ÉLÉMENTS : Pourquoi un livre d’hommages à Raspail ? Comment l’avez-vous conçu ?
ADRIEN RENOUARD. Cet ouvrage s’est imposé comme une évidence. Jean Raspail était un homme de fidélités. Ses lecteurs et toute la communauté d’âme et d’esprit que forment les Patagons n’ont cessé d’honorer ce trait caractéristique. Il suffit de constater le succès de ses livres et la foule qui s’est déplacée pour ses funérailles. Et que dire du « jeu du roi » qui se poursuit comme en témoignent l’opération « Boulevard Raspail » l’année dernière ou l’affichage Porte de Champerret cette année ! Toutefois, la meilleure façon de rendre hommage à Jean Raspail – au-delà de toutes ces initiatives sympathiques – était de se servir de ce qui l’a habité toute sa vie : l’écriture. Nous avons donc choisi de faire un livre intégrant hommages et témoignages de proches ou de lecteurs sensibles à une des multiples facettes du personnage ou de sa production littéraire. Ce qui donne un panorama assez complet, classé thématiquement, avec une trentaine de contributeurs aussi différents que Jacques Terpant, François Tulli, Jean des Cars, Philippe de Villiers, Laurent Dandrieu ou Ivan Rioufol. Mais le livre ne se résume pas à un agrégat de textes ! Il est agrémenté d’un cahier photo ainsi que de deux entretiens inédits de Jean Raspail et de deux études très complètes de sa littérature. Cela grâce à Philippe Hemsen et Marie de Dieuleuveut, tous deux spécialistes de son œuvre.
ÉLÉMENTS : Qu’est-ce qui fait selon vous la grandeur de son œuvre ?
ADRIEN RENOUARD. Je retiendrai deux choses qui font la grandeur de son œuvre et qui dans une certaine mesure expliquent le succès de Jean Raspail. Le premier est son caractère éclectique. Raspail, ce n’est ni monothématique ni un style figé. Que de différences entre Qui se souvient des hommes, Sire, Le camp des Saints, L’île bleue… Il y a certes des constantes, mais un lecteur peut accrocher avec un registre et pas forcément avec l’autre. C’est ce que j’ai pu constater en échangeant avec de nombreux admirateurs de Raspail. Chacun s’attache à une facette, tout en reconnaissant que, malgré une préférence, l’œuvre entière est fascinante. La deuxième chose est la personnalité de Jean Raspail. Je pense que celle-ci donne d’ailleurs la cohérence de sa production littéraire et suscite d’autant plus l’attachement.
ÉLÉMENTS : Comment expliquez-vous qu’une œuvre aussi importante ait aussi peu intéressé le champ de la critique universitaire ? Avez-vous voulu combler un vide avec ce volume ?
ADRIEN RENOUARD. Ce n’est un secret pour personne, Jean Raspail a été marqué du sceau de l’infamie à cause du Camp des Saints ; livre totalement à part dans son œuvre d’ailleurs. C’est sans doute le titre qui aura contribué le plus à sa renommée. À sa détestation également. Quand on connaît le champ universitaire, il ne faut pas chercher plus d’explications. Il n’est pas forcément constitué de paresseux (ça peut se discuter), mais de sectaires assurément. Jean Raspail était un homme de droite assumé, ce n’est pas une bonne porte d’entrée. Nous sommes très heureux d’avoir pu apporter une première pierre à l’édifice avec cet ouvrage Hurrah Raspail ! Au-delà des hommages et témoignages qui donnent une belle photographie de l’œuvre de Jean Raspail, les études menées par Philippe Hemsen et Marie de Dieuleveut sont remarquables !