ÉLÉMENTS. Vous ouvrez le prochain colloque de l’Institut Iliade, qui portera cette année sur le thème de l’anthropologie. Pourquoi aborder ce thème ? Quels sont les symptômes manifestes du déclin anthropologique que vous condamnez ?
JEAN-YVES LE GALLOU. Ce qui est le plus manifeste de ce déclin anthropologique, c’est la perte d’énergie : sédentarité, obésité, baisse de la fertilité, sans oublier la chute du niveau des connaissances.
ÉLÉMENTS. L’anthropologie pose un discours sur l’homme… Quel est celui de l’Institut Iliade ?
JEAN-YVES LE GALLOU. C’est l’homme debout et combatif plutôt que le « dernier homme » avachi. C’est l’Européen qui inscrit son devenir dans l’héritage de ses ancêtres et non l’Occidental déconstruit.
ÉLÉMENTS. Vous parlerez le 15 avril du déclin anthropologique de la civilisation occidentale. Est-ce à dire que c’était mieux avant ? Quid du présent ?
JEAN-YVES LE GALLOU. C’était mieux avant ? C’est aussi affaire de jugement subjectif. Tout n’est pas négatif de nos jours : l’espérance de vie en bonne santé a beaucoup augmenté. À 60 ans, mon arrière-grand-mère, paysanne bretonne, était, selon les photos, une vieille femme usée et édentée. Aujourd’hui on peut dépasser 75 ans avec toutes ses dents… dans tous les sens du terme. A contrario, comment nier l’épidémie d’obésité, les addictions aux drogues et aux psychotropes, y compris chez les enfants, la baisse du QI et l’effondrement des connaissances scolaires ? Tout cela est solidement documenté dans un cahier scientifique réalisé par une équipe d’auditeurs de l’Institut Iliade, ingénieurs et chercheurs de profession. Ce cahier sera présenté et distribué lors du colloque.
ÉLÉMENTS. L’Institut Iliade se décrit comme un institut à vocation métapolitique. En quoi le thème de cette année répond-il à l’objectif de l’Iliade ?
JEAN-YVES LE GALLOU. L’Iliade ne livre pas le combat électoral, mais le combat des idées. Soyons clairs sur ce point : entre les déconstructeurs progressistes ou wokistes et nous, il n’y a rien, sinon un ventre mou sans convictions ni boussole. Le déclin anthropologique est la résultante de la déconstruction progressiste portée par l’extrême gauche et de la société tiède dont le grand éthologue Konrad Lorenz déplorait l’avènement dans Les huit péchés de la civilisation. Nous ne voulons ni du dernier homme prophétisé par Nietzsche, ni de l’homme (auto)domestiqué dont Lorenz annonçait l’arrivée.
ÉLÉMENTS. S’il n’y avait qu’une raison de venir à la Maison de la Chimie le 15 avril, laquelle serait-ce ?
JEAN-YVES LE GALLOU. Se retrouver entre Européens de sang et d’esprit ! Participer à une « réunion mammifère ». Se rencontrer, se voir, se toucher, s’écouter, échanger. Participer au rassemblement de la communauté Iliade : les auditeurs, les stagiaires, les cadres, les formateurs, le Club des Cent, le public des colloques, la grande famille identitaire. Adhérer aussi à une forme de résistance sociale à la tyrannie des écrans et au monde décongelé de la visioconférence.
Dit autrement, un colloque de l’Iliade, c’est un grand opéra européen. De grandes interventions ponctuées de respirations visuelles ou sonores. Des débats intellectuels mais aussi une esthétique. Des livres, encore des livres, toujours des livres. Des comptoirs de présentation de leurs œuvres et de leurs travaux offerts à des artistes et à des artisans d’art. Mais encore des « cartes blanches » artistiques, sorte de révolte contre la tyrannie du laid. Et ce dans ce très beau lieu Art déco qu’est la Maison de la chimie.
ÉLÉMENTS. Le colloque de cette année est à marquer d’une pierre blanche… 2023, ce sont les dix ans de la mort de Dominique Venner, le 10e colloque de l’Institut Iliade ! Quel bilan tirez-vous de cette première décennie ?
JEAN-YVES LE GALLOU. L’Iliade s’est inscrit dans la durée. Et a rencontré de vrais succès : ses vidéos (6 millions de vues – avant la censure – pour « Être Européen »), ses colloques, ses activités éditoriales (près des 30 livres), son rayonnement international : le livre de la collection « Longue mémoire » sur Tolkien, l’Europe et la tradition d’Armand Berger a été traduit en italien, en espagnol, en anglais, en grec. Et bien sûr, ses sessions de formation : pour les 18/23 ans, sur un week-end, pour s’armer intellectuellement, et sa formation fondamentale (histoire, philosophie, géopolitique, critique des idées contemporaines, retour au socle de la nature) sur cinq week-ends pour les 20/35 ans.
Mais cela ne nous empêche pas d’être inquiets : notre action est-elle à l’échelle du Grand Remplacement qui s’annonce ? Formons-nous assez de monde pour assurer la transmission de notre culture et de notre civilisation dans les âges sombres qui se profilent ? Pas sûr hélas ! Et surtout, y aura-t-il parmi les jeunes hommes et les jeunes femmes que nous formons des personnalités suffisamment fortes pour être à la hauteur des événements historiques qui ne manqueront pas de survenir ? Nous le croyons ; nous l’espérons. Alors semons, sarclons, plantons, arrosons, nourrissons, taillons, la récolte viendra plus tard !
Propos recueillis par Solenn Marty