C’est sans tralalas qu’Henri Thyssens nous a quittés le 28 octobre 2023, à 75 ans. Reconnu par ses pairs céliniens comme le spécialiste incontesté de l’éditeur belge Robert Denoël, pillé à droite comme à gauche par les célinistes autorisés qui, bien souvent, taisaient son nom, Henri est parti en toute discrétion, en catimini pour ainsi dire. Son héritage ? Un site internet d’une érudition hors du commun : « Robert Denoël, éditeur », incontournable pour qui s’intéresse à celui qui, en 1932, publia « Voyage au bout de la nuit » premier roman d’un médecin de dispensaire passé à la postérité sous le nom de Céline. Émeric Cian-Grangé témoigne.
Voici un livre important, pour nous, Européens : Réenchanter le monde. L’Europe et la beauté, publié par les Presses universitaires de France. Une méditation sur la singularité européenne, singularité tant esthétique que philosophique, qui, depuis Platon, innerve notre continent. Étienne Barilier, son auteur, y montre comment l’Europe a inventé l’idée du Beau, en l’articulant à l’idée du Bien et du Vrai, une triade au cœur même de notre identité. Un livre roboratif, nonobstant quelques naïvetés politiques. Théo Delestrade (promotion Jean Raspail de l’Institut Iliade) nous le présente.
Dans un texte court, vif et polémique, à mi-chemin entre l’essai et le pamphlet, Rodolphe Cart dénonce l’absence de préoccupations économiques et sociales chez les « identitaires » et présente sa vision d’un souverainisme populiste n’excluant pas la question de l’homogénéité ethnoculturelle mais sans l’essentialiser. Si l’on peut regretter que l’auteur semble confondre l’intégralité des « identitaires » avec la frange « racialiste » de cette mouvance, on n’en lira pas moins avec le plus grand intérêt cet opus vivifiant qui dépoussière incontestablement le concept de « souverainisme » souvent caricaturé, y compris par certains de ses porte-paroles auto-proclamés.
Il faut lire le dernier livre de Mathieu Bock-Côté, « Le Totalitarisme sans le Goulag » (Presses de la Cité), pour comprendre comment le nouveau régime répressif s’est déployé. Globalitaire, diversitaire, totalitaire, il ne peut fonctionner sans désigner l’Ennemi : l’extrême droite, catégorie aussi indéfinissable qu’universalisable. C’est son arme de dissuasion massive. Au nom de ce péril imaginaire, il suspend les libertés. Nul besoin de Goulag pour cela. Il suffit d’anesthésier et d’intimider les populations.
1923-2023 : Henry Kissinger fut un homme-siècle. Il restera comme celui qui dirigea la diplomatie américaine sous Richard Nixon – avec qui il forma un duo aussi paradoxal qu’indissociable : « Nixinger » – et Gerald Ford. Au pays du messianisme puritain, il fait figure de corps étranger. Sa finesse, son brio intellectuel, son cynisme juraient sur le tableau d’une Amérique tragiquement impériale, évoquant bien plutôt le conservatisme des chancelleries de l’Ancien Régime. À l’heure de la montée aux extrêmes au Proche-Orient, Israéliens et Palestiniens seraient bien inspirés de se souvenir de ses leçons de diplomatie « réaliste ».
Le niveau éducatif baisse et la culture générale s’en ressent, surtout dans les nouvelles générations qui cartonnent à Super Mario, mais sous-performent en orthographe et en chronologie. « Éducation minimum » (Magnus) a été écrit pour elles. Textes mordants d’Arnaud Florac et dessins ciselés de Romée de Saint Céran. C’est une session de rattrapage pour parfaire sa connaissance de l’histoire de France, ses mœurs, son caractère, ses icônes. Un manuel de tenue et de savoir-vivre qui surclasse les leçons de Nadine de Rothschild et de Stéphane Bern.
Quand tout a commencé à se dégrader, philosophiquement et spirituellement parlant ? Le débat est ouvert depuis si longtemps qu’on en viendrait presque à penser que les choses se sont toujours mal passées. Jean Montalte, auditeur de l’Institut Iliade (promotion Léonidas), n’est pas de cet avis. Il se livre à une relecture cyclique de l’histoire européenne, à la lumière de la philosophie de Vico. Où en sommes-nous, aujourd’hui, de l’âge des dieux, des héros et de l’homme – sinon du dernier homme ? Une analyse ambitieuse et stimulante, à rebours des interprétations historiques communément admises de la Renaissance, analyse qui s’appuie sur de nombreux textes, dont celui de Nicolas Berdiaev, « Le nouveau Moyen Âge », lui-même précédé de « La fin de la renaissance ». Voilà une réflexion qui fera débat.
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