Après la manifestation syndicale de vendredi entre les places de la République et de la Concorde, qui a réuni dans le calme une foule immense (300 000 personnes ?), avec la participation de nombreux GJ, l’Acte LXIII se déroule aujourd’hui entre les places Mireille-Havet (métro Faidherbe-Chaligny) et Prosper-Goubaux (métro Villiers).
Au fait, qui était Mireille Havet ? Enfant prodige puis poétesse maudite de l’entre-deux-guerres, Apollinaire la fait publier dans les Soirées de Paris, Jean Cocteau lui témoigne son admiration, et Colette préface son premier recueil de poèmes. Par la suite, elle s’enlise dans la toxicomanie et la dépression. Elle mourra à 33 ans, abandonnée de tous, ayant contracté une tuberculose et abîmée par les drogues.
Et Prosper Goubaux ? Traducteur dramaturge et pédagogue français, il a créé l’enseignement moderne en France.
Voilà, histoire de savoir où l’on met les pieds pour l’Acte LXIII !
Environ 2 000 manifestants sur le parcours, mais les syndiqués, les enseignants, les étudiants qui étaient présents samedi dernier avec les GJ ne sont pas venus, ou très peu, peut-être échaudés par les violences et les nombreux heurts survenus à l’arrivée.
Pourtant, l’ambiance est paisible ce matin. Le climat est doux pour la saison. À ce propos, les GJ ont souvent de la chance et le temps est généralement clément lors des manifestations (sauf deux fois, en mai et en août 2019, où il a beaucoup plu une partie de la journée).
Aujourd’hui, donc, les forces de l’ordre paraissent tranquilles. Les baqueux et les motards, qui aiment la bagarre, ne sont pas là (On ne les verra pas de la journée, tant mieux !). Quand le défilé part, encadré par les policiers et les gendarmes en calot, certains d’entre eux ironisent en voyant leurs collègues qui suivent le cortège en rangs : « Tiens, un défilé de CRS ! » En hommes d’expérience, ils sentent que le climat n’est pas tendu. Rien à voir avec les semaines précédentes !
De leur côté, les manifestants sont déterminés, mais également apaisés. Sur le trajet, les slogans hostiles à la police scandés par les antifas ne durent pas longtemps.
Les CRS encadrent les participants en marchant sur la chaussée. Malgré la proximité, il n’y a pas de heurts. Parfois, les uns et les autres se font des politesses pour ne pas se heurter : « Après vous ! Merci ! »
Incroyable, si on se souvient des actes précédents ! Aujourd’hui, nous sommes dans la douce France !
De leurs fenêtres, des Parisiens (jeunes et vielles femmes, quelques familles africaines, etc.) encouragent la foule en agitant des gilets ou des vêtements jaunes, ce qui déclenche des cris de joie.
Dans l’avenue Claude Vellefaux, tout est calme quand une famille de Juifs, reconnaissable à la kippa portée par des hommes, invectivent la foule de leur balcon du deuxième étage. Ils ont aperçu un drapeau palestinien ! L’un d’eux jette une orange, puis une bouteille d’eau en plastique. Les manifestants s’arrêtent devant leur immeuble durant plusieurs minutes pour les huer, tout en leur renvoyant les objets. Les CRS enfilent leurs casques mais ne bougent pas. Il semble qu’un policier soit monté à l’étage pour demander à la famille sioniste de se calmer et de se faire plus discrète, car celle-ci insiste en faisant de grands gestes ! C’est vraiment une journée pacifique, car aucune pierre ni aucun pétard ne vole dans l’appartement des perturbateurs. Certains pro-palestiniens crient cependant : « On a l’adresse, on reviendra ! »
Le cortège poursuit finalement sa route et arrive devant la Gare du Nord. Les CRS se sont positionnés de façon à éviter toute « manif sauvage » et, de fait, celle-ci n’a pas lieu.
Devant la gare, l’écrivain-traducteur Thierry Marignac rejoint quelques instants le cortège.
Cela n’a rien à voir avec les GJ, ou en fait si, on est bien dans le sujet : son blog Antifixion reprend dernièrement un excellent texte de Yasha Levine, un émigré d’ex-URSS vivant aux USA, qui évoque le nombre croissant des SDF à Los Angeles. À lire !
Parti à 13 heures, le cortège parvient finalement au terme de la manifestation à 17 heures. Il reste encore une heure aux uns et aux autres pour discuter tranquillement sur place, et les rangs se clairsèment peu à peu. La station de métro est fermée pour éviter que les contestataires ne partent en « manif sauvage » vers les Champs-Élysées, d’un côté, ou vers les gares du Nord et de l’Est, de l’autre.
Un Acte très tranquille, donc !
Sinon, vue aujourd’hui la photo, datant de février 2019, d’Emmanuel Macron déboulonné par des GJ au carnaval de Cologne. Sur un des chars géants, une statue de plusieurs mètres de haut à l’effigie du président français bascule en arrière sous l’action de personnages portant des gilets jaunes.
Pourtant, malgré la mobilisation, pas plus que la manifestation syndicale d’hier, un défilé comme celui d’aujourd’hui n’amènera la destitution de Macron. Il est encore solide, le bougre !
À moins qu’un jour, tout son système hyper centralisé ne s’écroule comme un château de cartes… Wait and see…
Par ailleurs, à Toulouse, plusieurs milliers de manifestants ont été comptés. Il y a eu des heurts et des gaz lacrymogènes dans le centre-ville.