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Glucksmann, Enthoven, Cespédès, les « nouveaux filousophes » à la manœuvre

Éléments ouvre la boîte à gifles dans son numéro 184. Dans son viseur : les « nouveaux filousophes » – de Glucksmann à Enthoven –, les éditocrates libéraux – de Baverez à Koenig – et les têtes à claques – de BHL à Minc. Explications et revue de détail…

ÉLÉMENTS. C’est un numéro d’Éléments pimenté qui sort en kiosque ces jours-ci. Pourquoi consacrez-vous plusieurs pages aux têtes à claques, « filousophes » et autres intellectuels organiques du macronisme ?

PASCAL EYSSERIC : Nous avons fait un tir groupé. Feu sur les télévangélistes multifonctions : Raphaël Glucksmann, Raphaël Enthoven, Vincent Cespédès et compagnie qui encombrent les plateaux de radio et de télévision et se vendent ensuite à prix d’or sur le marché de l’animation pseudo-intellectuelle. Ce sont les nouveaux « filousophes » : vacuité, bonne conscience et gros sous, tel est leur credo. On les retrouve en animateurs de croisières de luxe et en bateleurs de séminaires pour multinationales. À la télévision, matin, midi et soir, ils occupent la place encore chaude de leur père spirituel, Bernard-Henri Lévy. À l’origine du dossier que nous publions, il y a un livre décapant et réjouissant, Les imposteurs de la philo d’Henri de Monvallier et de Nicolas Rousseau, qui s’attaque à cette nouvelle génération de profs de philos à vendre. Les « nouveaux philosophes » sont morts, désormais nous avons droit aux « nouveaux filousophes » ! Jusqu’où va-t-on descendre ?

ÉLÉMENTS. Une précision. Qu’est ce qu’un « filousophe » ? D’où vient ce mot ?

PASCAL EYSSERIC : Le néologisme a été inventé par Victor Hugo dans Les Misérables. C’est ainsi qu’il décrit Thénardier, l’homme qui « était poli avec à peu près tout le monde, même avec le mendiant auquel il refusait un liard ». Le filousophe, c’est Thénardier donc, mais aussi Vincent Cespédès, Raphaël Enthoven ou Charles Pépin aujourd’hui, qui écument les couloirs du Medef ou de McDonald’s pour disserter à prix d’or sur « l’art de susciter l’ambition à ses subordonnés » ou sur « l’empowerment au féminin ». Un filousophe, c’est un type humain qu’on croise de plus en plus en ces temps de macronisme triomphant : sourire sirupeux et rictus caressant. Regard de fouine et mine d’homme de lettres. « Du reste fort escroc », nous prévient Hugo.

ÉLÉMENTS. Après les escrocs, vous vous attaquez aux putes intellectuelles ! Paul Josias rend hommage à Jean-Pierre Voyer, l’ami de Guy Debord et de Gérard Lebovici qui vient de mourir dans l’indifférence générale. Mais où donc Éléments met-il les pieds ?

PASCAL EYSSERIC : Hormis les connaisseurs de l’Internationale situationniste, personne ne se souvient de Jean-Pierre Voyer, théoricien de la communication, gauchiste hors norme et épistolier grandiose. L’homme qui fit se rencontrer Guy Debord et Gérard Lebovici est mort le 1er décembre 2019 à Pont-Audemer, en Normandie, un peu oublié de tous. Je crois que nous sommes les seuls à lui rendre hommage. La part la plus drôle et la plus féroce de son œuvre résidait dans l’envoi de lettres d’insultes à l’encontre de ce qu’il appelait les « putes intellectuelles », tous ceux qui, de Pierre Bourdieu à Bernard-Henri Lévy, en passant par Alain Minc, André Comte-Sponville ou Jean-François Kahn, ont un jour été payés par « l’État bourgeois ». Il avait forgé le concept de l’enculisme dans les années 1980, « pratique nihiliste de l’arnaque de tout le monde par tout le monde pour grappiller un peu plus de pognon ». Nous publions un petit florilège de lettres qu’il signait invariablement d’un aboyant « Hegelsturmfürer Voyer ».

ÉLÉMENTS. Dernière tête à claques de ce numéro : Nicolas Baverez. Pourquoi lui ?

PASCAL EYSSERIC : L’éditocrate libéral a lu Tocqueville. L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy en a tiré une thèse, écrite à la va-vite dans un livre qui tient plus de l’anthologie que de l’essai. Pour lui, la lecture de Tocqueville doit nous sauver – je cite – du « renouveau du populisme, du djihadisme et de l’émergence des démocratures » et nous ramener dans le droit chemin fixé par la démocratie libérale. Amen ! Dans nos colonnes, Thomas Hennetier fait un sort à cette récupération libérale, plus paresseuse que vraiment dangereuse.

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