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Émeutes communautaires : c’est l’ennemi qui vous désigne !

Émeutes communautaires : c’est l’ennemi qui vous désigne !

Jusqu’ici tout allait bien, comme dans le film « La Haine », du moins faisait-on semblant de le croire. Des banlieues assagies. Mais l’envers du décor, c’est l’enfer du décor. Le trop-plein migratoire vient de nous sauter au visage. L’ennemi, c’est nous autres Français.

« C’est l’ennemi qui vous désigne. » La terrible leçon de Julien Freund, un de nos plus grands penseurs politiques, est plus que jamais d’actualité. On peut chercher toutes les explications du monde : depuis une semaine, l’ennemi de l’intérieur nous désigne expressément. L’hu-mi-lia-tion en direct, tous les soirs, en mondovision, pire que les déculottés que nous avons pu subir au long de notre histoire. Car ce n’est plus à Sedan que le front cède désormais, c’est à Sevran. Quelle « degringolada », comme on dit au PSG.

Le terme de guerre civile est pourtant impropre, comme l’a justement souligné Mathieu Bock-Côté ; c’est plutôt une guérilla menée par un corps expéditionnaire étranger que le regroupement familial a rendu possible. D’ordinaire, les peuples jeunes exportent la violence ; nous, peuple vieux, on l’a importée, comme dans Le Camp des saints de Jean Raspail.

Une cinquième colonne a préparé le terrain aux émeutiers. Depuis le 27 juin et la mort de Nahel, elle vole à leur secours, je veux parler de l’extrême gauche, dans un étonnant renversement des rôles : les troupes de LFI et EELV ressemblent de plus en plus à une armée de supplétifs : ce sont les supplétifs du décolonialisme, comme il y avait jadis des supplétifs coloniaux. En somme, les tirailleurs de nos anciens tirailleurs.

Tout le monde, hors LFI et EELV, a conscience que ce n’est pas la police qui est ciblé, ni seulement l’État ou l’administration, encore moins la République. La République, les émeutiers s’en contrefichent. Ils n’ont jamais molesté un indigène en le traitant de « Sale républicain ». C’est la France, ses symboles, son identité, sa souveraineté, qui est visée.

L’ethno-sadomasochisme

Par paresse intellectuelle, on a pris l’habitude de voir le refus d’obtempérer par le petit bout de la lorgnette, c’est-à-dire pour une infraction au code de la route, ce qu’il est en effet, ici commis avec des circonstances aggravantes. Mais il faut élargir la focale pour avoir une vue plus complète. Le refus d’obtempérer n’est que le nom d’un refus plus général : celui de se soumettre à notre système de valeurs. L’occupant ne l’adresse pas seulement au gendarme, mais à la France. Derrière le refus d’obéissance, pointe le refus d’allégeance. La France n’est plus qu’un objet de mépris parce qu’elle ressemble à un maître veule et apeurée. La relation que l’occupant entretient avec elle est une relation de type sadomasochiste. Plus elle est humiliée, plus elle en redemande. Elle paye même au prix fort comme dans une relation de BDSM les coups qu’elle reçoit. Cela s’appelle la politique de la ville… Potemkine. Un trompe-l’œil qui nous ruine.

Les travaux du grand politologue américain Robert Putnam l’ont irréfutablement démontré : la diversité raciale mine la confiance que les individus placent les uns dans les autres. Plus la diversité au sein d’une société est grande, moins règne la confiance, à telle enseigne qu’on peut affirmer sans se tromper que le niveau de confiance est inversement proportionnel à celui de diversité raciale. Non seulement la diversité sape la confiance entre les communautés, mais elle l’érode à l’intérieur même desdites communautés. C’est une machine à séparer les hommes. Pas un domaine de la vie qui n’en soit affecté. On peut lui appliquer la théorie du ruissellement, mais ce qui circule ici, c’est l’amertume, la défiance, le ressentiment.

Le ressentiment naît de la comparaison. Toujours. C’est comme une aigreur à l’estomac – le grand Dostoïevski a tout dit sur le sujet –, un sentiment inavoué de nullité sociale rejeté sur l’autre, double offensant, qu’il faut abolir et briser. Rien de plus contagieux que le ressentiment. C’est un désir malheureux qui obéit à des processus d’emballement mimétique, que les réseaux sociaux amplifient, comme une traînée de poudre.

Les zombies attaquent

Tel est le résultat conjugué de la culture de l’excuse, du misérabilisme sociologique, des politiques de la ville, des foutaises de l’inclusivité, des niaiseries autour de l’éducation positive, des pédagogies non directives, des apprentissages ludiques, de l’éducation bienveillante, du bien être à l’école, de la méthode globale, de la parentalité constructive, du père absent, du refus d’assumer la position d’autorité, par nature asymétrique, de la généralisation du discours sur l’institution nulle, de la cogestion du monopole de la violence avec les voyous – sans oublier le renoncement à la bonne vieille punition.

Nul ne l’a dit plus éloquemment que le préfet de l’Hérault : « Deux claques et au lit ! » Tous les élèves chahuteurs et indisciplinés sont passés par là. J’ai toujours en tête la claque magistrale assénée par un frère des écoles chrétiennes quand j’étais en quatrième, il y a quarante ans de cela. J’en ai encore la tête dévissée et la joue rouge brûlante. Et je ne parle pas de celles que nous administraient nos pères. Elles ont contribué à nous redresser.

Mais que fait-on à la place ? On invoque Les Misérables. Un classique, sauf que ce n’est plus le chef-d’œuvre de Victor Hugo qui est à l’affiche, c’est la bande sonore du film de Ladj Ly, prix du Jury à Cannes en 2019. Ah, sociologie de la misère, misère de la sociologie !

À proprement parler, il n’y a plus de misère en banlieue, sinon spirituelle. La misère est une légende urbaine. Ce qui se joue, c’est au contraire la sortie de la misère, la post-misère, avec le développement sans fin de l’économie de la drogue, qui a largement mis à l’abri les familles de Nahel et des autres.

Ces banlieues n’ont que l’apparence des townships sud-africaines, elles sont suréquipées en produits high-tech, en téléphonie, en voiture de luxe. Leur population est fascinée par l’Occident terminal, ses produits de marque, son abondance, son confort – les pillages l’attestent jusqu’à la caricature. C’est cet au-delà de la misère qui dit la vérité sur ce monde et sur l’économie souterraine qui y prospère. Cette économie a fait émerger un mutant post-social, quelque chose comme un zombie, une armée de zombies, créatures du souterrain dostoïevskien justement. Les émeutiers en ont d’ailleurs toutes les caractéristiques. Comme les zombies, ils sortent la nuit. Comme les zombies, ils sont décervelés. Comme les zombies, ils sont hyperviolents. Ils ne parlent pas, mais émettent des grognements onomatopéiques. Cela s’appelle le rap. Et tous les soirs, ils rejouent La Nuit des morts-vivants.

Les « chances pour la France » : une chance pour la France ?

Il y a néanmoins une bonne nouvelle. Enfin les masques tombent, enfin les yeux se dessillent, enfin le mur du mensonge se fissure. La comédie de l’intégration vire à la tragédie de la désintégration. Gérard Colomb avait prévenu Macron : « Aujourd’hui on vit côte à côte… je crains que demain on vive face à face. » Nous y voilà. Si le réel c’est ce qui perdure lorsqu’on a cessé d’y croire, comme le disait Philip K. Dick, le réel c’est pour nous ce qu’il reste au petit matin après une nuit d’émeute : un chant de désolation et un champ de ruines. Mais sans ce choc, sans ces émeutes, pas de réveil possible. Soit le choc nous maintiendra dans notre état d’hébétude, soit il nous en extirpera. Ou bien nous nous relèverons, ou bien nous nous enfoncerons encore un peu plus. D’ores et déjà, le RN a un boulevard devant lui. Paradoxalement, c’est la racaille et l’extrême gauche qui l’auront ouvert. Merci à eux de nous avoir rappelé qu’il n’y a pas de cohabitation possible. Ce sera eux ou nous !

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