19 mars (J+23)
– Toutes les opérations sont stoppées sauf sur le front prioritaire du Donbass. Composée d’unités conventionnelles et paramilitaires, l’Armée ukrainienne du Donbass est numériquement la plus importante et la mieux armée (en prévision de sa propre attaque contre les républiques de Donetsk et de Louhansk, jugée imminente par Moscou le 24 février ?).
– Actions surtout sur la ligne Izioum-Severodonetsk et autour de Marioupol.
– Le méridien 29 (qui passe à l’ouest de Kiev et d’Odessa) s’affirme comme la ligne stratégique au-delà de laquelle les Russes se contentent de tirer des salves de leurs missiles de croisière Kalibr (à valeur stratégique car ciblage en profondeur) : destruction du potentiel militaire ukrainien (convois internationaux y compris) + intimidation des forces otaniennes massées aux frontières occidentales de l’Ukraine.
– Poursuite des bombardements sur les villes partiellement ou totalement assiégées et sur la ligne Mykolaïv-Kherson (flotte de la mer Noire).
– Frappes aériennes ciblées sur les sites militaires de Lviv, à l’ouest du 29e méridien.
– Signe de craquements dans la défense de Tchernihiv (front NE) mais les Ukrainiens maintiennent leur pression par une tactique de harcèlement efficace sur les liaisons terrestres. Intensification de l’usage de drones armés : l’avantage est aux Ukrainiens, qui utilisent à bon escient les informations en temps réel que leur fournissent les nouvelles technologies civiles (téléphonie mobile sécurisée, drones commerciaux, géolocalisation), avec l’appui des analystes occidentaux.
20 mars (J+24)
– Nouveaux tirs de missiles effectués par la flotte de la mer Noire sur la ligne Mykolaïv-Kherson. Pas de préparation visible d’un débarquement amphibie sur la côte. Peu probable sans jonction avec les forces terrestres, à l’arrêt dans ce secteur depuis plusieurs jours.
– Un 5e général russe tué ? Le nom d’A. Mordichev, commandant la 8e Armée, est cité. 3 colonels auraient également été tués, selon les communicants ukrainiens, dans les 24 dernières heures.
– Les forces russes continuent de s’établir durablement autour de Kiev (retranchements en dur, positions d’artillerie lourde, champs de mines). Volonté manifeste d’épuiser les ressources psychologiques et matérielles de l’ennemi plutôt que de l’affronter sur son terrain.
– Kharkiv toujours sous les coups de l’artillerie russe ; situation analogue à celle de Kiev.
– Pas de grande avancée sur les autres fronts mais poursuite de la tactique du grignotage. Plusieurs contre-attaques ukrainiennes enrayées.
21 mars (J+25)
– Aucun mouvement de troupes signalé. La dernière offensive coordonnée remonte au 4 mars. Depuis, combats localisés, sans souci de synchronisation apparent. Implantation plus que recherche de l’exploitation.
– Violents combats sur les fronts est (Izioum où l’attaque de deux brigades parachutistes ukrainiennes a permis de repousser, au prix lourd, 1 régiment blindé russe) et SE.
– La prise de Marioupol n’est plus qu’une question de jours.
– Emploi très médiatisé de missiles hypersoniques Kinžal (1 tir sur Deliatyn le 18, 1 tir sur Mykolaïv le 20), destinés autant sinon plus à frapper les esprits occidentaux (le Kinžal est porteur d’ogive conventionnelle et nucléaire) que des cibles à forte valeur tactique.
22 mars (J+26)
– Invasion au point mort, conquête échouée : beaucoup d’optimisme chez les commentateurs occidentaux, que ne semblent émouvoir ni la supériorité matérielle et aérienne, ni surtout la puissance de feu écrasante de l’armée russe (qui n’a pas encore déployé toute l’étendue de ses moyens).
– Se dirige-t-on vers un enlisement du conflit ? La stratégie du siège, tôt adoptée (quand il fut acquis que le gouvernement ukrainien ne céderait pas), donne l’avantage militaire aux Russes. Pas celui de l’image, mais Moscou savait ne pas pouvoir gagner cette bataille. « Le format actuel est le seul possible » (discours télévisé de V. Poutine du 18 mars)
Guerre russo-ukrainienne : suivre la situation militaire (23 février – 6 mars)
Guerre russo-ukrainienne à J+13 : la pression s’accentue sur Kiev (7 mars – 8 mars)
Guerre russo-ukrainienne à J+15 : l’assaut de Kiev et contre-attaques (9 mars – 10 mars)
Sources : dailymail.com, Institute for the Study of War, lavoiedelepee.blogspot.com, southfront.org, @war_mapper, oryxspioenkop.com, Ministère des Armées, Sim Tack, lecourrierdesstrateges.fr, mars-attaque.blogspot.com
Photo : 20 mars 2022. Bâtiment résidentiel endommagé par des débris tombés après l’attaque de la roquette russe sur Kiev. La police étudie des fragments d’un obus qui a endommagé un immeuble d’habitation.