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Griveaux

«Affaire Griveaux» : l’abus des élites. Quand un coup de poignet se transforme en coup de vis

Le plus important, dans « l'affaire Griveaux », au-delà des faits un peu sordides mais finalement assez insignifiants (à part pour sa famille, ses proches et ceux qui croyaient encore à la sincérité de ses discours, c'est à dire presque personne...), c'est bien entendu l'extraordinaire campagne de « solidarité » dont a bénéficié l'ex-porte-parole du gouvernement, campagne qui s'est rapidement transformée en véritable croisade contre les derniers vestiges de liberté d'expression et les ultimes espaces de libre parole.

Évidemment, la vie privée doit être protégée, et une société de la « transparence » absolue est un véritable cauchemar orwellien. Bien sûr, nous l’avons déjà dit, les « réseaux sociaux » sont trop souvent le lieu de l’hystérisation du débat, des attaques ad hominem et du déversement compulsif de fiel. Ceci étant dit, on voit bien que le soudain discours éthique et moral tenu par nos pseudo-élites et leurs domestiques médiatiques n’a pour but qu’un énième renforcement et une nouvelle accélération de la censure. La « défense du droit à la vie privée » ne vise au final qu’à planter les derniers clous sur le cercueil des médias et médiums non totalement contrôlés par la bien-pensance. Pour se faire, on feint de confondre un outil – les réseaux sociaux, Internet…- et l’usage qui en est fait, et on ne prétend pas sanctionner et punir ceux qui font une utilisation abusive ou délictueuse de cet outil, mais priver l’ensemble de la population de son accès libre et autonome. Comme si on avait attendu l’ère numérique pour piéger ses adversaires politiques dans des scandales sexuels ! Sans doute, les nouveaux moyens technologiques facilitent-ils ce genre de manipulations, mais ils ne les « créent » nullement, ne les ont pas inventées et n’en sont aucunement l’origine. Est-ce par qu’il existe des « paparazzis » qu’il faut interdire la vente et l’usage des appareils photos ou brider ceux-ci afin qu’ils ne produisent que des clichés conformes aux règles de bienséance et de conformité idéologique imposées par l’air du temps ? Est-ce parce que les braqueurs mettent des bas sur leur visage qu’il faut interdire aux femmes d’en porter ?

Le juge dispose aujourd’hui d’un arsenal législatif largement suffisant pour défendre la « vie privée », cette cause devenue primordiale et impérieuse depuis qu’un membre de la caste dominante a été « attaqué ». Sont déjà en vigueur – fort heureusement – des lois contre la diffamation, l’injure publique, l’appel à la haine ou la divulgation d’informations privées, etc. Elle doivent bien entendu s’appliquer au monde « virtuel » comme à tous les autres domaines d’expression, mais elles n’ont en aucun cas besoin d’être « renforcées ». Tous ceux qui prétendent le contraire et appellent à de nouvelles mesures spécifiques ne cherchent en réalité qu’à finir d’étrangler les voix dissidentes et la possibilité même d’une diffusion d’idées et d’informations échappant aux canaux officiels. La récente loi liberticide « Avia » ne lui suffisant pas, le pouvoir a donc saisi l’occasion de ce malheureux fait divers pour ouvrir la voie à sa radicalisation et à son extension. Ainsi, il est déjà impossible aujourd’hui, sur Facebook, d’évoquer – en bien ou en mal d’ailleurs – le pamphlétaire Alain Soral. La simple citation de son nom – quel que soit le contexte – entraîne la suppression immédiate de la publication et la mise sous surveillance du compte fautif. Qu’est ce que la « vie privée » et la « démocratie » ont à gagner à ce que d’autres noms, d’autres termes, soient ajoutés à celui-ci ? Qui les choisira, et selon quels critères ? Au nom de la lutte contre « l’incitation à la haine », on a déjà suspendu les comptes du journal Présent, ceux du mouvement italien Casapound et bien d’autres… Que fera-t-on demain au nom du combat pour le « respect de la vie privée » ?

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