15 mars (J+19)
– Combats localisés au NO de Kiev, pas d’engagement au-delà du niveau tactique. Les Russes n’en ont ni la capacité, ni probablement la volonté. Pour l’instant, l’injection de troupes fraîches n’a pas produit les effets escomptés. Question de temps : l’intégration des réservistes et des conscrits dans le corps de bataille doit être pensée (idem pour les troupes supplétives – SMP, unités caucasiennes – et pour les volontaires étrangers côté ukrainien), sauf à les utiliser sciemment comme chair à canon. Or pour Moscou, la Russie n’est pas en guerre.
– Le bouclage complet de la capitale ukrainienne pourrait prendre encore plusieurs semaines. Là aussi, deux points de vue sont possibles : soit les Russes ont sous-estimé la difficulté, soit le rapport gain/pertes leur paraît disproportionné, eu égard à leurs objectifs stratégiques (les positions atteintes au moment des négociations) et opérationnels (la campagne en elle-même). Kiev vaut-elle une bataille ? Son investissement contribue déjà à fixer un fort parti ennemi.
– Rappel des effectifs mobilisés : 200 000 membres des forces armées ukrainiennes + 20 000 étrangers issus de 52 pays (chiffre invérifiable) ; 150 000 soldats russes (sur un total de 280 000).
– Toujours de sévères accrochages à Kharkiv et Soumy. Situation bloquée. Le ravitaillement peine à suivre manifestement. Consommation énorme de munitions et de pièces détachées.
– Ce n’est pas le cas au SE, où les forces russes progressent dans trois directions : au NE de Kherson ; dans les deux républiques du Donbass (recul significatif de la ligne de défense ukrainienne) ; à Marioupol, dont la poche, attaquée par l’est et par l’ouest, se resserre. Marioupol, priorité du haut commandement russe ? Sa prise libérerait la 8e A., la rendant disponible pour d’autres secteurs (Mykolaïv ou Zaporijjia).
– Mouvement de la flotte de la mer Noire au large d’Odessa.
– Forte résistance des Ukrainiens devant Zaporijjia, contournement de la ville par le NE, rive droite du Dniepr.
16 mars (J+20)
– Les forces russes continuent d’avancer au ralenti. Gains de terrain minimes sur toute la ligne de front. Les moyens mis en œuvre demeurent limités et pour beaucoup affectés à la sécurisation des lignes d’approvisionnement, de plus en plus étirées.
– Au sud, succès de la contre-offensive ukrainienne à Mykolaïv.
– Dans le même temps, poussée des Russes vers le N, qui se rapprochent de Kryvyi Rih. Le danger semble s’écarter d’Odessa.
– Destruction attestée de 10 nouveaux appareils russes : 5 avions, 3 hélicoptères, 2 drones. 200 sorties russes quotidiennes, selon le comptage du Pentagone. L’aviation ukrainienne n’est pas détruite mais est inexistante. Surclassement assuré en cas de confrontation directe. La domination aérienne russe est toutefois contestée par le bon usage que les Ukrainiens font des missiles portatifs sol/air livrés par les Occidentaux (USA, Allemagne, Grande-Bretagne – France ?), en plus du renseignement aérien et satellitaire fourni par l’Otan.
– 2000 missiles antiaériens et 17 000 missiles antichars auraient été à ce jour livrés aux Ukrainiens.
– Depuis le 24 février, les Ukrainiens revendiquent la destruction d’une centaine d’appareils russes. Syndrome afghan à prévoir chez les pilotes russes ?
– L’aviation russe semble faire peu usage de ses armes de précision : stocks épuisés ou gardés en réserve ?
– Au sol, l’effort maximum se porte sur le front est, où Russes et indépendantistes cherchent à prendre à revers les forces ukrainiennes du Donbass, afin de leur couper toute retraite. La poussée vers Kryvyi Rih, à l’ouest de Dnipro, pourrait se comprendre comme une action coordonnée, visant à interdire tout ravitaillement aux Ukrainiens encore accrochés au Donbass.
17 mars (J+21)
– Peu de mouvements : contre-attaque ukrainienne au NO de Kiev ; Kharkiv, Izioum sont toujours des abcès de fixation. Utilisation massive de l’artillerie russe. L’encerclement de Kiev se poursuit néanmoins.
– Le déploiement de la réserve opérationnelle continue au NE, infanterie et tanks.
– Au sud, les assiégeants avancent à pas lents vers le centre de Marioupol (forces engagées estimées à 10 GTIA seulement).
– Frappes de la flotte de la mer Noire sur la côte est d’Odessa mais pas d’indice d’un prochain débarquement.
18 mars (J+22)
– Kharkiv sous les coups de l’artillerie russe, les Ukrainiens mènent des contre-attaques locales, destructrices mais sans résultat durable, faute de vrais moyens offensifs.
– Sur tous les fronts, le même constat en ce début de quatrième semaine des combats : supérieure sur le plan matériel, l’armée russe pèche toujours par son manque de moyens humains (l’infanterie pour occuper et nettoyer le terrain) et les ratés de sa logistique. Compréhensible, le refus de s’engager à fond dans les zones urbains (l’armée russe n’y est visiblement pas préparée) pourrait se révéler autrement coûteux. Une guerre, même innommée, a besoin de victoires pour maintenir le moral, à l’avant comme à l’arrière.
Guerre russo-ukrainienne : suivre la situation militaire (23 février – 6 mars)
Guerre russo-ukrainienne à J+13 : la pression s’accentue sur Kiev (7 mars – 8 mars)
Guerre russo-ukrainienne à J+15 : l’assaut de Kiev et contre-attaques (9 mars – 10 mars)
sources : dailymail.com, Institute for the Study of War, lavoiedelepee.blogspot.com, southfront.org, @war_mapper, oryxspioenkop.com, Ministère des Armées, Sim Tack, lecourrierdesstrateges.fr, mars-attaque.blogspot.com
Une réponse
nalyse intéressante, un fait est clair l’armée Russe ne perdra pas cette guerre, le Dobass va retrouver ses frontières de 2014, Kiev est encerclé, Karkiv est en difficulté, Marioupol va tomber.
Combien detemps Zelenski va -t-il envoyer ses hommes à la mort, pourquoi?
L’Ukraine ne sera jamais membre de l’OTAN, reste à négocier un traité de paix inévitablement douloureux, mais l’Ukraine n’a pas le choix sauf à se laisser instrumentaliser par l’Hyperpuissance, l’OTAN et les pays Européens va-t-en guerre: il n’y a pas unanimité ni au sein de l’UE, ni me^me de l’OTAN.