À 26 ans, Maeva G. a déjà bien roulé ses deux bosses. Et quand on dit qu’elle a pas mal d’heures de vol au compteur, on ne parle généralement pas de ses allers-retours incessants entre Marseille et Dubaï. À Marseille, on raconte même que des Blancs lui seraient passés dessus, c’est vous dire un peu les mœurs douteuses du personnage.
Maeva G. c’est le selfie de notre époque. Chez elle tout est faux, sauf son insondable bêtise. Son corps est un savant mélange chirurgical de botox et de silicone ; et sa bouche et ses fesses, par la symétrie de leur forme, se répondent en miroir comme deux parfaits embouts. Alors forcément, en 2021, à 24 ans, sa célébrité ayant considérablement aidé à détendre son vagin, Maeva G. repasse une fois encore sur le billard par souci professionnel. Pas d’injection soi-disant cette fois-ci, mais quelques obscures séances de « radiofréquence » et autre « mésothérapie ».
– J’ai rajeuni mon vagin, c’est comme si j’avais douze ans ! s’exclamera-t-elle toute naïve sur TikTok en sortant de chez son chirurgien préféré.
Car Maeva, comme toutes les femmes, est très premier degré. Et pour elle et sa vision pornographique de l’existence, la virginité, c’est avant tout une histoire de vagin parfaitement serré.
Entre la cagole et la fatma
Cette première tentative audacieuse de retour vers la virginité originelle se soldera pourtant par un piteux échec. Car Maeva G., depuis son exil dubaïote, a oublié les féministes. Et quelques unes d’entre elles, depuis leur compte Instagram « je.suis.une.sorcière », ne manquèrent pas de la tancer vertement, lui rappelant, par souci d’égalité, que « toutes les vulves sont belles, que les lèvres dépassent ou non, qu’elles soient asymétriques, d’une couleur très foncée… » L’association « NousToutes », pour sa part, déplora de voir Maeva G. collaborer à la diffusion de ce mythe odieux, patriarcal, masculiniste et (disons-le franchement) fasciste, voulant que la vulve ou le vagin se détende au regard du nombre de rapports sexuels pratiqués. Même Ahmed Sylla, jeune homme d’un naturel pourtant si tolérant, aurait été choqué de l’affaire et ne manqua en tout cas pas de le faire savoir publiquement : « Ce qui me rend ouf, c’est que des ados vont se créer de faux complexes, consulter, se faire opérer (peut-être), pour des conséquences (peut-être) irréversibles. »
Le temps passe et Maeva G., en bonne musulmane malgré elle, reste hantée par cette idée de la virginité saccagée. En juin 2023, elle repart donc à l’assaut. Et c’est cette fois-ci depuis son compte Snapchat qu’elle révèle à ses abonnés sa volonté de redevenir vierge. Au programme donc pour elle désormais, s’abstenir de tout rapport sexuel jusqu’à son mariage : « Je veux me préserver pour mon futur mari. » Car Maeva G., c’est la France d’Emmanuel Macron, la France mondialisée et détricotée du XXIe siècle, la France de la synthèse terminale et du dépassement des contraires en apparence irréconciliables, l’union symptomatique du Petit et du Grand Remplacement. Sans en être consciente, Maeva G. lutte à front découvert pour toute une génération hystérique et bipolaire qui pullule à ses pieds ; et son combat pour un syncrétisme praticable entre la cagole pornographique et la fatma vertueuse la dépasse. « C’est un nouveau Consepte [sic] », lui rétorquera, plus sceptique, sa mère sur WhatsApp. Un dromadaire ne fait pas de chameau, comme on dit à Marseille, où les neurones sont en voie d’extinction.
À cette grande meuf, pourtant, les Marseillaises reconnaissantes.