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Delon-Belmondo à l’affiche de la Nouvelle Librairie, Nicolas Gauthier fait les présentations

Retrouvez Nicolas Gauthier vendredi 26 juin à la Nouvelle Librairie, de 18 h à 20 h, pour la présentation du hors-série que Valeurs actuelles vient de consacrer à « Delon Belmondo, épopée française ».

ÉLÉMENTS. Pourquoi associe-t-on ces deux noms, Delon et Belmondo ? Ils n’ont pas beaucoup tourné ensemble, ils ont même joué dans des films sans jamais se croiser. À quoi tient cette association dans l’imaginaire collectif ?
NICOLAS GAUTHIER : Je crois que Belmondo, c’est le copain qu’on aimerait avoir, et Delon, l’homme auquel on voudrait ressembler. Dans cet imaginaire collectif, Jean-Paul, c’est le charme canaille, et Alain, la séduction aristocratique. La synthèse des deux me paraît être éminemment française ; enfin, représentative de la France d’avant, je précise. Parce qu’aujourd’hui, avec nos acteurs à cheveux gras partis à la recherche de leur féminité dans un loft de Bastille aussi grand qu’un terrain de foot, c’est une autre paire de manches (de jogging) !

ÉLÉMENTS. Vous-même, vous êtes plutôt Delon ou Belmondo ?
NICOLAS GAUTHIER : Je me sentirais plutôt moitié Bernard Blier moitié Darry Cowl.

ÉLÉMENTS. Flic ou voyou ?
NICOLAS GAUTHIER : J’adore jouer une mi-temps dans chaque camp. Mais, vu mon métier, plutôt voyou : je déteste les journalistes qui se prennent pour des flics.

ÉLÉMENTS. Acteur ou comédien ?
NICOLAS GAUTHIER : Très mauvais acteur. Ma femme prétend, non sans raison, que je ne sais pas mentir. Mais excellent comédien, toujours à l’en croire, quand je lui fais mes yeux de cocker dès lors que je quémande du rab de pommes de terre sautées.

ÉLÉMENTS. De souche ou article d’importation ?
NICOLAS GAUTHIER : Les deux mon général. Je viens du Poitou, là où mes lointains ancêtres sarrasins ont été stoppés par des chevaliers francs manifestement un peu rétifs au vivre-ensemble. Victimes de la peur de l’autre, et comme il n’y avait pas de charters à l’époque, on a fait souche ; ce qui faisait sens, tel que disent les cons aujourd’hui.

ÉLÉMENTS. Droite ou gauche ?
NICOLAS GAUTHIER : En tant que royaliste, je me sens aussi proche de la vieille gauche que de la nouvelle droite.

ÉLÉMENTS. Le guépard ou Un singe en hiver ?
NICOLAS GAUTHIER : Un Singe en hiver, bien sûr ! Quelle question saugrenue…

ÉLÉMENTS. Femmes ou copains d’abord ?
NICOLAS GAUTHIER : Ma femme ayant la faiblesse d’adorer mes copains, les deux, donc.

ÉLÉMENTS. Brigitte Bardot ou Claudia Cardinale ?
NICOLAS GAUTHIER : Claudia Cardinale, sans hésitation, tant l’intelligence demeure le plus puissant des aphrodisiaques.

ÉLÉMENTS. Jean-Pierre Melville ou Luchino Visconti ?
NICOLAS GAUTHIER : Ni l’un ni l’autre. En revanche Henri Verneuil et Georges Lautner, oui ! D’ailleurs, c’est avec eux que Jean-Paul Belmondo et Alain Delon ont fait leurs meilleurs films, Le corps de mon ennemi et Mort d’un pourri.

ÉLÉMENTS. Nouvelle Vague ou arrière-garde ?
NICOLAS GAUTHIER : La Nouvelle Vague, comme disait Michel Audiard, était plus « vague » que « nouvelle ». C’est peut-être pour ça qu’elle a si mal vieilli. D’ailleurs, sous ce vocable, on met à peu près tout et n’importe quoi, Rohmer et Truffaut, Rivette et Chabrol… J’ai été très lié avec Claude Autant-Lara, considéré comme étant d’arrière-garde, alors qu’il a fait de la Nouvelle Vague avant tout le monde : il n’a attendu personne et surtout pas Godard pour tourner en extérieur. Il me disait qu’il n’avait jamais rien eu contre ces trublions, mais qu’il ne comprenait pas la haine que sa génération avait pu leur inspirer, estimant qu’ils auraient très bien pu faire leur cinéma sans cracher sur celui de leurs aînés. Avec vos complices Eysseric et Lusinchi, vous dirigez désormais Éléments. J’ose imaginer que vous le faites dans un esprit de filiation et non point de rupture avec ceux qui vous ont précédés…

ÉLÉMENTS. Chérissez-vous les nanars ou, sans pitié, les rejetez-vous ?
NICOLAS GAUTHIER : Le nanar toujours tu chériras. Parce que la maigreur des moyens y est souvent compensée par un surcroît d’imagination, ce que ne peuvent se permettre des cinéastes dirigeant des films à gros budget et qui ne peuvent se rendre aux ouatères sans la permission des producteurs. Le vrai nanar, tourné avec des bouts de ficelle, est sans prétention, au contraire du nanar de luxe, type Gladiator ou Inglorious Basterds. Ainsi, serai-je toujours du côté de Jean Rollin et de Mario Bava contre celui de Ridley Scott et de Quentin Tarentino.

Propos recueillis par François Bousquet

Vendredi 26 juin à la nouvelle Librairie

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