Été 2020, alors que la France est déconfinée depuis quelques semaines, le tout juste majeur Valentin Schirmer entreprend un voyage à vélo, sur les routes du plus beau pays du monde. De ce périple, il tirera ce carnet de voyage qui raconte son expédition, les paysages traversés, les cols gravis, les anecdotes truculentes, mais surtout les Français croisés, à qui, chaque soir, il demandait gîte et couvert, frappant aux portes au hasard.
Échappée solitaire des Ardennes à la Bretagne
Parcourir la France à bicyclette pendant soixante jours et dormir chez l’habitant, voilà le programme. Ce tour de France à vélo est avant tout un hommage aux Français périphériques qui ont croisé la route de l’auteur ou qui lui ont ouvert la porte de leur foyer. Ouvrir sa porte, son frigo et sa chambre d’ami à un parfait inconnu, quelques restes de la société traditionnelle, accueillante et chaleureuse subsistent dans les petits villages de campagne. Loin de l’urbain rabougri, d’une société liquide dont le capital social est réduit à néant, chaque accueil reçu témoigne que demeurent encore certaines valeurs non marchandes : le sens du commun, la gratuité, la simplicité – la décence ordinaire aurait dit Orwell.
Malgré l’épidémie de Covid, la méfiance naturelle face à l’étranger et les difficultés de l’époque, des personnes ont accueilli un inconnu le temps d’un soir : Damien et Julie, Jean-Luc et Catherine, Roberte, Bernard et Inès… des Français oubliés qui passent totalement sous les radars des médias et des représentations. De Huguette joueuse de Triomino à Trois-Fontaines-l’Abbaye à Jean, député-berger à Lourdios-Ichère, les rencontres, anecdotes, discussions et cuites mémorables se succèdent, entre bonhomie intemporelle de la ruralité, amour de ses racines et défense des petites patries charnelles.
Appel à l’aventure
Vallée de la Marne, vignoble bourguignon, plateaux jurassiens, cols alpins, pics pyrénéens, campagne vendéenne, cette aventure humaine formatrice glorifie la beauté de la France, sa faune, sa flore, sa géographie, ses odeurs et paysages. Pour les familiers du Tour de France, l’auteur a gravi les plus mythiques cols empruntés années après années par les cyclistes durant la Grande Boucle : Galibier, Mont Ventoux, Izoard, Tourmalet… Un tel périple (4 000 km d’asphalte parcourus) ne va pas sans aléas : chaleur estivale, ennuis mécaniques, déconvenues physiques et tentation de l’abandon mettent à rude épreuve mais forgent le caractère.
Dans cette démarche pourtant solitaire – seul sur sa Rossinante de métal à l’assaut de monts légendaires -, Valentin Schirmer ne cherchait pas l’isolement ni l’introspection, mais au contraire une aventure humaine à la découverte de compatriotes et à la recherche de rencontres, de souvenirs, de moments naturels qui subliment les relations humaines, loin du froid calcul citadin. Cet été, plutôt que de partir à l’autre bout de la planète ou s’entasser sur les mêmes plages, allez découvrir la France, le dépaysement est bien plus proche qu’on ne le croit.
Valentin Schirmer, Le plus beau pays du monde, Les éditions du Verbe haut, 166 p., 18€
