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Dans la tête d’un Gilet jaune, Acte LXVII

Ce samedi, un Acte LXVII un peu curieux à Paris.

Tout d’abord, une manifestation dès potron-minet, prélude à rejoindre l’Acte national organisé à Lille :

Source Démosphère :
Trajet : Porte de Champerret > Porte de Saint-Ouen > Gare du Nord.
Départ en train aux frais de chacun (Gare du Nord, Roissy) ou en covoiturage à partir d’une des portes de Paris.  

Ils étaient donc quelques centaines de braves à parcourir ce trajet :

Par ailleurs, certains organisaient une « opération péage » à Saint-Arnoult, consistant à lever les barrières d’un des plus grands péages d’Europe pour laisser passer les automobilistes gratuitement :

Pour ceux qui ne partaient pas dans le Nord, un autre point de chute était prévu :

  Source Démosphère :

  • Porte de Versailles : Rendez-vous de 9 h à 18 h devant le Salon de l’Agriculture « Macron au Salon de l’Agriculture » Rassemblement déclaré, mais interdit par la préfecture. Opérations spéciales Gilets jaunes.

Entrée à 15 euros pour ceux qui le souhaitent.

Source RT :  

Emmanuel Macron a promis de rencontrer des Gilets jaunes, après un échange au Salon de l’agriculture avec une manifestante. Celle-ci l’a interpellé sur les violences policières. Le président lui a proposé « d’arrêter de sortir manifester comme ça ». Cet échange a été vif. Cette femme l’a notamment interpellé sur les retraites, le RIC et les violences policières durant les mobilisations : « Vous ne recevez pas les Gilets jaunes », lui a-t-elle ainsi lancé, en se présentant comme contrôleuse de gestion dans la finance, et affirmant avoir participé aux 67 samedis de mobilisation des Gilets jaunes depuis novembre 2018. « Vous me structurez un groupe et je vous reçois sans problème, moi je suis pour le dialogue. On se prend une heure et on discute », lui a répondu le président qui, tout au long de cette crise, n’a jamais reçu de groupe de Gilets jaunes à l’Elysée.

Par ailleurs, Éric Drouet est venu sur place. L’an dernier, il avait déjà vainement tenté d’approcher le président de la République lors de sa visite au Salon de l’agriculture :

En 2019

Cette fois, il s’est fait interpeller dans des conditions douteuses du point de vue de la légalité (est-il interdit de séjour au Salon de l’agriculture ?), puis placé en garde à vue pour rébellion :

(Constitue une rébellion le fait d’opposer une résistance violente à une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public agissant, dans l’exercice de ses fonctions, pour l’exécution des lois, des ordres de l’autorité publique, des décisions ou mandats de justice.)

2020
Ce samedi

À Lille, où le parcours déclaré avait été réduit de moitié par la préfecture, la situation a été tendue et émaillée de heurts violents, la police utilisant allègrement les grenades lacrymogènes et de désencerclement pour disperser les contestataires :

En marge de la manifestation, c’est cette fois Jérôme Rodrigues qui s’est fait interpeller, suite à un contrôle d’identité (il est pourtant connu ! Et en mangeant des frites !):

Source RT :    

L’intéressé a été interpellé à Lille lors de l’acte 67 du mouvement alors qu’il se trouvait à la terrasse d’un restaurant : « Je finis de manger, je ne donne pas ma carte d’identité à des gens qui éborgnent », a-t-il répondu aux agents de la police nationale venus l’interpeller. Dans un échange avec un autre policier, le Gilet jaune explique que les forces de l’ordre connaissent parfaitement son identité. Qu’ils reçoivent sur leur talkies la consigne claire de l’interpeller, et que demander son identité est en conséquence une plaisanterie de son point de vue. Le policier le prévient à nouveau qu’il risque d’être emmené au poste s’il n’obtempère pas. Et Jérôme Rodrigues de répondre : « Vous m’avez crevé un œil, c’est quoi aller au poste ? » Les policiers le prennent ensuite par les jambes et les bras.

Il a été remis en liberté dans l’après-midi. « J’étais en délit de restauration de frites ! », a-t-il expliqué avec ironie par la suite.

Il y a eu également d’autres mobilisations à Toulouse, Marseille, Grenoble, etc.

De façon générale, le mouvement des GJ s’essouffle, mais un noyau dur de radicaux demeure, dans un contexte de grèves sporadiques persistantes.

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