Trente ans après Srebrenica, la Bosnie vit toujours dans l’ombre du 11 juillet 1995. Consacré « génocide » par les Nations unies, l’événement a figé la mémoire du conflit dans une lecture univoque : des bourreaux serbes, des victimes musulmanes. Or, une part entière de la guerre reste refoulée — celle des villages serbes rayés de la carte, des civils assassinés, des églises rasées. Pour les Serbes, la justice internationale a tranché avant d’instruire. À La Haye, l’histoire a été écrite à coups d’acquittements sélectifs et de qualifications discutables, au prix d’une humiliation mémorielle qui alimente la défiance. À mesure que le « génocide de Srebrenica » devient dogme politique, toute relecture factuelle est frappée d’anathème. Dušan Pavlović, ancien expert au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, refuse cette amnésie organisée. Explication.