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Dominique Strauss-Kahn

Dominique Strauss-Kahn, cherchez les femmes ! (3/9)

Il se voyait déjà sur le trône du roi de France. Anne Sinclair, sa femme, avait tout prévu, les tableaux de maître qu’elle accrocherait à l’Élysée, la couleur des rideaux. Patatras ! Un an avant la présidentielle de 2012, qu’il devait gagner, DSK est pris la main dans la culotte.

Derrière chaque grand homme, il y a une femme, dit le proverbe. Anne Sinclair a longtemps cru qu’il s’appliquait à elle. Grossière erreur : derrière son mari, il y en avait des dizaines. Elle avait pourtant tout fait pour le séduire et le conserver, jusqu’à se transformer en « desperate housewive » de luxe, lui abandonnant sa notoriété, ses yeux bleus comme un lagon, ses Picasso et sa fortune. En retour, son époux n’eut rien d’autre à lui offrir qu’un long extrait des Infortunes de la vertu du marquis de Sade, le seul auteur capable d’éclairer ce mélange de Talleyrand levantin et de Rocco Siffredi sous Viagra à l’allure d’iguane borgne, dont un internaute facétieux a dit que c’est « un œil de verre dans une capote de velours ».

Sardanapale au lit et au FMI

Dominique Strauss-Kahn est le chef-d’œuvre de la gauche caviar. Il en a toutes les options : bling-bling, bang-bang, gangsta. C’est à lui seul une parodie du clan Bettoun dans Le Grand Pardon. Trader au FMI, client de boîtes à partouzes et caméléon rassurant dans le lit de sa femme. Du libre-échange à l’échangisme, la voie était toute tracée. Le type même de la bulle médiatique. Yes we Kahn !, lui soufflait à l’oreille le communicant Stéphane Fouks, patron d’Euro RSCG, à la veille de la présidentielle de 2012 dont il était le favori. Tout le monde y croyait, sauf lui, incapable de renoncer à son train de vie de maharadjah obsédé par les femmes de chambre comme un bourgeois balourd d’Octave Mirbeau.

Mal lui en prit ! À la tête du FMI grâce à l’entregent de Nicolas Sarkozy, il s’est retrouvé l’homme le plus surveillé de la planète puritaine sans rien changer à ses habitudes de mauvaise vie. Il y eut d’abord l’affaire Piroska Nagy, une de ses collaboratrices au FMI, sa « maîtresse » qui avait choisi sans ferveur le plan de carrière le plus rapide – la promotion canapé (« j’étais perdante si j’acceptais, et perdante si je refusais »). Puis la déflagration Nafissatou Diallo, qui n’était pas une reine de beauté, troussée à la va-vite, comme on prend un en-cas à la machine à café. Un viol plus tard, elle quittait le Sofitel de New York avec la bagatelle de 1,5 million de dollars en poche. Nafissatou, c’est le chef-d’œuvre de DSK. Abel Ferrara en a tiré un film qui exhale les habituelles sécrétions de corruption et de pourrissement du cinéaste, Welcome to New York, avec un Depardieu moins à son affaire qu’à l’accoutumée. De toute évidence, il aurait été plus à l’aise dans la peau de Dodo la Saumure fournissant à DSK de la chair fraîche sur un chariot de service au Carlton de Lille. Quant à la tentative de viol sur l’évanescente Tristane Banon, elle sera classée sans suite, comme la malheureuse, depuis portée disparue. Le reste est plus convenu (affaires des Panama Papers et des Pandora Papers) : on barbotte dans les paradis fiscaux, la destination la plus prisée des types dans son genre.

C’est cependant cet homme qui osa faire un jour la leçon à Hervé Gaymard, alors ministre des Finances, sous la seconde présidence Chirac, pour son duplex au loyer de 14 000 euros payé par le contribuable. Un socialiste, ça ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît. Certes, ce n’est pas le contribuable qui réglait ses caprices sardanapalesques, mais sa chère (très chère) épouse, dont il avouait, avant leur rupture, qu’elle l’avait mis à l’abri du besoin pour le restant de ses jours – comme si les deux millions de dollars qu’il gagnait au moment de son arrestation ne suffisaient pas à son confort.

La Madame Verdurin du PAF

« La faveur met l’homme au-dessus de ses égaux ; et sa chute, en dessous. » C’est en substance ce que l’on a entendu sur les ondes au lendemain de son arrestation. On doute fort cependant que l’assertion de La Bruyère ait le moindre fondement pour un homme tel que lui. Madame n’est-elle pas un carnet d’adresses doublé d’un carnet de chèques ?

Petite-fille du richissime Paul Rosenberg, l’un des premiers marchands d’art à spéculer sur Braque, Léger, Matisse et surtout Picasso, Anne Sinclair fut longtemps la Madame Verdurin du PAF. Son salon à elle s’appelait « Sept sur sept », sur TF1, où elle recevait le tout-Paris, sauf Le Pen, ce qui lui vaudra de devenir la « Marianne » des Français en 1991. Au début des années 2010, L’Expansion avait estimé sa fortune entre 35 et 55 millions d’euros, mais il faudrait sûrement la multiplier par dix, tant elle possède de tableaux aux cotes fantaisistes. Elle a vendu en 2007 un Matisse 33,6 millions de dollars et en 2003 un Fernand Léger 22,4 millions. L’immeuble, qui abritait la galerie de son grand-père à New York, toujours propriété de la famille, vaut au bas mot 50 millions de dollars. Ajoutez à cela un riad à Marrakech, un appartement place des Vosges et une maison à Washington. Le socialisme est décidément un très bon placement. La bourse d’Anne et les bourses de Dominique.

Prochain épisode : Jack Lang le Mirifique (4/9)

Épisode précédent :
Brève histoire de la gauche caviar (1/9)

Bernard-Henri Lévy, le Rienologue milliardaire (2/9)

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