Le magazine des idées

D’estoc et de taille (1ère session)

« La lecture du journal est la prière du matin de l’homme moderne » disait Hegel. Notre collaborateur David L’Épée, médiavore boulimique, priant peu mais lisant beaucoup et archivant tout ce qui lui tombe sous les yeux, effeuille pour nous la presse de ces dernières semaines.

Alors que la presse française, à l’image de cette une de Libération, communiait presque unanimement ces dernières semaines dans la célébration du Manifeste des 343 salopes, rappelant à quel point l’avortement était un droit, un devoir, un acquis social conquis de haute lutte, un cadeau de la science et un symbole d’émancipation pour toutes les femmes, je me suis mis en tête – projet fou ! – de dénicher un titre de presse dont la une délivrerait un autre message. Il m’a fallu du temps mais j’ai trouvé : je lève donc mon chapeau au magazine What hi-fi ? qui, dans son numéro d’avril, prend le contrepied de la tendance et nous propose un numéro qui fait la part belle à la maternité et au relèvement démographique.


À propos de démographie justement et pour prendre le problème par l’autre bout, Olivier Rey publie, dans le Valeurs actuelles du 22 avril, une très belle tribune intitulée Ne nous laissez pas entrer en euthanasie. S’opposant à une libéralisation de ce droit, il refuse l’argumentation très sophistique selon laquelle une modification juridique concernant une minorité n’aurait pas d’impact sur la société dans son ensemble. Au contraire, pense-t-il, les partisans de cette réforme, s’ils obtiennent gain de cause, n’obtiendront pas seulement un droit pour eux mais modifieront le droit commun. « Voilà comment, en ayant décrété le “droit à mourir dans la dignité”, on se trouvera dans les faits, avoir étendu le domaine de l’indignité, écrit-il. Voilà comment, en ayant obtenu le “droit à une fin de vie libre et choisie”, on se trouvera moralement obligé de débarrasser le plancher. »


Marianne propose de son côté, le 9 avril, un article très intéressant sur les rapports plus complexes qu’il n’y paraît entre démographie et écologie, et dont certaines réflexions ne sont pas sans rappeler le dossier qu’Éléments avait consacré à la question dans son numéro de juin-juillet dernier – et notamment l’article de votre serviteur Le grand retour des malthusiens : instinct de survie ou pulsion de mort ? Dans le papier de Marianne intitulé Faites des gosses ! l’auteur, Violaine des Courrières s’en prend aux nouveaux malthusiens de l’écologie et démontre, en s’appuyant sur un rapport de l’Insee de 2017, que les ménages avec enfants recyclent davantage que les couples qui n’en ont pas et ce grâce à la transmission familiale des valeurs propres à l’écologie. « Plus de sensibilité à l’environnement grâce à des ados plus écolos, plus de discussions en famille finissent par changer les habitudes » explique-t-elle. La nature ayant horreur du vide (surtout en temps de mondialisation), renoncer à enfanter revient surtout à céder la place vacante à d’autres enfants qui, eux, ne porteront pas nécessairement les mêmes valeurs… À bon entendeur.


Ce n’est toutefois pas l’avis des rédacteurs du magazine Néon qui, dans leur livraison de mars-avril, nous rappellent que le moyen le plus sûr de ne pas polluer reste encore de ne pas se reproduire. C’est pourquoi ils consacrent un article au thème de l’asexualité (avec un a privatif), soit l’identité sexuelle d’individus se singularisant par leur absence de libido. On apprend que certains se reconnaissent entre eux grâce à l’anneau noir qu’ils portent et qui symbolise leur désintérêt mutuel, et que d’autres ont même rallié un mouvement connu sous le nom d’AVEN, acronyme de Asexual Visibility and Education Network. Un article qui nous permet au passage d’apprendre un nouveau mot : les allosexuels. Qui sont-ils ? Eh bien il s’agit tout simplement de personnes éprouvant… du désir sexuel. Tel M. Jourdain faisant de la prose à son insu, il semblerait que nous soyons nombreux à être allosexuels sans le savoir !


Mais pourquoi se poser la question en termes si radicaux alors que l’on peut être un parfait écolo sans changer grand-chose à son mode de vie et sans rompre avec le système libéral ? C’est en tout cas ce que pense la rédaction du magazine Capital qui, dans son numéro d’avril, nous propose de miser sur le vert non pas pour sauver la planète mais pour gagner plus.


C’est justement à ce type d’escroqueries que s’attaque le numéro d’avril-mai du magazine Socialter, qui analyse comment la novlangue managériale a fait main basse sur le registre écologique. Or c’est maintenant au tour d’une certaine écologie politique d’entretenir la confusion en se saisissant de ces expressions vides de sens. C’est l’objet de l’éditorial, signé Philippe Vion-Dury. « Que dire de l’écologie institutionnelle, championne toutes catégories dans la récupération et la production de néologismes, parvenant à faire tenir ensemble ce qui ne devrait pas l’être : développement durable, énergie propre, croissance verte et, plus récemment, résilience aux catastrophes. Pas étonnant que les citoyens soient déboussolés au point de se déclarer “pour le climat” (comme si on pouvait être contre), qu’ils lèvent à peine le sourcil quand on leur parle de “confinement hybride” et “innovant”, ou que le medium privilégié du débat et de la communication politique soit l’aphorisme numérique en 280 caractères. » Le même numéro, dans un article consacré à la novlangue, propose un néologisme qui, lui, pourrait avoir une signification tout à fait concrète aujourd’hui : la sensure. Ce terme, contrairement au mot d’origine, ne correspond pas à une privation de parole mais à une privation de sens. « La privation de sens est la forme la plus subtile de lavage de cerveau, écrit l’auteur, Clément Quintard, car elle s’opère à l’insu de sa victime. Et le culte de l’information raffine encore cette privation en ayant l’air de nous gaver de savoir. »


Un mot de politique française à présent. À mesure que les élections présidentielles approchent, certains titres de la presse de gauche commencent à sérieusement s’inquiéter. La plupart ne manqueront pas sans doute, quitte à avaler des couleuvres monumentales, d’appeler à voter Macron au second tour, mais malgré tout le moral n’y est pas. Ainsi, dans le numéro d’avril de Rolling Stone, Laurent Bazin rappelle, des trémolos dans la plume, qu’une enquête de Libération a récemment révélé qu’une grande partie des électeurs de gauche ne seraient pas prêts à soutenir Macron dans les urnes et qu’ils pourraient être tentés, par l’abstention ou par un vote contestataire, de considérer la démocratie comme autre chose qu’une simple machine à faire barrage à l’opposition. Diable ! « Faute d’être capable de s’unir et de proposer une alternative, les gauches se sont trouvé un ennemi commun : l’“ultralibéral”, le banquier, le traître Macron, se lamente Bazin. À force de traiter le président comme un ennemi de classe, de le diaboliser, de le salir, elles ont fini par se convaincre qu’entre lui et Le Pen, il n’y avait finalement que peu de différence. » La presse de gauche révèle une fois de plus le fond de son angoisse, sa grande hantise : que le peuple de gauche se remette à croire à la lutte des classes et finisse par troquer le pensum mondialiste que lui servent ses chefs pour des revendications sévèrement anticapitalistes…


Marianne, dont la qualité du contenu semble beaucoup progresser ces derniers temps après un long passage à vide, nous propose dans son numéro du 16 avril, par l’entremise de Kévin Victoire, un passionnant entretien croisé entre Jean-Claude Michéa et François Ruffin. Le premier nous livre un réquisitoire implacable contre l’implantation de la 5G. « Un monde intégralement artificialisé et dans lequel “tout serait connecté avec tout”, déplore-t-il, ne signifie pas seulement un contrôle social accru des individus et la fabrication en série de “crétins digitaux” hypnotisés par l’univers des écrans, il implique aussi, à terme, la disparition graduelle de tous ces espaces de vie où les gens ordinaires conservent encore la possibilité et l’habitude de penser et d’agir par eux-mêmes. » Ruffin partage cette inquiétude, se faisant le porte-voix de cette masse de gens de plus en plus nombreux pour qui « une évidence s’est répandue, popularisée : la technologie ne fait plus le bonheur ». Il s’en prend au « messianisme du numérique » qui caractérise sur la question le discours de Macron, ce « Moïse de la start-up nation », toujours prompt à traiter d’amish ceux qui ne le suivent pas dans son prométhéisme technophile. Il y voit un déni de démocratie, laquelle est trop souvent suspendue lorsqu’il s’agit de légiférer sur des questions d’ordre technique. Ces décisions « s’imposent par une technostructure, Bercy et les lobbys, les rouages bureaucratiques de l’État et les puissances financières ». Pourtant, rappelle-t-il, il appartient au souverain, par le suffrage universel, de mettre des bornes aux innovations qu’il juge néfastes, ce qui a souvent été le cas ces dernières années : limitation des OGM, interdiction du clonage humain, mesures publiques pour stopper l’ubérisation des services, etc. « D’un point de vue libéral, renchérit Michéa, le fait que la décision de “passer à la 5G” soit ainsi soustraite à tout débat démocratique ne soulève aucun problème ». Un échange passionnant et de haute tenue intellectuelle.


Autre registre, et autre forme de conservatisme. S’il y en a bien un qui soigne la promotion en France de son dernier livre, c’est l’essayiste québécois Mathieu Bock-Côté ! On le rencontre partout, aussi bien dans les titres de presse conservateurs que dans ceux plus généralistes, des micros d’Europe 1 aux colonnes de Paris Match. Il faut dire que le thème de son essai, La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, résonne avec l’air du temps. C’est toutefois la maison Figaro, avec ses divers titres de presse, qui remporte la palme du promoteur n° 1 de cet ouvrage polémique. Déjà, en mars, dans la rubrique qui lui est dévolue dans le grand quotidien de droite, Bock-Côté avait frappé quelques grands coups : contre les antifas le 6 mars (« …ils se comportent comme une milice visant à créer un climat de terreur pour rendre impossible l’expression d’une dissidence contre l’idéologie diversitaire ») ; pour le retour des samizdats comme forme de résistance le 20 mars (« …il est bien possible que le travail de la pensée doive renouer avec de tels espaces, et qu’ils en viennent à ressaisir l’idéal aujourd’hui renié de l’université ») ; contre la soumission linguistique de la France à la langue anglaise le 26 mars (« le français concède à l’anglais le privilège du cosmopolitisme européen alors même que le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne »). En avril et en mai il met les bouchées doubles et ne mâche pas ses mots. « Il existe au cœur de l’université occidentale une prime à la radicalité délirante qui permet de transformer en grandes avancées théoriques les plus redoutables absurdités » dénonce-t-il dans le dernier numéro du Figaro Histoire, ajoutant que « qui niera l’ancrage biologique de l’identité sexuelle ou la réalité de l’immigration massive sera auréolé du prestige des audacieux ». Fustigeant, dans les pages du Figaro Magazine du 9 avril, le mimétisme atlantiste des militants antiracistes français, il rappelle que « nous assistons à une forme d’américanisation mentale des sociétés occidentales d’autant plus qu’elles se sont transformées démographiquement ». Ces avertissements venus du Québec sont toujours donnés en connaissance de cause, et nous ferions bien d’en tenir compte.


Interviewé le 15 avril par Le Point, Bock-Côté dénonce avec virulence la progression de l’idéologie woke : « Cette idéologie est aujourd’hui hégémonique dans l’université, les médias, la musique classique, la pédagogie, les sports, les musées, l’opéra, le cinéma, et même le monde de l’entreprise, comme on le voit dans les départements des ressources humaines. C’est une tâche d’ingénierie sociale et de rééducation psychologique sans fin qui s’annonce. » Et de préciser avec inquiétude que « c’est dans cette idéologie que sont socialisées les jeunes générations, laquelle structure fondamentalement leur vision du monde ». Et l’hebdomadaire d’illustrer l’entretien avec une caricature plutôt amusante :

J’avais d’ailleurs moi aussi songé à cette analogie culinaire il y a quelques temps en déambulant dans les rayons d’un centre Ikea…


Heureusement, face aux assauts du nouveau racialisme, de nombreux Français issus de l’immigration prennent la parole pour refuser cette mascarade. Dans L’Express du 1er avril, l’écrivain Abnousse Shalmani, d’origine iranienne, revient sur la dernière cérémonie des César, qui « a enterré le cinéma à coups de pipi-caca idéologisé parfumé au décolonialisme », et s’exclame : « Le Ku Klux Klan en a rêvé, la gauche progressiste l’accomplit ! » Le 9 avril, Sonia Mabrouk, dont le dernier livre, Insoumission française, vient de paraître, met en garde les lecteurs du Figaro contre le plan de bataille des déconstructeurs. « Ils savent ce qu’ils font et où ils veulent mener la France, explique-t-elle. Leur idéologie inquisitrice s’infiltre désormais dans tous les interstices de notre société pour faire du peuple français un peuple étranger sur son propre sol. À coups de repentance et de contrition collective, il sera bientôt interdit de faire référence à l’Histoire sans en demander l’autorisation aux ligues autoproclamées de vertu racialistes. » Elle précise sa pensée dans le Valeurs actuelles du 22 avril et en appelle à la reconquête : « Il faut arrêter de regarder l’effondrement de notre civilisation comme si nous étions des sismologues […] En se mettant à genoux devant ces groupes, nous nous mutilons. Nous participons au démantèlement de l’État-nation en ne défendant pas les croyances en la légende, au poème français. À force d’avoir peur d’exalter notre fierté, nous la perdons et nous nous rendons orphelins de notre propre pays. » C’est ce type de déclarations, inspirées par le patriotisme, qui lui vaudront, trois jours plus tard, d’être taxée par Libération de « directrice de la réaction »


Le 7 avril, l’actrice Rachel Khan se confie dans les colonnes de Charlie Hebdo et déplore l’invasion sémantique du terme de « racisé » qui empêche toute construction de soi et toute émancipation réelle. « C’est un mot qui a “colonisé” notre société, qui s’est propagé dans l’ensemble des milieux associatifs. C’est tout le paradoxe de cette pensée “décoloniale” : maintenant, on n’a pas le droit de s’autodéterminer autrement qu’en “racisé”. » Dans Le Figaro Vox du 12 mars, elle rapportait cette anecdote lourde de sens : « Je suis allée sur un plateau télé récemment pour discuter de l’islamo-gauchisme à l’université, et un intervenant me dit gentiment “je crois que nous sommes dans le même camp”. Non, je ne crois pas, non… mais, à cet instant j’ai compris que je devais avoir des cheveux “islamogauchistes” ! » Il est loin le temps où les militants « antiracistes » fustigeaient l’essentialisme et les assignations identitaires…


Le 15 avril, interviewée par Valeurs actuelles, l’essayiste Fatiha Agag-Boudjahlat, se penche sur un autre mot de la novlangue racialiste, le terme de native informant. « C’est une notion que les études postcoloniales ont forgée pour désigner les personnes de couleur qui, surcompensant un complexe d’infériorité à l’égard des Blancs, imitent ces derniers pour leur plaire et être reconnues par eux, explique-t-elle. En fait, cette notion est l’élément de langage pour désigner les nègres de maison, les bountys, les blanchis, les “collabeurs,” les oncles Tom. » Une vision polémologique et fractionnée aux antipodes de l’assimilation censée prévaloir en république. Elle y voit une forme de pression exercée sur les immigrés : « Cette expression de native informant, d’“informateur indigène”, de vendu aux Blancs, est surtout l’alibi scientifique utilisé pour faire taire les dissonances au sein des immigrés et de leurs descendants et pour s’assurer de leur hyper-conformité vis-à-vis de leur communauté, le groupe n’apparaissant que comme fait d’un seul bloc. » Hadrien Brachet, dans le Marianne du 9 avril, faisait le même constat : « Pour certains militants antiracistes nouvelle génération, toute participation à des institutions républicaines ou toute défense d’un discours universaliste, c’est-à-dire refusant une lecture raciale des rapports sociaux, s’apparenterait à une forme de soumission aux personnes blanches. » Cette levée de boucliers de la part de « racisés » qui n’ont aucune envie d’être réduits à ce rôle instrumental enthousiasme Franz-Olivier Giesbert, dans l’éditorial du Point du 8 avril, leur tire son chapeau : « Ironie de l’Histoire : ce sont des Blancs qui, en France, militent pour l’islamo-gauchisme, tandis que ce sont des Français issus de l’immigration, mille mercis à eux, qui forment les troupes de choc de l’anti-islamisme. » Ce n’est pas du tout l’avis d’Edwy Plenel qui, dans les pages des Nouveaux Cahiers du Socialisme, nous explique le 10 avril que « ce sont toujours des minorités qui font grandir les majorités, les obligeant à sortir de leur confort ou de leur aveuglement ». De sa part le contraire nous eût étonnés.


À propos de minorités, voici un visuel publié par le syndicat Sud au sujet du covid et que Plenel n’eût sans doute pas désavoué. Je vous laisse comprendre ce qu’il y a à comprendre…


Quelques nouvelles du féminisme. Dans son édition du 10 avril, le quotidien suisse romand Le Temps entreprend, sous la plume de Marie-Pierre Genecand, de faire le procès de la masculinité (ça faisait longtemps…). L’angle d’attaque change toutefois quelque peu des précédents puisqu’après avoir été dévalorisé au nom de la morale ou de la biologie, c’est maintenant au nom de l’économie que l’homme est prié de disparaître. Rappelant que 96 % de la population carcérale est masculine et que ces gens-là coûtent à l’État plus de 100 milliards d’euros (elle puise ces chiffres dans le récent livre de Lucile Peytavin, Le coût de la virilité), soit l’équivalent du déficit annuel du pays, elle regrette que l’on n’autorise pas l’établissement de statistiques criminelles sur la base du genre, ce qui serait plus éclairant selon elle que de le faire sur une base ethnique. « Après la vague MeToo, conclut-elle, les hommes de demain seront-ils libérés de cette virilité qui tue et coûte cher ? On aimerait le croire. » On aurait bien quelques remarques à faire sur la population carcérale pour compléter la réflexion de cette dame, mais il y a fort à parier qu’elles seraient mal reçues et qu’on nous répondrait, pour reprendre une expression très usitée, que « la question ne se pose pas en ces termes »…


Féminisme toujours, mais d’un genre bien particulier (encore que le genre, justement, soit devenu l’ennemi à abattre) avec cette publication sur les réseaux sociaux de l’association SOS Homophobie, qui rivalise de périphrases et de circonvolutions pour éviter de prononcer ce mot (la femme) que nos chastes oreilles dégenrées ne sauraient entendre. J’imagine assez bien le type de dialogue qui a pu avoir lieu entre les auteurs de cette publication :

– Nous devrions lancer une enquête pour en savoir plus sur la santé gynécologique des femmes…

– Comment ça des femmes ? Parce que maintenant c’est réservé aux femmes la gynécologie ?

– Ben oui, enfin… non ?

– N’importe quoi ! C’est ouvert à tout.e.s.x.z la gynécologie, c’est inclusif, c’est égalitaire, c’est horizontal, c’est non binaire la gynécologie !

– Bon, alors disons que nous allons lancer une enquête pour en savoir plus sur la santé gynécologique des personnes ayant une vulve. Ça va comme ça ?

– Tu plaisantes ! Il y a un sous-entendu complètement oppressif dans cette phrase ! Et que fais-tu des ex-hommes transsexuels qui, au terme de leur transition vers leur identité de femme, décident de se faire réopérer pour revenir à leurs organes génitaux initiaux ? Ils n’ont peut-être plus de vulve mais ils en ont eu une précédemment, et là avec ta proposition ils se sentent laissé.e.x sur la touche !

– D’accord… Dans ce cas j’ai peut-être une autre formulation à proposer…


Pour terminer, dans les titres de presse spécialisés, on signalera, à l’attention des plus jeunes, un dossier très instructif, dans le numéro du mois d’avril du mensuel L’Éléphant, consacré au sucre et à ses effets pervers sur le cerveau. Une lecture incontestablement plus sérieuse que celle du Monde des ados qui, dans son numéro d’avril consacré aux allergies, confond dans son illustration de couverture le symbole de la Croix Rouge avec le drapeau helvétique…


Le numéro de mai de Beaux-Arts magazine consacre quant à lui un article fort intéressant à l’analyse – à la fois picturale, théologique et mathématique – du célèbre tableau La Flagellation du Christ du peintre toscan Piero della Francesca. J’ai craint un instant le pire en découvrant la couverture du numéro tout en pink washing : avait-on décidé, même dans cette honorable publication, d’opérer une transition vers le queer ? Nous apprendrait-on que le maître de San Sepolcro, l’artisan de l’immortelle Madonna del Parto, était en réalité un artiste-conceptuel transgenre en quête de déconstruction ? Fausse alerte, il n’en est rien…

C’est sur ce surprenant relooking du Quattrocento que je vous quitte. En épluchant la presse à votre place, j’espère vous avoir fait gagner du temps –que vous saurez à mettre à profit en lisant de bons livres !

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