Zone de discorde depuis 2014, cet énorme bassin houiller de l’Ukraine orientale qu’est le Donbass est l’objet de toutes les attentions pour (enfin) mettre fin au conflit russo-ukrainien. Le Kremlin a clairement indiqué ce dimanche 24 août que l’Ukraine avait le droit d’exister, mais seulement si elle acceptait de « laisser partir » les habitants de cette région, ce que la Russie exige dans le cadre de tout accord de paix. Depuis le 21 février 2022, la Russie a officiellement reconnu le Donbass comme « des républiques séparatistes » de Donetsk et de Lougansk.
Trouver un moyen de concilier ces positions apparemment inconciliables semble être la seule façon pour le président américain d’atteindre son objectif de mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Les hauts responsables de l’administration affirment qu’un tel résultat est possible et que la diplomatie agressive de Donald Trump, notamment ses récentes rencontres avec Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, porte ses fruits.« Nous nous engageons dans ce processus diplomatique en toute bonne foi », a déclaré dimanche le vice-président J.D. Vance dans l’émission « Meet the Press » de NBC. « Nous essayons de négocier autant que possible avec les Russes et les Ukrainiens afin de trouver un terrain d’entente pour mettre fin aux tueries. »
J.D. Vance a souligné que les États-Unis « ont encore beaucoup de cartes à jouer » pour faire pression sur Moscou afin qu’il conclue un accord de paix avec l’Ukraine, notamment en imposant davantage de sanctions économiques et de droits de douane secondaires visant les exportations de pétrole russe et les pays qui achètent ce combustible, avec dans le viseur la Chine et l’Inde. Le Wall Street Journal a rapporté ce week-end que le Pentagone bloquait les frappes ukrainiennes sur le territoire russe à l’aide de missiles à longue portée fournis par les États-Unis. Donald Trump pourrait intervenir et autoriser l’Ukraine à frapper la Russie comme levier de pression sur le Kremlin en vue d’un accord.
De son côté, l’Ukraine a indiqué dimanche qu’elle pourrait frapper des cibles à l’intérieur même de la Russie par d’autres moyens. Pour preuve, la Russie a déploré une attaque de drones ukrainiens dans la région occidentale de Koursk, en Russie, provoquant un incendie dans une centrale nucléaire. Mais les responsables ukrainiens n’ont pas revendiqué la responsabilité de cette attaque.
Définir la « souveraineté » ukrainienne
Volodymyr Zelensky a célébré ce dimanche le 34e anniversaire de l’indépendance de son pays par un discours public à Kiev. « Nous construisons une Ukraine qui aura suffisamment de force et de puissance pour vivre en sécurité et en paix », a-t-il déclaré. « Notre avenir ne dépend que de nous. »
Pour résoudre le conflit, l’une de ses priorités de politique internationale, Donald Trump met la pression sur Zelensky et Poutine pour une rencontre en personne pour que les deux nations parviennent à un accord de paixn sans avoir à imposer de nouvelles sanctions pétrolières ou à encourager encore plus d’effusions de sang par des attaques ukrainiennes sur le territoire russe. Les profondes divisions sur l’avenir de la région stratégique du Donbass en Ukraine restent un obstacle important, voire fondamental, à la conclusion d’un accord. Cette région, qui comprend les provinces de Donetsk et de Lougansk dans l’est de l’Ukraine, est depuis des années l’épicentre du conflit. Les forces russes occupent certaines parties de la région, mais d’autres zones du Donbass abritent certaines des villes les plus fortement gardées et des positions défensives fortifiées de l’Ukraine.
Certains analystes militaires affirment que l’Ukraine et l’Occident commettraient une grave erreur en abandonnant tout ou partie du Donbass dans le cadre d’un accord. Le Kremlin n’a donné aucune indication qu’il allait céder sur cette question. Dans une interview diffusée ce dimanche, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré à NBC News qu’aucune rencontre entre le président russe et ukrainien n’était prévue, et que la Russie ne reconnaîtrait le droit d’exister de l’Ukraine uniquement si Kiev renonçait à son contrôle sur le Donbass et sa population.
« L’Ukraine a le droit d’exister, à condition qu’elle laisse partir ses habitants », est venu rappeler Sergueï Lavrov, faisant référence à ceux « du Donbass et de Crimée ».
J.D. Vance a déclaré que la Russie avait concédé que « l’Ukraine aurait son intégrité territoriale après la guerre », bien que cette intégrité territoriale, du point de vue de la Russie, ne semble pas inclure le Donbass. Une fois encore, ça risque de coincer…
Dans une lettre adressée à Zelensky à l’occasion de la fête de l’indépendance de l’Ukraine, Trump ajoute : « Le peuple ukrainien a un esprit indomptable, et le courage de votre pays en inspire beaucoup. En cette journée importante, sachez que les États-Unis respectent votre combat, honorent vos sacrifices et croient en votre avenir en tant que nation indépendante ». Et ce dernier d’ajouter : « Le moment est venu de mettre fin à ces tueries absurdes. Les États-Unis soutiennent un règlement négocié qui mène à une paix durable, mettant fin aux effusions de sang et préservant la souveraineté et la dignité de l’Ukraine. Que Dieu bénisse l’Ukraine. » Le président américain a exclu l’envoi de troupes terrestres en Ukraine, mais certains pays européens sont prêts à contribuer à une coalition visant à faire respecter le cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine. Certains dirigeants européens de premier plan estiment qu’il serait erroné de soutenir un accord qui céderait des territoires ukrainiens à la Russie. La chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a déclaré à la BBC à la fin de la semaine dernière que céder des territoires ukrainiens était « un piège dans lequel Poutine veut nous faire tomber ». A l’heure des compromis, les dirigeants européens ne semblent pas très enclins à la négociation. Elle risque de se faire pourtant, avec ou sans eux…