Catherine Ringer (l’ancienne moitié du duo Rita Mitsouko) à son catalogue. Certes, d’autres genres musicaux sont touchés, tel l’art lyrique, la cantatrice Chloé Briot ayant dû porter plainte pour « agression sexuelle » contre l’un de ses collègues baryton.

Mais on remarquera que cette flambée de plaintes est principalement due à l’influence grandissante du rap et de ses mœurs dans l’industrie musicale française, tel qu’en témoignent les évictions de rappeurs tels que Retro X ou Moha La Squale. Le contraire eût été évidemment étonnant, la Catherine Ringer, plus haut citée, se plaignait déjà, il y a une dizaine d’années, des comportements plus qu’odieux des mêmes rappeurs en studio.

Pour conclure, on dira qu’il y a deux remèdes à ce déplorable état de fait. Pour les hommes, la galanterie à la française. Et pour les femmes, une bonne claque dans la face du gros con. À l’ancienne, quoi…

En photo la soprano Chloé Briot.
Source : Boulevard Voltaire

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