Le système actuel, né à l’Ouest et étendu à l’Est après la chute du communisme en 1989 et la réunification du pays en 1990, doit désormais faire face à un fort rejet dans les urnes, particulièrement dans l’Est du pays, en faveur de l’AfD, mais aussi du parti de gauche anti-immigration BSW.
Lorsque, autrefois, la contestation électorale était réduite, les mécanismes de défense du régime fonctionnaient à l’encontre de formations politiques désignées comme portant atteinte aux valeurs du régime et ces organisations étaient surveillées et réprimées alors qu’elles ne prenaient part à aucune coalition à quelque niveau de pouvoir que ce soit et restaient cantonnées à un rôle très accessoire au sein des assemblées.
L’émergence de formations contestataires obtenant de forts résultats modifie la donne et conduit au discrédit de plus en plus prononcé des institutions car ces dernières répriment de plus en plus fermement et ouvertement l’opposition idéologique.
Outre les coups tordus et les discriminations en tous genres, les dirigeants, les cadres et les militants de l’AfD doivent faire face à une répression judiciaire organisée par les instances permanentes du régime. Ainsi, les services secrets, appelés Offices de protection de la Constitution, installés dans chacun des seize États fédérés classent la section locale de l’AfD selon une typologie basée sur trois catégories : « cas à examiner », « cas suspect », « extrémiste avéré ». Au niveau fédéral, un Office de protection de la Constitution est également actif, alors que les autres Offices de protection de la Constitution ne lui sont pas subordonnés, et classifie, lui aussi, l’AfD en suivant cette typologie. Des moyens de surveillance et d’infiltration, notamment à l’aide d’informateurs, sont mis en place par les Offices de protection de la Constitution. En Rhénanie-Palatinat, les membres de l’AfD peuvent même être victimes d’une restriction à l’embauche dans la fonction publique.
Un degré de répression supplémentaire contre le parti est possible. Il consiste en l’introduction d’une procédure, soit par la Chambre des députés, soit par le Sénat, soit par le gouvernement fédéral, visant à obtenir l’interdiction de l’AfD par la Cour constitutionnelle fédérale. Si l’instruction aboutissait à cela, la formation politique serait dissoute et ses biens seraient saisis. La possibilité du lancement d’une telle procédure plane sans cesse au-dessus de la tête du parti.
Un débat sur l’interdiction des certains partis politiques
Après l’interdiction de se présenter à l’élection de septembre 2025 pour le poste de maire de Ludwigshafen en Rhénanie-Palatinat qu’a subi le candidat de l’AfD Joachim Paul, un pas supplémentaire a été franchi vers l’adémocratie lorsque, à l’occasion de l’anniversaire de la chute du Mur de Berlin en 1989, le 9 novembre, qui n’est pas devenu le jour de la fête nationale, car le 9 novembre 1918 a marqué la proclamation de la République par le social-démocrate Philipp Scheidemann et parallèlement par le communiste Karl Liebknecht, alors que le 9 novembre 1923 le Putsch tenté par Adolf Hitler a échoué à Munich et que la Nuit de Cristal a ensanglanté le 9 novembre 1938, le président social-démocrate actuel de la République Frank-Walter Steinmeier s’est prononcé en faveur du débat sur l’interdiction de partis politiques. Il a soutenu que cet instrument n’est pas antidémocratique et a également défendu les interdictions d’emploi et d’être candidat à certaines élections : « Quiconque s’oppose au cœur libéral de notre Constitution ne peut être, ni juge, ni enseignant, ni soldat. Les ennemis de la Constitution peuvent également être exclus des fonctions d’administrateur de district ou de maire. »
Pendant ce temps, le parti de gauche anti-immigration BSW, qui a raté le seuil de 5 % permettant de siéger à la Chambre des députés à moins de 10.000 voix près, attend toujours, neuf mois après les élections législatives, que la commission concernée de la Chambre des députés se penche sur sa demande de recomptage des voix, alors que, si le BSW obtenait des élus, l’actuel gouvernement réunissant les démocrates-chrétiens de la CDU, les sociaux-chrétiens bavarois de la CSU et les sociaux-démocrates du SPD perdrait sa majorité. De mois en mois, la démocratie allemande sombre alors que l’économie du pays est de plus en plus mal en point, l’Allemagne étant victime des sanctions contre la Russie qui font croître le prix de l’énergie au même titre que des mesures écologistes axées sur la lutte contre le réchauffement climatique. Le déclin de la démocratie et celui de l’économie constituent la principale caractéristique de l’époque actuelle outre-Rhin. La fabuleuse République fédérale d’Allemagne d’avant 1990 est désormais un lointain souvenir.



