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Des Chinois à Paris

La France n’est plus la France ou le « syndrome de Paris »

Faut-il arrêter l’immigration pour arrêter la délinquance ? C’est la question qui se pose au vu des statistiques avancées par Gérald Darmanin au mois d’août.

Ça ne vous a pas échappé, Clémence, mais je ne suis pas un touriste japonais en villégiature à Paris. Je n’ai pas les yeux bridés. Je ne comprends rien aux règles du sumo ; et si je maîtrise mieux celles du judo, je n’ai jamais dépassé le stade de la ceinture jaune. Certes, j’aime l’éthique des samouraïs et le cinéma d’Akira Kurosawa – ah, son film Ran, somptueuse adaptation de Shakespeare et de son Roi Lear dans le Japon féodal ! Mais hormis cela, je ne supporte pas les mangas, les geishas ne sont pas mon genre de beauté et les lits futons me brisent littéralement le dos. Pourtant, je souffre du « syndrome de Paris ». Ce syndrome, c’est le vague à l’âme qui cueille le touriste nippon débarquant à Paris sans antidépresseurs ni cellule psychologique. Bien qu’il n’ait jamais vu la capitale française, il ne la reconnaît pas. La Ville Lumière ne ressemble pas à la carte postale enluminée ou illuminée qu’il imaginait à 10 000 km de distance. Trop sale, trop squat culturel, trop campement de migrants. Même dans ses pires cauchemars, il ne pouvait imaginer que Paris abritait autant d’espèces invasives. Je veux parler des surmulots et des trottinettes. Au contact du pavé parisien, la boule à neige qu’il serrait dans sa poche, avec sa tour Eiffel minuscule et son Sacré-Cœur miniature, s’est brisée. Énorme désillusion. Le choc est rude, comme un raccourci spatio-temporel qui l’aurait fait passer de la cour de Versailles revisitée par Sofia Coppola à une cour des Miracles à la mode orientale. Un peu comme la scène d’ouverture de Mélodie en sous-sol, le film d’Henri Verneuil avec Jean Gabin et Alain Delon, quand Monsieur Charles, alias Jean Gabin, de retour chez lui, après un long séjour en prison, ne reconnaît plus son village de Sarcelles, ravissante petite banlieue pavillonnaire transformée en ville nouvelle avec des rangées de barres d’immeuble bétonnées et monotones. C’est la même chose pour le touriste chinois ou japonais. Mais ici ce qu’il déplore, ce n’est pas tant le changement de configuration de l’habitat que les métamorphoses de l’habitant. En gros, Omar Sy a remplacé Jean Gabin et son public. Le voilà, le vrai choc : il est culturel, ethnique, anthropologique. Notre touriste s’attendait à découvrir un nouvel épisode d’Amélie Poulain et il tombe sur un concert de Booba au stade de France. Il croyait partir à la découverte de la patrie de René Descartes et il tombe sur une cérémonie vaudou avec le marabout de Paul Pogba épinglant la poupée de Kylian Mbappé. S’il avait su, il serait resté à Tokyo pour remplir sa grille de sudoku.

L’avant-guerre civile

Or, ce syndrome exotique ne touche pas seulement les Asiatiques atterrissant à Roissy-Charles-de-Gaulle, il touche aussi, surtout, d’abord, les Français. C’est indifféremment le syndrome de Paris, de Roubaix, de Montpellier, de Marseille, de Rennes, de Saint-Étienne, de toutes les préfectures et sous-préfectures de France. Les Français, les Européens ne reconnaissent plus leur pays, leur continent, leur civilisation. Il n’aura pas fallu trente ans pour que nos contrées, depuis longtemps pacifiées, s’ensauvagent, encore que le mot ne soit pas très heureux. Le sauvage est beau, splendide, indomptable, il a sa propre existence, parallèle à celle du civilisé. L’ensauvagement n’est qu’une commodité langagière. Il faudrait plutôt parler d’un processus de décivilisation. Regardez-les bien, ces jeunes zombies hyper-violents qui assomment des mémés de 89 ans en se filmant, ils ressemblent à des meutes de chiens enragés à l’abandon, retournés à la lisière du sauvage et du civilisé. Mais du moins les chiens enragés ne font pas des selfies. C’est toujours ça de gagné.

On n’aura vu qu’eux cet été. Températures records et records de violence. Avez-vous remarqué combien tout monte : le niveau des océans, le prix des matières premières, les températures, le sans-gêne jupitérien de Macron, la sottise insubmersible de Sandrine Rousseau – et, pas moins important, les populations allogènes ? Pour le philosophe Hegel, la marche de l’histoire allait d’Est en Ouest. Pour nous, elle part du Sud et remonte vers le Nord ; et cette transhumance n’apporte pas avec elle l’Esprit, avec une majuscule, cher à Hegel, mais la violence, le chaos, l’hébétude. On n’en finirait pas d’égrener la chronique policière qui a jalonné nos vacances. Règlements de compte à la Kalachnikov, émeutes au mortier, cambriolages à l’acide, agressions à la machette, vols au cutter, refus d’obtempérer en pagaille, agressions sexuelles en série, caillassage de pompiers, policiers molestés, voitures brûlées, rodéos urbains, et on en passe.

Un climat de pré-guerre civile. À l’avenir, on pourra dire qu’elle aura commencée en France par la multiplication des incivilités, avant de monter d’un cran à chaque fois dans la barbarie. C’est la même chose de l’autre côté de l’Atlantique. Plus de 40 % des Américains pensent qu’une guerre civile pourrait voir le jour aux États-Unis lors de la prochaine décennie. Quel pourcentage en France ? Sûrement les mêmes ordres de grandeur.

État de droit ou zone de non-droit ?

Une « Europe Mad Max » est en train de voir le jour, selon l’expression de Bernard Wicht, spécialiste des questions de sécurité. Elle a installé un peu partout des enclaves de non-droit. Rien qu’en France, on en dénombre à peu près 1 500, soit quasiment 10 % de la population. Un tiers d’entre elles sont d’ores et déjà hors de contrôle, au dire de Michel Aubouin, ancien préfet, auteur de 40 ans dans les cités. C’est le résultat de l’immigration de masse et de ses effets à long terme. Non pas une guerre éclair qui pourrait appeler un sursaut, mais une interminable guerre de Cent Ans, trois à quatre générations, le temps qu’il faudra pour se substituer à la population indigène.

On n’est pas le seul à le dire. Gérald Darmanin, l’Iznogoud de la place Beauvau qui s’imagine calife à la place du calife, a dégoupillé au mois d’août les explosives statistiques ethniques de la délinquance. Marine Le Pen et Éric Zemmour n’en demandaient pas tant. « 48 % des gens interpellés pour des actes de délinquance à Paris, 55 % à Marseille et 39 % à Lyon sont des étrangers. » Depuis le fiasco du stade de France qui a quelque peu écorné son image de présidentiable, il essaye de se refaire la cerise, en se haussant du col, menton en avant et surtalonnettes pour prendre de la hauteur. C’est déjà dur d’être le numéro 2, mais alors numéro 3 d’un gouvernement au rabais, c’est humiliant. Pas de chance pour lui : les emmerdes volant en escadrille, comme disait Chirac, son bon copain l’imam Hassan Iquioussen lui a faussé compagnie. Quand tous les deux dînaient ensemble, à la veille de l’élection de Darmanin à la mairie de Tourcoing, ils étaient selon le téléprédicateur islamique « d’accord sur 99,9 % des sujets de conversation ». Cela fait beaucoup, même pour un ministre des Cultes.

Diversité raciale, adversité raciste

L’immigration est tout, sauf un jeu à somme nulle. Il y a un perdant et un gagnant, même si le plus souvent il n’y a que des perdants. Elle fabrique de la violence et du malheur social. En sociologie, le malheur social s’appelle l’anomie : c’est-à-dire l’absence de loi.

Lisez la vaste enquête du professeur américain Robert Putnam sur la dissolution du lien social. Robert Putnam est une personnalité démocrate au-dessus de tout soupçon républicain, une sommité académique, ponte à Harvard, à qui Obama n’a jamais manqué de rendre hommage. Que révèle son enquête-choc qui s’appuie sur un échantillon géant de 30 000 personnes ? Eh bien, elle offre un tableau sinistre et dépressionnaire des effets pervers de la diversité raciale. La cohésion sociale – ce que le jargon journalistique appelle le « vivre ensemble » et qui repose sur la confiance réciproque et un ensemble de normes partagées – n’y résiste pas. Plus la diversité raciale est grande, moins règne la confiance, à telle enseigne qu’on peut affirmer sans se tromper que le niveau de confiance est inversement proportionnel à celui de diversité raciale. C’est une machine à séparer les hommes. Pas un domaine de la vie qui n’en soit affecté. On peut lui appliquer la théorie du ruissellement, mais ce qui ruisselle ici, c’est l’amertume, le ressentiment, la violence. On se replie sur la sphère privée – et c’est la canaille qui occupe la rue. Or, la canaille est pareille à Lagardère : si vous n’allez pas à elle pour la châtier, c’est elle qui viendra à vous pour vous châtier !

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