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Il y a 5 000 ans, la domestication du cheval en Europe de l’Est

Il y a 5 000 ans, la domestication du cheval en Europe de l’Est

La domestication du cheval remonte à la plus haute antiquité, eût pu dire le grand Alexandre Vialatte. En vérité, elle lui est-même antérieure. Des fouilles archéologiques sur des sites d’Europe de l’Est montrent que la domestication du cheval est vieille de quelque 5000 ans, donnant aux Indo-Européens un avantage décisif.

Des squelettes de la steppe eurasienne de l’âge du Bronze révèlent qui ont été les premiers cavaliers de l’Histoire. Plusieurs approches complémentaires ont été utilisées pour savoir où et quand a pu avoir lieu la domestication du cheval, véritable révolution dans l’histoire humaine. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de paléogénétique. Si des faisceaux d’indices concordants plaçaient la steppe eurasienne de l’âge du Bronze, s’étendant de l’Ukraine à l’Asie centrale, en tête des hypothèses, il n’y avait pas pour autant de preuve définitive. Les chevaux sauvages ayant été répandus de l’Asie centrale à la péninsule Ibérique il était encore possible d’être surpris.

La question semble désormais tranchée. L’étude de l’Université d’Helsinki menée par les chercheurs Martin Trautmann et Volker Heyd a analysé les os de 217 squelettes issus de kourganes (tumulus) de Roumanie, Hongrie, Bulgarie et Serbie et le résultat est sans appel. Datés entre – 3 000 et – 2 500, 24 squelettes de l’étude montrent clairement des marques de la pratique d’équitation, ce que l’on appelle « syndrome de l’équitation ». Le mouvement de secousse de haut en bas abîme la colonne vertébrale, notamment. C’est la plus ancienne trace indiscutable de pratique équestre de l’histoire. Ces squelettes appartiennent à la culture des tombes en fosse, dite Yamnaya. Cette culture du sud de la steppe pontique née autour de – 3 000 est associée à la diffusion des langues indo-européennes, du moins à certaines d’entre elles (grec, arménien, langues tokhariennes et paléo-balkaniques).

La précédente étude qui s’était proposée de dater et situer géographiquement la domestication du cheval avait abouti à des conclusions similaires. Dirigée en 2021 à l’Université Paul Sabatier de Toulouse par Ludovic Orlando, cette étude s’appuyait cette fois-ci sur le séquençage de l’ADN des chevaux et arrivait à partir du génome de 273 chevaux anciens à un ancêtre commun ayant vécu dans la steppe allant du Don à la Volga il y a environ 4 200 ans, un espace occupé alors par des cultures indo-européennes descendant de la culture de la céramique cordée et associées à l’origine des langues indo-aryennes et balto-slaves. En parallèle, la plus ancienne trace archéologique de domestication du cheval (ce qui n’impliquait pas nécessairement qu’il était monté) avait été datée à – 3 500 au sein de la culture de Botaï, une culture du Néolithique final du nord du Kazakhstan associée génétiquement aux populations de Sibérie orientale et aux Amérindiens.

L’Indo-Européen, un homme à cheval

La précédente datation posait un problème significatif en termes d’ancienneté. En effet, l’expansion des langues indo-européennes avait déjà été entamée en – 3 000 où différentes cultures archéologiques (céramique cordée, Yamnayas) sont distinctes sur le plan tant géographique que génétique et montrent une division précoce en grands ensembles ayant donné naissance aux rameaux divers des langues indo-européennes connus aujourd’hui. Or, le terme proto-indo-européen désignant le cheval est commun à tous les rameaux et est l’un des trois grands animaux les plus importants sur le plan culturel pour les proto-indo-européens avec le loup et l’ours tant la racine est restée commune. Les rameaux s’étant distingués avant – 3 000, il fallait que le cheval ait connu une importance culturelle ou cultuelle avant cette date-là. En outre, la culture d’Afanasievo, greffon précoce dans l’Altaï de la culture de Yamna ayant quitté la steppe pontique aux alentours de – 3 000 et supposé être l’ancêtre des peuples tokhariens montre des traces de domestication du cheval. Si cet animal n’avait commencé à être domestiqué qu’en – 2 200 comme l’indique l’étude génétique, cela aurait voulu dire que la vaste expansion de ces cultures de la steppe aurait commencé sans le cheval avant qu’une tribu proto-indo-iranienne n’apprenne à le monter et diffuse l’innovation à des groupes déjà séparés depuis près de 1 000 ans, scénario hautement improbable. Rien n’indiquait de toute manière que le cheval dont descendent tous les chevaux actuels ait nécessairement été le premier à avoir été monté.

Cette nouvelle découverte est une pièce supplémentaire ajoutée au puzzle des prémices de la civilisation européenne précisant le scénario de l’expansion rapide des peuples indo-européens vers l’Europe et l’Asie lors du Chalcolithique, puis de l’âge du Bronze, bel et bien appuyée de manière déterminante par la domestication du cheval et l’équitation, avantage décisif sur les cultures agricoles sédentaires vivant dans le continent à l’époque.

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