Christopher Gérard ne se contente pas de maintenir les armes de Bruxelles dans une ville-monde de plus en plus exotique, il « maintient », ni plus ni moins que Guillaume d’Orange en sa devise, qui n’est guère plus à l’ordre du jour. À l’instar de François Villon, il pourrait dire : « En mon pays suis en terre lointaine. » En mon pays, en mon époque, parmi mes si peu contemporains… Administrativement belge, mais culturellement thiois, il est habité par une nostalgie lotharingienne, inscrite dans le droit fil de la riche histoire des ducs de Bourgogne et du Saint-Empire, à la croisée des mondes latin et germain. Écrivain, témoin des anciens cultes, critique altier, il publie à la Nouvelle Librairie « Les Nobles Voyageurs », qui fait suite et complète ses « Quolibets » : 122 portraits, croquis, médaillons, actuels et inactuels, qui dessinent le visage de son Europe et de sa géographie secrète. On les lit dans le désordre, tour à tour ému et enchanté, comme un album de famille, la nôtre. Celle de la littérature européenne d’hier et d’aujourd’hui.