Si la Lolita de Nabokov avait pu scandaliser il y a 70 ans, aujourd’hui, cette nymphette aux airs de femme est devenue la norme. Shopping, spa et lèche-vitrines font désormais se rencontrer vacancières, touristes et adolescentes prépubères, qui se pressent aussi bien dans les rayons de vêtements pour femme et pour fillette qu’au rayon maquillage… et pour cause, la frontière est si mince qu’on s’y perdrait !
Vestes en cuir, mini-jupes, bas résille et soutiens-gorge 85A rembourrés côtoient les blouses en liberty et les salopettes d’enfant sans le moindre complexe. Il suffira ensuite d’ouvrir n’importe quel catalogue de mode infantile pour trouver des jeunes (parfois très jeunes) filles aux lèvres pulpeuses et aux postures pour le moins allusives.
Poupée Bratz : la nouvelle mode enfantine
Bref, le nouvel idéal de la mode pour petite fille, c’est la poupée Bratz, cette poupée aux formes bien marquées, qui laisse voir plus de peau qu’elle n’en cache, affublée de sacs en cuir, d’une mini-jupe et d’un maquillage agressif… Vous avez tous la même image indécente en tête et le même mot à la bouche : alors oui, en effet, c’est un style de mini-p***. Barbie peut aller se rhabiller… trop simple et trop prude, elle n’est plus la femme parfaite !
Et il ne s’agit pas seulement de faire porter des tenues d’adultes à des enfants… Toutes les filles veulent ressembler à leur mère et ce n’est pas pour autant qu’elles se transforment en objet sexuel ! Seulement, le nouveau vestiaire qui leur est proposé ne joue qu’à un jeu : celui de l’attirance. C’est à qui sera le plus proche de la baby doll sexy ! Mais allez trouver autre chose à faire porter à vos filles… bon courage ! Si ce n’est pas ça, ce sera le look racaille ou la burqa ! Bref, de belles perspectives puisque, pour changer, le marché abonde de nuance et de liberté : vends ton corps ou voile-le !
Des images en continu dans la tête des gamines, qui intériorisent ces nouveaux codes et se préoccupent de plus en plus tôt de l’attirance qu’elles suscitent. Et pourtant, on en ferait bien des icônes féministes : pas plus femmes, juste plus sexualisées… à se demander si les créateurs de mode n’auraient pas quelques penchants pédophiles !
Cinéma ou propagande ?
Si, en 2013, le Sénat français a interdit les concours de mini-miss à l’américaine – simulacres d’un marché d’esclaves mentales –, ce n’est pas pour autant que la France est exempte de mise en scène des corps de fillettes. À l’époque, tout le monde avait en tête le phénomène Isabella Barrett, top model multimillionnaire de 9 ans présentée en trophée par sa mère-vampire sur l’ensemble du globe… Choquant mais est-ce vraiment exceptionnel ? Pas si sûr…
Parrain de la mode dans tous ses déboires, l’audiovisuel ne manque pas à l’appel pour sexualiser les jeunes filles. On a ainsi vu émerger ces dernières années des actrices toujours plus âgées pour jouer des rôles d’enfants. On pourrait citer Arden Cho, actrice de 28 ans, qui, dans la saison 3 de Teen Wolf, interprète le personnage de Kira, adolescente de 16-17 ans, ou encore Gabrielle Carteris, adolescente de 16 ans dans la série Beverly Hills, alors qu’elle avait 29 ans au moment du tournage. Des écarts d’âge qui ne sont pas sans importance puisqu’ils participent à redéfinir une certaine image du physique féminin à l’adolescence, comme dans l’enfance… Pas besoin de préciser non plus que cela s’observe aussi dans l’autre sens avec des rôles de belle-mère joués par des femmes de 35 ans. Bref, un jeu de l’image qui participe autant à l’érotisation de l’enfance qu’à l’abolition des frontières générationnelles !
Du pain, du sexe et des jeux
Et le principal moteur de cette machine infernale, surprise… c’est l’argent ! Car si le capitalisme efface les cultures pour uniformiser la production, il uniformise aussi les individus pour multiplier ses gains. Quand les adultes sont des enfants et vice-versa, tout peut se vendre à l’un comme à l’autre… Les désirs d’adultes deviennent désirs d’enfants et les caprices d’enfants deviennent logiques d’adultes. La recette est simple : du pain, du sexe, des jeux, saupoudré – ou plutôt enseveli – d’une énorme couche d’infantilisation ! Parce qu’on ne vous l’avait peut-être pas dit, mais le marché adore les enfants… L’enfant est un super outil de consommation (et de production à l’occasion, mais on évite de le dire trop fort !) : on l’éduque, on le formate, on le récompense et on le punit pour qu’en définitive, il cède et obéisse… Pour ceux qui ne l’auraient pas compris, l’« éducation positive », c’est très bien, tant que ça reste chez vous et que vous subissez tout seul les lubies de vos mômes. Sur le marché en revanche, on se contentera d’une méthode simple : carotte, bâton, bâillon (petit ajout du système pour faire moins réac’) !
Et même les jouets et dessins animés s’y mettent ! Des méthodes dignes d’un Viet-Minh rose bonbon aux airs de Gay Pride universelle… question d’efficacité, il faut commencer la propagande au plus tôt. Entre la poupée Bratz et une Sophie de 14 ans au corps de femme dans la rediffusion d’Inspecteur Gadget par France 3, l’hypersexualisation des enfants est un combat de chaque instant.
À 12 ans, twerk ou porno ?
Selon une étude OpinionWay réalisée pour 20 Minutes en 2019, un enfant de 12 ans sur trois a déjà visionné un contenu pornographique et 90 % des mineurs y ont déjà eu accès en ligne, la plupart du temps de manière involontaire en réalisant des recherches pour leurs devoirs ! Il est loin le temps où l’on se passait des cassettes VHS en douce sous le manteau. Aujourd’hui, plus besoin de chercher. Le porno vient à vous, et quel que soit votre âge !
Une évolution qui a de quoi inquiéter les parents, mais qui se fait souvent à leur insu puisque, selon les mêmes sources, seulement 7 % d’entre eux imaginent que leurs enfants aient pu avoir accès à des contenus pornographiques. Les pouvoirs publics considèrent néanmoins l’ampleur du problème. Comme d’habitude, des mesures phares et d’une efficacité redoutable ont donc été prises : la création du site jeprotegemonenfant.gouv.fr. Vous n’en aviez jamais entendu parler ; c’est normal ! Et puis, c’est vrai que des parents qui ne savent pas que leur enfant consulte du porno vont aller chercher sur un site gouvernemental comment réagir !
Le porno déforme la vision des corps et de la sexualité… mais que dire quand il devient un loisir d’enfants ? Plus besoin de déformation ; c’est leur seule formation ! Mais si la culture du twerk et le porno envahissent les écrans de nos enfants, ce jeu malsain fonctionne aussi dans l’autre sens, au plus grand plaisir des adultes tordus !
La plupart des sites pornographiques disposent donc désormais d’une catégorie Teen (« adolescents »), qui met en scène de jeunes adultes à l’air juvénile, validant ainsi les codes d’une forme de pédopornographie fantasmée.
Le capitalisme : grand gagnant du nouvel esclavage
Mais pourquoi les enfants y ont-ils accès, direz-vous ? Eh non, la réponse n’est pas que les parents leur laissent trop de temps d’écran ou qu’ils font tous des recherches en douce ! Si on arrive à invisibiliser nombre de médias alternatifs, on peut bien empêcher que des enfants de 10 ans reçoivent des pop-up pornos (des liens-fenêtres sur les pages du Web) en faisant leurs devoirs… Mais encore faudrait-il le vouloir ! Le porno, c’est un marché et qui fonctionne bien ! Le système n’a aucun intérêt à s’en défaire. On laisse donc un consumérisme érotique faire du corps des enfants un nouveau produit du capital.
Et si ce sont vos filles qui sont principalement visées, plus que vos petits garçons, c’est que le marché a bien compris qu’elles sont plus sensibles à ces méthodes. Il profite donc des faiblesses de l’esprit, mais participe aussi à les accroître, engageant un cercle vicieux de l’hypersexualisation sans cesse exacerbée. Les chercheuses québécoises Lucie Poirier et Joan Garon avaient ainsi révélé dans une étude datant de 2009 que l’hypersexualisation des jeunes filles participe à leur vulnérabilité mentale, laquelle rend plus facile l’accroissement du phénomène. Si Lolita devenait une femme forte, stable et assurée, ça se saurait !
Laissez-les vivre !
À l’ère des idéologies, l’équilibre est d’autant plus dur à trouver que cette nouvelle mode devient parfois un signe de « féminité », face à l’islam radical et aux déconstructeurs du genre. Il reste donc un équilibre à trouver entre burqa et bas résille. Car – remplacement culturel oblige – cela fait bien longtemps que les jupes aux chevilles de la fraternité Saint-Pie-X ne sont plus de la partie en matière de morale rétrograde ! On en viendrait presque à les regretter… À l’heure de l’enfant-roi et de sa sexualisation abusive, peut-être serait-il temps simplement de laisser aux enfants le temps d’être des enfants !