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Marlon Brando Napoléon

Éléments contre la culture victimaire : «Vive l’Empereur et mort aux cons!»

Avec ce numéro 189, "Éléments" rameute les meilleurs de ses grognards pour sonner la charge contre les dépressifs gavés à la culture victimaire et les politiques terrorisés par leur ombre.

ÉLÉMENTS : « Vive l’Empereur et mort aux cons ! ». Avant toute chose, il faut d’abord dire un mot sur cette couverture inhabituelle ?

PASCAL EYSSERIC. Inhabituelle, non. Quand on regarde la collection d’Éléments, il y a eu des couvertures bien plus polémiques encore ! Ce titre « Vive l’Empereur et mort aux cons ! », c’est un coup de gueule, l’expression d’un ras-le-bol contre les censeurs de tous poils, contre les décoloniaux à tresses blondes, contre les fils de prof d’Université de l’Unef, gavés de culture victimaire, contre les élites politiques françaises à la Jean-Louis Debré qui se couvrent la tête de cendres en expliquant qu’il ne faut surtout pas trop en faire. « Vive l’Empereur et merdre aux cons ! », c’est notre bras d’honneur face à la déferlante de la cancel culture, c’est une charge de grognards, emmenée par Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon et Éric Zemmour. Notre Napoléon, c’est le héros populaire, celui des veillées et de chansons de Béranger, le surhomme, le professeur d’énergie du grognard Goguelas de Balzac qui raconte à la veillée, dans une langue surnaturelle qui préfigure Céline, un Napoléon de légende.

ÉLÉMENTS : En quoi Napoléon peut-il encore être un modèle ?

PASCAL EYSSERIC. En ces temps de langueur insupportable, de négativisme généralisé et de détestation de soi, Napoléon est un modèle d’énergie. Son extraordinaire énergie peut être un modèle pour accomplir des actions extraordinaires. Dans un livre drôle et émouvant qui vient de paraître Napoléon : punk, dépressif, héros (Équateurs), Philippe Perfettini, un ancien punk, aujourd’hui responsable des collections napoléoniennes au musée du Palais Fesch à Ajaccio raconte comment Napoléon lui a sauvé la vie : « Il se tient debout, il survit à tout, même à la mort. Napoléon, comme source d’inspiration, initie à ce qui est grand, d’autant plus qu’il est une porte ouverte sur la littérature du XIXe siècle : Hugo, Balzac, Stendhal, Chateaubriand, Byron, Pouchkine, Tolstoï entre autres que s’approprient également quelques grands artistes dont Canova, Turner, Gérard ou Girodet. »

ÉLÉMENTS : N’y a t-il donc, pour paraphraser Victor Hugo, que « Lui partout ! » dans ce numéro ?

PASCAL EYSSERIC. Emporté par mon élan, je ne voudrais pas que l’ombre du grand homme jette un voile sur l’ensemble de ce numéro qui est très riche, avec notamment un très bel entretien sur les 150 ans de la Commune du grand philosophe Denis Collin, spécialiste de Marx, qui nous remet en quelque sorte les idées à l’endroit sur la première insurrection prolétarienne autonome et nous rappelle que la Commune de Paris a d’abord été un mouvement patriotique. Voyez-vous, nous avons pris le parti inverse de l’historien Pierre Nora qui a dit cette phrase un peu bête sur France Inter – la radio qui rend les gens intelligents idiots– « commémorer Napoléon oui, la Commune non ». L’auteur des Lieux de mémoire se trompe bien évidemment : la Commune n’est pas morte. Il en reste une nostalgie et un rêve. Le rêve du commun d’abord, « Commun, Commune ! », comme l’écrit Alain de Benoist dans son éditorial. Peut-il y encore y avoir des Communards ?, s’interroge-t-il. La réponse à cette question est l’un des secrets de notre temps.

Je voudrais également signaler l’article tout à fait original de notre collaboratrice Alix Marmin, et pour tout dire d’une réjouissante rosserie qui tranche avec la campagne de presse dithyrambique qui a été orchestrée autour du livre L’autre art contemporain de Benjamin Olivennes. De même, je ne saurais trop vous conseiller de lire la rencontre entre Thomas Morales et Nicolas Gauthier, autour du cinéma populaire français qui vaut son pesant de mauvaise foi et de fous rires.

ÉLÉMENTS : Comment faites-vous pour passer dans le même numéro de Denis Collin, spécialiste de Marx à l’écrivain libéral Gaspard Kœning ? Ne cédez-vous pas au brouillage des frontières, au « confusionnisme » ?

PASCAL EYSSERIC. C’est curieux chez certaines personnes de gauche cette tendance à vouloir ériger des frontières imperméables contre les idées des uns et des autres alors qu’ils veulent à tout prix abolir les frontières physiques. Arc-boutés sur un clivage gauche-droite dépassés, les amateurs d’étiquettes, comme l’universitaire Philippe Corcuff, y verront à coup sûr du « confusionisme ». Nous y voyons la libre confrontation des idées. Nous n’avons pas demandé à Denis Collin ou à Jérôme Maucourant, auteur d’un portrait de Karl Polanyi, de se défaire de leur marxisme ni à Gaspard Koening de piétiner ses idées libérales. Quoique dans ce dernier cas, il n’est pas faux de dire que le président du laboratoire d’idées Génération libre semble beaucoup s’interroger sur son libéralisme. Bref, le sectarisme et l’hystérie pavlovienne de la gauche intellectuelle aura beaucoup fait pour introniser Éléments comme un lieu de rencontres et de débats à peu près unique dans le monde intellectuel français.

ÉLÉMENTS : Sous le titre « Une épidémie de transgenre », vous faites paraitre une longue et passionnante enquête de François Bousquet. Pourquoi ce thème ?

PASCAL EYSSERIC. François Bousquet travaille depuis longtemps sur ce thème du changement de sexe à la carte. Il a interrogé plusieurs psychothérapeutes, dont un qui lance cet avertissement : « Dans vingt ans, nous repenseront la ruée vers le changement de sexe de nos enfants comme l’un des chapitres les plus sombres de la médecine ». Mais rendons à César ce qui appartient à César, nous devons notre titre à la psychanalyste Elisabeth Roudinesco qui dans une émission de télévision grand-public et sous l’opprobre public a tenté d’alerter sur ce phénomène : « Je trouve qu’aujourd’hui, il y a une épidémie de transgenres, il y en a beaucoup trop. » Je profite de l’occasion pour la remercier.

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