Le magazine des idées
Laure Adler parlant d'Alain de Benoist à Eugénie Bastié

Le scoop de Laure Adler : « Alain de Benoist est le conseiller politique de Marion Maréchal ! »

Laure Adler navigue à vue, l'ancienne directrice de France Culture affirme tout de go : « Alain de Benoist est le conseiller politique de Marion Maréchal. » Elle le sait, l’ayant « lu sur Internet » ; là où il nous est aussi prétendu que la Terre est plate et que la reine d’Angleterre est aussi celle des Reptiliens.

À la fin du siècle dernier, lorsque fut pronostiquée cette « fin de l’histoire » censée mettre fin au règne des intellectuels pour entrer dans celui des experts, le débat d’idées fut donné pour mort, même si le mort bougeait encore ; la preuve par les livres inlassablement publiés par Alain de Benoist, bien connu de nos lecteurs, et surtout, à en croire le dernier ouvrage d’Eugénie Bastié, La Guerre des idées, enquête au cœur de l’intelligentsia française.

Récemment invitée sur France 5, à l’émission « C ce soir », la jeune essayiste est confrontée à Laure Adler, qui est globalement à la pensée progressiste ce que Kim Kardashian est à Hanna Arendt. Et Laure Adler d’illico voler dans les plumes d’Eugénie Bastié au motif que cette dernière consacre trop de pages, à son goût, au GRECE (Groupe de recherche et d’études sur la civilisation européenne), fondé par le même Alain de Benoist, mais qu’elle nomme « Nouvelle Droite », sobriquet forgé par Le Nouvel Observateur, au début des années 80, quand Le Figaro Magazine, créé par une équipe de journalistes de ce même GRECE, commence à disputer à la gauche son hégémonie intellectuelle, ce que précisément Laure Adler lui reproche – non sans raison.

Commencer par correctement nommer les choses, c’est bien le moins qu’on puisse attendre d’une intellectuelle. Ce, d’autant plus que naviguant à vue, cette ancienne directrice de France Culture affirme tout de go : « Alain de Benoist est le conseiller politique de Marion Maréchal. » Elle le sait, l’ayant « lu sur Internet » ; là où il nous est aussi prétendu que la Terre est plate et que la reine d’Angleterre est aussi celle des Reptiliens.

Sans surprise, et interrogé par nos soins au téléphone, le principal intéressé dément, même s’il n’y voit évidemment pas calomnie : pour l’une comme pour l’autre. Mais il est vrai que ce n’est pas la première fois que ce philosophe se trouve accommodé aux sauces les plus incongrues. Manuel Valls, lors de son bref passage à Matignon sous le règne de François Hollande (autre penseur de renom), affirme, en 2015 : « Quand un philosophe connu, apprécié par beaucoup de Français, Michel Onfray, explique qu’Alain de Benoist, qui était le philosophe de la Nouvelle Droite dans les années 70 et 80, qui d’une certaine manière a façonné la matrice idéologique du Front national […] au fond, vaut mieux que Bernard-Henri Lévy, ça veut dire qu’on perd les repères. »

Certains perdent « les repères » ; mais d’autres, ce sont manifestement les pédales. Le GRECE, « matrice idéologique du Front national » ? On se pince. Le GRECE, cercle de réflexion antilibéral, anti-américain, volontiers tiers-mondiste et prônant une Europe des régions à la sauce fédérale, aurait donc été le cerveau d’appoint d’un mouvement alors libéral, atlantiste, souverainiste et plus qu’eurosceptique ? En fait, on ne se pince pas : on se la prend, on se la mord après se l’être punaisée au plafond…

Mais rendons à César ce qui lui appartient et à Noël Mamère ce qui lui revient de droit. Ainsi, un an plus tôt, cet élu écologiste se targuant d’avoir été longtemps journaliste dénonce le « Groupe de recherche et d’études pour l’Europe chrétienne d’Alain de Benoist qui, dans l’ombre, forge, depuis le 6 mai 1968, le récit d’une France forcément néo-réac1 ».

Là, on imagine que l’auteur du remarquable essai, Comment peut-on être païen ? a dû tomber de son chêne. Alain de Benoist suspect de vouloir rechristianiser la France – et l’Europe, tant qu’à faire ? –, c’est un peu comme si on apprenait qu’Assa Traoré venait d’adhérer à Génération identitaire…

Les chihuahuas aboient, la caravane passe.

1 – On notera, par ailleurs, que le GRECE fut officiellement fondé fin 1967. Rien à voir avec mai 68, donc. Mais avec Mamère, c’est Noël tous les jours que Dieu fait.

Source : Boulevard Voltaire

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