Le magazine des idées

Pierre Le Vigan

Articles

Nietzsche et la souffrance : au-delà du dolorisme et de l’hédonisme

Nietzsche et la souffrance : au-delà du dolorisme et de l’hédonisme

Nous vivons une époque où se mêlent la rengaine de la compassion, avec ses cellules de soutien psychologique, et la rengaine du « développement personnel », proposant la sérénité pour tous à petit prix. Autrement dit, souffrir est à la mode ; ne pas souffrir aussi (moyennant un travail de réflexion du soi). Nous voilà donc au cœur des problématiques de la souffrance. Comme souvent, le fils d’un pasteur allemand a exploré avant nous ces questions. Et pas en intellectuel, mais en homme pour qui ne font qu’un ce que l’on vit et ce que l’on pense. Un nouveau rendez-vous de Pierre Le Vigan avec Friedrich Nietzsche. Au menu cette fois-ci : la souffrance.

Friedrich Wilhelm Nietzsche

Les émeutes à la lumière de Nietzsche : le nihilisme des « hors-sol »

Dans la Généalogie de la morale (1887), Nietzsche évoque une forme de nihilisme caractérisé par « une aversion de la vie, une révolte contre les conditions fondamentales de la vie ». C’est une volonté de néant. « Mais cela est et demeure une volonté ! » indique-t-il. « L’homme aime mieux vouloir le néant que ne pas vouloir… » (Généalogie…, III, 28). Voilà qui éclaire les émeutes nihilistes que nous avons connues en France (juin 2023). Nous le savons : le phénomène n’a cessé de s’amplifier depuis son apparition, vers la fin des années 1970. Moment d’accélération de l’immigration, en parallèle à notre désindustrialisation. C’est tout sauf un hasard. Immigration devenue familiale et chômage de masse produisent des vies que déserte le sens.

Friedrich Nietzsche, l'avenir des Européens

Nietzsche : faire face à la destruction du sens

Ce qui menace l’homme, c’est l’idée qu’il pourrait vivre sans donner un sens à sa vie. Nietzsche nous explique comment différentes voies aboutissent à la destruction du sens. Mais d’autres voies existent. Nietzsche nous fait signe vers elles et nous invite à les emprunter. Il faut pour cela se mettre en chemin et éclaircir les notions de valeur et de vérité.

Nietzsche affirme la vie

Nietzsche affirme la vie

Nietzsche, c’est un perspectivisme, c’est-à-dire une pensée qui nous dit que tout est question de point de vue. Mais c’est aussi un vitalisme, c’est-à-dire une pensée qui nous dit que la vie, autrement dit le mouvement, la métamorphose, la mort et la renaissance, c’est la plus haute valeur, c’est ce qui doit guider notre façon de voir le monde. Qu’est-ce qui entrave la vie ? Voilà la question que se pose Nietzsche. Et comme tout médecin, il essaie d’abord de comprendre, il commence par observer, et non par relire son guide pratique ou ses écritures saintes.

Nietzsche débusque les nihilismes, même chez les écologistes

Nietzsche débusque les nihilismes, même chez les écologistes

Si le nihilisme selon Nietzsche, c’est nier l’importance des valeurs les plus hautes – les valeurs aristocratiques –, c’est aussi nier la valeur de « ce qui est ». Or, ce qui est, c’est la terre, c’est la nature. De là une présentation par certains d’un Nietzsche penseur de l’écologie, voire pionnier de l’écologie. C’est en fait, comme toujours, plus complexe que cela. C’est en même temps infiniment plus clair que toute réduction de Nietzsche à des mots d’ordre simplistes.

Penser le symbolique avec Pierre Legendre

Penser le symbolique avec Pierre Legendre

Pierre Legendre, disparu le 3 mars 2023, avait 92 ans. Il était peu connu en dehors des milieux universitaires. Son utilisation fréquente de références psychanalytiques y était pour beaucoup. Non que la psychanalyse ne dise que des bêtises, mais l’emploi de termes qui n’ont de sens que pour des initiés (l’Absolu, le Pulsionnel, le Grand Autre…) peut décourager à juste titre. Il y a parfois là un détour inutile de la pensée, voire un élitisme superflu, un signe de distinction sociale, comme dirait Bourdieu. Mais Pierre Legendre donnait à cet héritage freudien et lacanien de nouvelles perspectives. Méconnu de son vivant, sera-t-il bientôt oublié ? Il ne faut pas le souhaiter, tant nombre de ses enseignements rejoignent les pensées de Jean Baudrillard, Dany-Robert Dufour, Baptiste Rappin, Philippe Muray, Pierre Musso et quelques autres. Retour sur les leçons d’une pensée transversale.

La querelle de la sécularisation

La querelle de la sécularisation

Sous-titré « Essais de théologie politique », au pluriel, La puissance et la foi (La Nouvelle Librairie) d’Alain de Benoist éclaire des questions essentielles, en particulier la querelle autour de la sécularisation. Pierre Le Vigan en présente les tenants et les aboutissants.

Polyphonie de Jean-françois Gautier

Écouter le monde avec Jean-François Gautier

Jean-François Gautier, décédé en 2020, a la réputation d’un penseur du polythéisme. Ce n’est certes pas faux. Un penseur et plus encore un passeur du polythéisme. Mais la formule est réductrice. Jean-François Gautier est plus largement, et de manière résolument contemporaine, un penseur de la pluralité du monde. Giambattista Vico, Giordano Bruno, Fontenelle, Auguste Blanqui diraient : de la pluralité des mondes. Lui pense la pluralité des esthétiques, la pluralité des morales, en fonction des peuples et des époques. Les conversations qu’il a menées avec Maxime Reynel, recueillies dans La polyphonie du monde (éditions Krisis/La Nouvelle Librairie), sont comme son testament spirituel.

Martin Heidegger

Sortir du nihilisme avec Heidegger

Pour se garder du nihilisme, il faut le débusquer. Et il n’est pas toujours là où on croit le trouver au premier regard. Il est des cas de figure où Dieu peut détourner de l’être. Pour surmonter le nihilisme, il faut d’abord savoir où il est. De quoi le nihilisme est-il l’oubli ? C’est ensuite à la recherche d’une voie de sortie par le haut du nihilisme que nous convie Martin Heidegger (1889-1976). Sans brûler les étapes ni prendre la mauvaise sortie.

Nikolai Endegor

« Sagesses païennes »: une histoire au présent

Le paganisme est-il une vieillerie ? Est-il ce qui est venu avant les vraies religions ? Celles qui excitent les hommes les unes contre les autres. Ou le paganisme est-il de tous les temps, une façon de voir le monde et une façon de faire, loin des exclusives, loin des intolérances ? Une vision des choses qui a pris un visage particulier en Europe. Une vision de la vie et du monde qui a encore des choses à nous apprendre. Retour sur le premier hors-série de la rédaction d’« Éléments » : « Sagesses païennes ».

iran-antique

Au contact de l’Orient, la philosophie grecque

Singulière mais aucunement renfermée sur elle-même, la philosophie des Grecs, un peuple de guerriers et de marchands, s’est nourrie d’influences orientales, tout comme elle a façonné l’Orient en retour, notamment avec les conquêtes d’Alexandre. Se battre contre les Perses n’empêchait pas d’écouter leurs chants sacrés. Des apparentements existaient entre vues du monde. Et si les Indo-européens avaient inventé, il y a trois millénaires, une philosophie de l’Eurasie ?

Moyen age

L’idée de la « personne » au Moyen Âge selon Jérôme Baschet

Le Moyen Âge a encore beaucoup de choses à nous apprendre. C’est la leçon que nous délivre l’historien Jérôme Baschet dans Corps et âmes. Une histoire de la personne au Moyen Âge (Champs Flammarion). Contrairement aux apparences, le christianisme médiéval n’était pas dualiste. Le corps et l’âme dessinaient les contours de la personne humaine – un « Je » sur fond de relations interpersonnelles, loin, très loin du dualisme cartésien. Une leçon pour notre temps !

Biographie : Né en 1956, Pierre Le Vigan est urbaniste. DEA de l’EHESS, DESS d’économie urbaine, CEA école d’architecture, DESU de psychopathologie, maitrise d’AES et licence d’histoire. Collaborateur de nombreuses revues (dont Éléments, le Spectacle du monde). Il a donné des cours aux universités Paris XI-Orsay, Paris XII-Créteil, à l’IUP Ville et Santé de Bobigny. Il a aussi travaillé dans la formation d’adultes.
Livres : Soudain la postmodernité (La barque d’or, 2015) – L’effacement du politique (La barque d’or, 2014).