Russie-Ukraine : splendeur et misère du Grand Jeu (2/2)
La Sainte Russie contre l’Occident décadent, l’Occident libre contre la Russie autoritaire, les héros résistants contre les salauds envahisseurs, les libérateurs russes contre les nazis ukrainiens… La guerre en Ukraine est saturée, de part et d’autre, par les discours visant à donner un sens idéologique et symbolique à ce conflit, au risque d’imposer une lecture binaire simpliste. Or, le conflit ukrainien, il ne faut pas l’oublier, revêt avant tout une dimension géopolitique, au sens fort du terme, c’est-à-dire géographique. Si chacune des deux parties tend en effet à présenter ce conflit comme une supposée croisade contre un ennemi forcément mauvais, une lecture résolument géostratégique s’impose, car, après tout, si la géographie ne sert pas qu’à faire la guerre, elle aide sans doute à la gagner ou du moins à la comprendre. De fait, l’enjeu de la guerre en Ukraine est moins l’affaire de quelques nazis, que l’on chercherait tantôt chez Azov tantôt chez Wagner, qu’un affrontement entre deux blocs géopolitiques. Cette guerre est la traduction opérationnelle du Grand Jeu. Voici revenu en effet le temps des empires. Une analyse exhaustive d’Oswald Turner, nouveau venu dans la rédaction d’Éléments. Qui a dit que notre magazine était exclusivement porté à défendre la Russie ? Seconde partie.