Le magazine des idées
Colloque institut Iliade 2022

Le colloque de l’Institut Iliade : une provocation à l’espérance et à l’émeute !

L’Institut Iliade organise cette année son dixième colloque, « Face au déclin anthropologique : vivre en Européen », mais au-delà de cet événement qui en est la vitrine annuelle, l’Institut Iliade est avant tout une école de formation. Une comme tant d’autres…ou pas ? Telle est le sujet auquel répond Solenn Marty, cadre de l’Institut Iliade et directrice d’un ouvrage collectif sur Dominique Venner à paraître aux éditions de la Nouvelle Librairie en mai 2023.

ÉLÉMENTS : Les écoles de cadres ont le vent en poupe (Campus Héméra pour le RN ou École de formation insoumise pour LFI). Qu’est-ce qui fait la spécificité de l’Institut Iliade ? La métapolitique ? Quoi d’autre ?
SOLENN MARTY. La métapolitique, évidemment, mais pas seulement !
La formation de l’Institut Iliade est indépendante de tout parti politique, dans la mesure où nous ne proposons pas un « programme », mais une « vue du monde » (Weltanschauung). En infusant des connaissances et des idées, nous entendons façonner, sans esprit de chapelle, une conscience : celle de notre plus longue mémoire européenne, conçue comme le creuset d’une nouvelle renaissance. Les jeunes que nous formons n’ont pas vocation à devenir des membres permanents de l’Institut Iliade mais plutôt à repartir munis d’une colonne vertébrale solide, à être les acteurs de la cité afin d’y développer, au niveau qui est le leur, y compris politique d’ailleurs, un avenir bâti sur cette volonté de « sur-vie » européenne. C’est donc fondamentalement une école d’engagement, marquée en ce sens par l’obligation de rendre un projet personnel concret, pour valider la formation.

ÉLÉMENTS : Comment vous situez-vous par rapport à l’Institut de formation politique (IFP) et l’Institut de sciences sociales, économiques et politiques (ISSEP) ?
SOLENN MARTY. L’Institut Iliade, l’IFP, l’ISSEP, et d’autres encore dans la mouvance royaliste ou identitaire, sont des structures complémentaires, chacune agissant sur un terrain propre. Nous nous inscrivons évidemment dans un univers commun, mais en touchant des publics et des domaines différents : la technique et la prise de parole par exemple pour l’IFP – qui réussit l’exploit de faire se croiser toutes les franges de la « droite » – et la formation de cadres politiques dans une démarche plus libérale-conservatrice pour l’ISSEP. Le créneau de l’Institut Iliade quant à lui est plus culturel, historique, idéologique, fondamentalement métapolitique. Nous visons à former les cadres d’une reconquête de notre identité et de nos lieux de pouvoirs.
Loin d’être concurrentes, ces structures sont donc complémentaires et toutes nécessaires : que cent fleurs s’épanouissent !

ÉLÉMENTS : L’objectif, c’est d’abord de former une élite. Quelles sont les conditions requises ? Comment s’opèrent la sélection puis la formation ?
SOLENN MARTY. Pour reprendre une terminologie chère à l’équipe d’Éléments, nous voulons en effet doter le « bloc populaire » – qui à nos yeux est en réalité le peuple – de « phalanges élitaires » seules à même de faire renouer le peuple avec le fil de son destin. Au sens premier, l’élite est ce qu’il y a de meilleur dans un groupe. Il s’agit donc de faire émerger une minorité reconnue pour ses qualités naturelles ou acquises…induisant de facto une sélection. Il ne s’agit évidemment pas d’avoir une armée de bac +7 ; les stagiaires de nos promotions viennent de corps de métiers très différents ! La sélection à l’entrée se fait par le biais d’un questionnaire de candidature, suivi d’un entretien de motivation avec un membre de l’équipe formation.
Le cycle général se déroule ensuite en cinq week-ends, ponctués d’interventions sur des thèmes variés et à l’issue desquels les stagiaires doivent rendre un projet qui leur permet de valider la formation : là-encore, le champ des possibles est grand ouvert ! L’objectif est de rendre un projet diffusable au-delà du cercle de l’Iliade, qu’il s’agisse d’un article, d’un livre jeunesse, d’une tenture, de la création d’un foulard ou de l’enregistrement d’un podcast !

ÉLÉMENTS : Que deviennent ensuite les auditeurs ? Y a-t-il un réseau ? Font-ils de l’entrisme ? Portent-ils des projets ?
SOLENN MARTY. Un peu tout cela à la fois ! L’idée est qu’à la sortie de la formation, les auditeurs – qui ont donc validé la formation – s’engagent à leur niveau et dans leur domaine. Certains font de la politique, d’autres montent des projets culturels ou entrepreneuriaux, certains écrivent des articles et d’autres encore font infuser de petits germes dans des milieux plus hostiles… Bref, notre action dépend de nos capacités et de nos aspirations. Le réseau créé par l’Institut Iliade a vocation à faciliter l’entraide entre auditeurs. Nous sommes une communauté de pensée et d’action.

ÉLÉMENTS : L’Institut se veut l’avant-garde de la renaissance européenne. Pour exaltante qu’elle soit, la fonction d’une avant-garde est d’ouvrir la voie, avec de petites troupes au départ. Grossissent-elles ?
SOLENN MARTY. Elles grossissent… trop lentement évidemment  au regard de la « convergence des catastrophes » que nous connaissons. Mais une élite – pour l’être vraiment – est nécessairement de nature aristocratique et ce sont bien les minorités agissantes qui font l’histoire – jamais la masse, même grimée en « peuple souverain » ! Si l’on considère, au regard de la situation française, qu’il faut une centaine d’hommes pour prendre le pouvoir et un millier pour l’exercer réellement, alors être une petite « avant-garde » prend tout son sens et redonne espoir. Aujourd’hui, ce sont plus de 350 jeunes qui ont déjà été formés par l’Institut Iliade, sans compter toutes les personnes qui assistent chaque année à nos colloques, soutiennent nos initiatives via le Club des Cent, notre fonds de dotation ou encore notre fonds d’investissement… Cela ouvre des perspectives ! Sachant que notre objectif est moins la « prise du pouvoir » en France – à quoi bon sans remise en cause profonde des institutions ? – que la construction pérenne, loin des projecteurs médiatiques, d’une « Révolution conservatrice » à échelle européenne.

ÉLÉMENTS : Quelles formes prend justement la projection européenne de l’Institut, qui est le cœur de sa mission ?
SOLENN MARTY. La projection européenne de l’Institut Iliade prend plusieurs formes, à commencer par les partenariats éditoriaux. Nos livres sont traduits en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Grèce, en Norvège…Et nous traduisons désormais des auteurs européens, comme Pierro Sciapponi, qui a récemment écrit Les défis de l’Europe (éditions La Nouvelle Librairie, coll. Iliade). Nous participons aussi à des événements à Rome, Madrid, Florence ou Barcelone plus récemment et invitons régulièrement à nos réunions des orateurs d’autres pays européens : Martin Sellner, David Engels, Slobodan Despot entre autres sont déjà intervenus lors de nos précédents colloques…Cette année, nous aurons Mariano Bizzarri, Adriano Scianca et José Javier Esparza !

S’ajoute évidemment à cela la création récente à Madrid de notre équivalent espagnol : el Instituto Carlos V, qui témoigne de l’essaimage de notre modèle à l’échelle européenne – la seule échelle qui compte en termes civilisationnels !

ÉLÉMENTS : Le colloque annuel de l’Institut est devenu incontournable. Comment s’est construit ce succès ?
SOLENN MARTY. Précisément sur une troisième voie européenne (et pas bruxelloise !), à la fois radicale et réaliste. La force de notre colloque est de proposer une vision originale, de s’inscrire dans un dynamisme réel, dans une démarche constructive fondée sur notre longue mémoire, mais résolument tournée vers l’avenir. En refusant tout à la fois le conformisme « bourgeois » et la paralysie d’une nostalgie stérile, nous attirons des jeunes qui se reconnaissent dans notre vision du monde et croient encore en l’avenir.

ÉLÉMENTS : Pourquoi aborder cette année la question du « déclin anthropologique » ?
SOLENN MARTY. Parce qu’elle est essentielle, visible et omniprésente dans nos sociétés, mais qu’il serait facile et mensonger de la considérer comme une fatalité. Si la crise est dans l’homme, le salut aussi ! Le déclin anthropologique s’inscrit parfaitement dans le projet métapolitique qui est le nôtre, et nous avons pour y faire face des leviers réels, qui nécessitent qu’on s’en saisisse.

ÉLÉMENTS : Dominique Venner n’est pas seulement l’initiateur de l’Institut Iliade, mais son âme. Quel rôle joue-t-il ? Fédérateur, rénovateur, inspirateur ?
SOLENN MARTY. Vaste question… qui sera aussi le sujet de l’événement que nous organisons le 21 mai à Paris à l’occasion des dix ans de sa mort volontaire. S’il fallait résumer l’influence de Dominique Venner au sein de l’Institut Iliade, je dirais qu’il en est certes le fondateur posthume mais que son rôle est bien plus important. Il a ouvert une voie, et nous avons décidé de la suivre pour en tracer la suite, conscients que son suicide était « une provocation à l’espérance et à l’émeute ».

ÉLÉMENTS : Si d’une phrase vous deviez résumer l’Institut Iliade, que diriez-vous ?
SOLENN MARTY. Plus est en nous !

Propos recueillis par François Bousquet

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