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Le scarabée de pommes de terre du Colorado mange des feuilles de pommes de terre vertes en gros plan. Leptinotarsa decemlineata. Le coléoptère adulte, l'invasion de parasites, le parasite détruisent les plants de pommes de terre, les dommages à la ferme. Concept de protection des plantes

Insecticide – Comment l’agrochimie a tué les insectes

Depuis 1990, la population d’insectes aurait chuté de 75 % en Europe. Aussi captivante qu’alarmante, cette enquête internationale pointe le rôle des néonicotinoïdes, des insecticides neurotoxiques, dans le désastre écologique en cours.

Il y a trente ans, les automobilistes devaient s’arrêter régulièrement pour nettoyer les impacts sur leur pare-brise. Depuis, 75 % des insectes auraient disparu en Europe, menaçant la survie de nombreux écosystèmes. « C’est la pire extinction de masse que la planète ait vécue« , alerte l’entomologiste américain Jonathan Lundgren. Mais comment expliquer cet effondrement ? Le principal coupable serait à chercher du côté des néonicotinoïdes. Apparus au Japon dans les années 1990, ces insecticides dits « systémiques », souvent utilisés en traitement préventif des semences, se propagent dans toute la plante pour la protéger des ravageurs. Plus efficaces que les pesticides pulvérisés, ils ont été massivement adoptés par les agriculteurs. Leur marché, détenu par une poignée de multinationales (Syngenta, Bayer-Monsanto, BASF), pèserait ainsi entre 3 et 4 milliards de dollars à l’échelle planétaire. Dans le même temps, les études scientifiques s’accumulent pour dénoncer les ravages de ces neurotoxiques. Pollinisateurs ou rouages essentiels de la chaîne alimentaire, les insectes s’éteignent à une vitesse record, affectant en cascade les populations d’oiseaux, de poissons et d’amphibiens. La santé humaine serait elle aussi menacée : perturbateurs endocriniens potentiels, les néonicotinoïdes, dont on retrouve des résidus sur les aliments d’origine végétale, sont soupçonnés de causer certains cancers et d’altérer le neurodéveloppement dès le stade fœtal. Pressions sur les chercheurs, les décideurs politiques et les autorités de régulation, financement d’études favorables à leurs produits, tests d’homologation biaisés : de leur côté, les lobbies de l’agrochimie brouillent les pistes pour entretenir l’immobilisme. Après les avoir interdits en 2018, la France a réautorisé provisoirement les néonicotinoïdes pour le traitement des betteraves sucrières. 

Alternatives convaincantes

De la Somme aux États-Unis en passant par l’Allemagne, la Belgique ou le Japon, ce documentaire, fondé sur l’enquête de Stéphane Foucart Et le monde devint silencieux – Comment l’agrochimie a détruit les insectes (Éditions du Seuil, 2019), retrace l’histoire des néonicotinoïdes et décrypte leurs effets en compagnie d’une foule de spécialistes : chercheurs, journalistes, représentants d’ONG environnementales, eurodéputé, agriculteur et apicultrice… Étayé de chiffres alarmants, le film met également en lumière les stratégies des industriels pour préserver leurs profits, tout en s’arrêtant sur des alternatives convaincantes : dans la plaine du Pô, en Italie, l’ingénieur agronome Lorenzo Furlan a mis en place un fonds mutuel permettant de compenser les éventuelles – et très rares – pertes de rendement causées par la réduction des pesticides. Ponctuée de fascinantes images d’insectes observés au microscope, cette enquête s’affirme aussi comme une ode à la splendeur du vivant menacé. 

Source : Arte

Une réponse

  1. a tué aussi des travailleurs, car de nombreux travailleurs agricoles, horticoles, viticoles, arboricoles, d’entretien des espaces verts ou des voiries et des bâtiments industriels, des bureaux ou surfaces commerciales, exerçant dans les industries agro-alimentaires, textiles, du bois, dans les établissements de santé, en hôtellerie-restauration, utilisent des insecticides de façon intensive et fréquente ! Or, l’utilisation professionnelle d’insecticides est particulièrement dangereuse et peut être à l’origine de maladies graves : les intoxications aigues aux pesticides les plus sévères sont liées aux insecticides (notamment les organophosphorés et les carbamates). Le danger d’une intoxication aiguë, lors d’une exposition accidentelle, se manifeste par des troubles cutanés, digestifs, respiratoires, musculaires, nerveux, cardiovasculaires. Mais il y a aussi des risques d’intoxication chronique, résultant d’une exposition fréquente et prolongée à des doses faibles : https://www.officiel-prevention.com/dossier/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique-2/la-prevention-des-risques-professionnels-des-insecticides

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